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DEUIL A KISANGANI: message de la societe' civile





Deuil a' Kisangani

MESSAGE DES ASSOCIATIONS DE LA SOCIETE CIVILE DE KISANGANI A L'OCCASION DES
JOURNEES DE DEUIL ET DE RECUEILLEMENT EN MEMOIRE DES VICTIMES DES
AFFRONTEMENTS DU 05 au 10 juin 200



Rappelle-toi, Boyoma
N'oublie pas "cette pluie de fer, de feu, d'acier, de sang"



Lundi 05 juin 2000:
les enfants etaient partis a' l'ecole, les papas au bureau, les mamans au
marche'.
La ville grouillait de monde et d'activites en ce premier jour de la semaine.

C'est alors a' 9 H 45', que les deux premiers coups de canon ont retenti,
immediatement suivis de deux autres et du crepitement des armes
automatiques.
Aussitot ce fut la panique: les uns restant la' ou' ils etaient, les autres
se refugiant ou' ils pouvaient, d'autres enfin fuyant sous les balles.

C'etait le commencement du nouveau combat entre Ougandais d'une part et
Rwandais, Burundais d'autre part appuyes par leurs allies congolais
respectifs.
Pendant six jours entiers, ils se sont affrontes en pleine ville a' l'arme
lourde, au mepris de toutes les regles de la strategie et de tous les
principes du Droit International Humanitaire.

Pour ajouter a' la souffrance de la malheureuse population prise en otage,
l'eau et l'electricite' ont ete' coupees dix minutes environ apres les
premiers tirs.

Le principal theatre des affrontements a ete' la commune de la Tshopo, la
commune la plus populeuse de la ville.
A partir de lundi, soit spontanement soit sur injonction des soldats
ougandais, un flux humain evalue' a' 50.000 personnes a traverse' le pont
Tshopo pour s'arreter entre le point kilometrique 10 et le point
kilometrique 36.
Des quartiers moins exposes de la ville ont aussi servi de refuge ainsi que
les routes de Yangambi, Lubutu et Opala.
Pourtant beaucoup de gens se sont obstines a' rester chez eux et certains
l'ont paye' de leur vie.
Presque toutes les familles se sont separees dans leur fuite et plusieurs
ne savent pas encore aujourd'hui ou se trouvent certains de leurs membres.


Les morts se comptent par centaines et les blesses par milliers.
Des maisons videes de leurs habitants ont ete' pillees.
Pire encore, beaucoup de personnes ne sont revenues du lieu ou' elles se
cachaient que pour constater que leur maison n'etait plus qu'un tas de
ruines.
Le spectacle de notre ville est desolant: arbres desseches, dechiquetes,
maisons detruites, hopitaux, centres de sante', ecoles, couvents, marches,
hotels, universite gravement endommeges.
Et meme notre belle cathedrale mutilee juste au-dessus de l'autel!
Le pont Tshopo, la Centrale hydroelectrique, l'Usine de traitement des eaux
situes au pont Tshopo le plus chaud des combats n'ont echappe' que par
miracle.
Comment ne pas penser qu'il y avait chez les belligerants une volonte'
d'extermination?


Au nom des Associations de la Societe' Civile de Kisangani, nous voulons
exprimer a' toute la population boyomaise notre compassion et nos
condoleances.
Nous pensons plus particulierement a' ceux qui ont perdu des etres chers:
leur deuil est le notre.
Nous pensons aussi a' tous les sans-abri, a' tous ceux qui ont ete'
victimes de pillage, a' toutes les familles qui restent encore sans
nouvelle de l'un de leurs.


Avec vous nous cherchons a' comprendre:
pourquoi ce combat de deux armees etrangeres sur notre sol, dans notre ville?
Pourquoi cette tuerie?
Pourquoi ce surarmement?
Si au point de depart, nous pouvions penser qua la rebellion congolaise
etait animee par la volonte' de democratiser le Congo, il apparait
maintenant clairement que leurs soi-disant allies se disputent et le
leadership de notre Province et le controle de ses richesses naturelles.





RECOMMANDATIONS

A la population de Kisangani
- Nous ne devons pas baisser les bras mais rester solidaires dans le
malheur et dans le travail de reconstruction de notre cite'
- chacun doit s'impliquer
- ENGAGEONS-NOUS TOUS DANS LA NON-VIOLENCE ACTIVE.
Quelques actions sont possibles: observer le deuil en nous abstenant de
grandes fetes; refuser d'acheter des objets voles; refuser de vendre aux
militaires; boycotter les emissions politiques des deux radios locales.

Aux Eglises
nous demandons:
- de sonner les cloches chaque soir a' 19 H 00 pour inviter leurs fideles
a' un temps de recueillement
- d'inviter leurs fideles a' une charite' active, a' la solidarite' et au
partage
- de redynamiser leurs structures caritatives et de developpement.

A la Communaute' Internationale
nous demandons d'envoyer a' Kisangani une aide humanitaire d'urgence.

Nous demandons plus specialement:

au Conseil de Securite' de l'ONU
- d'adopter une resolution relative au retrait immediat en RDC des troupes
non invitees
- de deployer rapidement a' Kisangani des casques bleus pour rendre
possible la demilitarisation
- de decreter un embargo sur les ventes d'armes au Rwanda, au Burundi et a'
l'Ouganda.

Au Secretaire General de l'ONU
- de constituer une commission d'enquete sur les graves violations des
droits humains en RDC; violation du Droit Humanitaire International, crimes
de guerre, crimes contre l'humanite'.

A l'Union Europeenne
- de suspendre son aide au Rwanda, au Burundi et a' l'Ouganda pour
l'affecter a' la reconstruction de la ville de Kisangani.

Aux Autorites des factions rebelles
- de reconnaitre et assumer leur responsabilite' dans la derive de leurs
alliances avec le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda
- de rompre ces alliances
- d'accepter la depolitisation de l'administration de Kisangani
- de respecter l'Accord de Lusaka en vue d'une meilleure relance de la
democratie.

Au Gouvernement de Kinshasa
nous demandons:
- de saisir la Cour Internationale de Justice en matiere de responsabilite
Civile et dans les affrontements du 5 mai et des 05 et 10 juin 2000
- de sauvegarder l'unite' du Territoire de la RDC
- d'apporter un soutien moral a' la population de Kisangani
- de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire.

Aux Congolais de la diaspora et des autres provinces de la RDC
nous demandons:
- de manifester leur solidarite' de toutes les manieres possibles
- de se constituer, au niveau de la diaspora, pour une action de lobbying.



Les Associations de la Societe' Civile de Kisangani s'engagent a' tout
mettre en oeuvre pour que ces recommandations ne restent pas lettre morte
mais elles ont besoin du soutien et de l'engagement de tous.

Fait a' Kisangani, le 15 juin 2000.

Les Associations de la Societe' Civile

Reseau Droits Humains
Francois ZOKA

Reseau Developpement
Jeannine AIWA

Reseau Femmes
Languide BANSOBA

Reseau Education Civique
Firmin YANGAMBI

Reseau Eglises
Richard MOKUBA

Reseau Syndicat
Jacques MEBWA

Reseau Culture et Recherche
Jean Pierre BADIDIKE




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