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From Bunia
ANB-BIA - Bruxelles, Belgique
Bruxelles, 11 janvier 2001 - 18:00
Nous venons de recevoir quelque détail des événements sanglants de ces
derniers jours à Nyankunde (Bunia - Ituri - Congo RDC), envoyé par un
témoin oculaire.
Le fax est daté du 10 janvierv 2001
Paolo
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Depuis quinze jours environ, il règne une inquiétide grandissante dans la
population des environs de Nyankunde et dans l'ethnie des Wahema, sans
distinction de leur origine. Ils sont convaincus que les Walendu et/ou
Wangiti vont les attaquer. Et non seulement les Wahema de Nyankunde, mais
aussi de Badiya et de Sota (chefferie des Wahema/Irumu).
A quinze km de Nyankunde, il y a un endroit qu'on appelle CODECO, où
habitent depuis très longtemps des Walendu de Djugu. Après la guerre de
Djugu, beaucoup de déplacés Lendu se sont réfugiés auprès de leurs frères
de race, loin de Djugu (150 km), parmi eux certainement beaucoup
(d'anciens) guerriers Lendu. On soupçonne depuis un certain temps que ces
gens continuent à préparer des armes blanches, à être initiés et entraînés
contre les Wahema et même de partir quelques fois pour faire des attaques
ici ou là. Un fait qui avait donné lieu à des interrogations: quand, il y a
un an, on avait voulu faire un recensement en vue d'une aide comme pour les
autres déplacés, on n'a pas pu les contacter; le responsable de Codeco
allait mener lui-même les recensements, sans résultats.
Depuis plus d'une semaine, il a eu des cas d'assassinats isolés d'un Mbire
ou Hema, la mort d'un juge (Hema) de la chefferie du lieu, et la
séquestration du chef de groupement Bira de Musezo. Un groupe de soldats
(poussé et conduit par le chef de collectivité de Nyankunde) a attaqué le
lieu et aurait tué une femme qui prépare la "potion magique" (la drogue qui
rend invincible) et une vingtaine de combattants. Le 5 janvier, un
chauffeur qui circulait dans la région pour charger du sable, tomba sur un
groupe d'une vingtaine de ces "guerriers" dans leur accoutrement et reçut
des menaces. Parmi eux il y avait cinq fusils, et les autres étaient armés
de flèches et machettes spécialement aiguisées. Selon leurs paroles, ils
partaient pour venger leurs frères tués par les militaires.
Ce déplacement de guerriers a fait fuir déjà beacoup de Wahema des
environs, et une grande partie de la population a passé la nuit en brousse,
en dehors de leurs maisons. Samedi 6, à Nyankunde, il y a eu une réunion de
tous les chefs de collectivités des environs avec les autorités de Bunia
pour trouver une solution à la crainte des gens et pour remédier aux menaces.
Dans la nuit du dimanche 7 janvier, à 23h., les guerriers Lendu (avec peut-
être quelques Ngiti) sont arrivés et ont immédiatement attaqué le camp
militaire et se sont mis à la recherche des Hema pour les exécuter. Il y a
eu de durs affrontements. Toute la nuit, on pouvait entendre des tirs
répétés mais sporadiques. Le matin du lundi 8, des militaires ougandais,
qui avaient fui l'affrontement, ont pris contact avec leur commandant à
Bunia par phonie. Trois heures plus tard, sont arrivées à Nyankunde quatre
camionnettes avec des soldats.
Le mardi, npus avons vu dans les rues huit corps de victimes éventrées,
trouées de flèches et avec les membres coupés par des machettes, ainsi que
la tête presque coupée. Il y avait parmi eux une jeune femme Bira (selon
les gens tuée par une balle perdue) et deux guerriers, reconnaissables à
l'herbe autour de la tête et les reins et une petite bouteille de drogue.
Les autres étaient des Wahema, dont un tué dans son lit.
On a appris qu'à 6 h. le lundi matin, après plusieurs heures d'accalmie,
ils ont attaqué l'hôpital et ont vérifié lit par lit pour faire sortir les
Wahema. Ils y auraient tué 3 hommes et une femme qui venait d'accoucher.
Ces personnes ont été tuées par balle. En tout, on a compté 14 corps. Mais
selon un témoignage, les attaquants ont réquisitionné un véhicule et
auraient transporté au moins dix morts et de nombreux blessés de leurs
hommes. Aujourd'hui, on a encore trouvé le corps d'une femme avec à ses
côtés son bébé encore vivant.
Tout le monde est convaincu qu'ils reviendront pour continuer ou reprendre
leur sale besoigne, malgré la présence de plus de 150 militaires très bien
équipés. Mais on ne voit plus âme qui vive dans le centre et cité de
Nyankunde, à part à la sortie du centre des centaines de fuyards. Les gens
continuent toujours à fuire vers Bunia et ailleurs. Nyankunde est désormais
vide, à part quelques malades et soignants à l'hôpital.
Hier soir, 9 janvier, on apprenait des attaques à plusieurs autres
endroits: Bogoro, Nyakeru (20 km de Bunia), etc... (jusqu'a plus de 50
voire 100 km), avec morts et blessés, désormais également par des Ngiti.
10 janvier 2001
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(Wole Soyinka, Prix Nobel litterature) *
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