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haiti: un paese bloccato
Un pays dans l'impasse
Chronologie
1957 : Élection du docteur François Duvalier, « Papa Doc », à la présidence.
Il s'autoproclame président à vie et le reste jusqu'à mort.
1971 : Jean-Claude Duvalier, surnommé « Baby Doc », succède à son père.
1986 : Des soulèvements populaires provoquent le départ de la famille
Duvalier.
1987 : Vote d'une nouvelle constitution.
1988 : Premières élections depuis les Duvalier, qui mobilisent moins de 10 %
des votants. Le président Manigat est déposé par un coup d'État cinq mois
après
son arrivée. Le général Namphy est à son tour destitué par le général
Prosper Avril.
1990 : Jean-Bertrand Aristide, ancien prêtre des bidonvilles, remporte les
élections libres avec 67 % des voix.
1991 : Coup d'État militaire mené par le général Raoul Cédras. Exil du
président Aristide.
1994 : Intervention militaire des États-Unis, entérinée par les Nations
unies, pour replacer le président Jean-Bertrand Aristide au pouvoir.
1996 : Élection à la présidence de René Préval, un proche d'Aristide.
2000 : Élections législatives et présidentielles, marquées par de nombreuses
irrégularités. Elles portent à la présidence Jean-Bertrand Aristide. Son
parti,
le Fanmi Lavalas, obtient une grande majorité de sièges au Parlement.
L'opposition dénonce les résultats.
2002-2003 : Nombreuses manifestations d'opposition au président Aristide et
journées de grève générale pour dénoncer son parti, son gouvernement ainsi
que
l'impunité dont bénéficient ses partisans pour leurs crimes.
Le 1er janvier 2004, Haïti fêtera le bicentenaire de son indépendance et de
la proclamation de la première république noire du monde. Pourtant, l'heure
n'est pas à la fête. Haïti semble dans l'impasse sur les plans politique,
économique et social.
La légitimité et l'action du gouvernement de Jean-Bertrand Aristide sont
fortement contestées, tant à l'étranger qu'à l'intérieur du pays. Le
président
Aristide, ancien « petit curé des bidonvilles » qui incarnait, en 1990, les
espoirs de démocratie et de liberté du peuple, apparaît maintenant comme un
dictateur pareil à ceux qui se sont succédé dans l'histoire d'Haïti. Les
assassinats politiques n'ont pas cessé. Ils sont à présent perpétrés par «
l'armée
cannibale », qui s'attaque aux opposants du parti du président, le Fanmi
Lavalas, en toute impunité.
Certains Haïtiens sont déçus au point de souhaiter le retour de l'ancien
dictateur en exil, Jean-Claude Duvalier. Celui-ci n'écarte pas l'idée de
revenir
en Haïti.
Des élections controversées
La régularité des élections qui ont reporté Jean-Bertrand Aristide au
pouvoir, en 2000, est fortement mise en doute. L'opposition, regroupée sous
le nom
de Convergence démocratique et menée par l'Organisation du Peuple en Lutte,
qui s'est séparée du mouvement du président en 1997, les a même boycottées.
Elle a dénoncé les campagnes d'intimidation perpétrées par les partisans du
président et la propagande mise en place par le pouvoir. Elle réclame depuis
la démission du président Aristide.
Lors des élections législatives précédentes, en mai 2000 - qui ont assigné
21 sièges sur 27 au parti du président et 72 sur 83 sièges à la Chambre des
députés
- de graves irrégularités ont également été observées. Des milliers de
bulletins des électeurs de Port-au Prince ont été volontairement jetés à la
rue.
De nombreux candidats de l'opposition ont été arrêtés, dont le sénateur Paul
Denis. L'un d'entre eux a même été tué à coups de pierres. Le local d'un
parti
d'opposition, le Rassemblement des citoyens patriotes, a été attaqué par des
partisans du Fanmi Lavalas.
À la demande de l'Organisation des États américains, dont Haïti est un
membre fondateur, le président Aristide a proposé la tenue de nouvelles
élections
en 2003. Mais le climat politique et social est si tendu que plusieurs
partis politiques, le patronat, l'Église catholique et des associations de
défense
des droits civils ont refusé de participer au nouveau Conseil électoral
provisoire, ce qui rend peu probable la tenue de nouvelles élections.
La population exaspérée
La situation économique et sociale du pays ne s'est pas davantage améliorée.
Près de 80 % des Haïtiens vivent toujours sous le seuil de pauvreté, et
l'économie
en récession ne permet pas de lutter contre le chômage, qui touche la moitié
de la population. La hausse brutale du prix de l'essence de 50 à 75 % a
poussé
les Haïtiens dans la rue au début de l'année 2003. Une grève générale a été
observée le 7 janvier : le transport public n'a pas été assuré, les grands
commerces et les banques sont restés fermés, la rentrée scolaire n'a pas eu
lieu. D'autres appels à la grève ont été lancés depuis, mais ils ont été
plus
ou moins entendus, comme celui du 24 janvier dernier.
Des émeutes, violemment réprimées, avaient déjà éclaté un peu partout au
pays à la fin de l'année 2002, en novembre et décembre : à Port-au-Prince,
aux
Gonaïves, à Cap-Haïtien, à Saint-Marc et à Petit-Goâve. Elles ont fait
plusieurs morts et des centaines de blessés. Les manifestants demandaient la
démission
du président, qu'ils accusent de dilapider les fonds publics à des fins
politiques et de laisser la population à sa misère.
De nombreuses organisations non gouvernementales ont poussé un cri d'alarme
sur la gravité de la crise en Haïti. Le rapport annuel d'Amnistie
internationale,
qui défend les droits de l'homme, est pour sa part alarmant, tout comme les
chiffres sur la pauvreté et la santé dévoilés par l'Unicef et le Programme
des Nations unies pour le développement, qui placent Haïti comme le pays le
plus pauvre du continent américain.
AFFAIRE JEAN DOMINIQUE : LES JOURNALISTES AN DANGERS.
Le 3 avril 2000, le journaliste vedette et commentateur politique d'Haïti
Jean Dominique est abattu devant les locaux de Radio Haïti Inter, avec le
gardien
de la station. Il est connu pour ses idées en faveur de la démocratie et de
la paysannerie.
Trois ans plus tard, l'enquête et le procès traînent toujours. Le principal
suspect, le sénateur Dany Toussaint, bénéficie toujours de son immunité
parlementaire,
puisque les autres sénateurs ont refusé de la lui retirer, malgré les
preuves accumulées contre lui. Il fait parti du mouvement du président, le
Fanmi
Lavalas.
L'affaire a d'abord été confiée au juge Jean-Sénat Fleury, qui a abandonné
le dossier à la suite de menaces. Le juge Claudy Gassant lui a succédé et a
inculpé
Dany Toussaint. Ce juge, à son tour victime de menaces et d'humiliations,
s'est enfui aux États-Unis. Le juge Bernard Saint-Vil a hérité de l'affaire.
De son côté, l'épouse de Jean Dominique, Michèle Montas, qui se bat pour que
le procès aboutisse, a dû fermer la station qu'elle dirige et où travaillait
son mari, Radio Haïti Inter. Elle a également été la cible d'un attentat
dans lequel son garde du corps a trouvé la mort en décembre 2002.
Cette triste affaire illustre les menaces qui pèsent actuellement sur les
journalistes haïtiens. Un an avant Jean Dominique, le journaliste Brignol
Lindor,
désigné comme un terroriste par le maire de Petit-Goâve, était tué à coups
de machette. En décembre 2002, les locaux de Radio Étincelle, aux Gonaïves,
ont été incendiés. Quelques jours avant, le directeur de la station et sept
journalistes avaient reçu des menaces de mort émanant de groupes affirmant
soutenir le Fanmi Lavalas.
La situation préoccupe l'organisme Reporters sans frontières, dont le
secrétaire général a déclaré : « Nous condamnons les attaques et les menaces
subies
par les journalistes de la radio. Il est plus que temps que les bandes
armées utilisées par le pouvoir pour persécuter les journalistes cessent
leurs actions
criminelles et soient démantelées. [...] En outre, dans le contexte actuel,
il est primordial que le gouvernement s'engage concrètement à garantir la
sécurité
des journalistes, à arrêter les auteurs des agressions et menaces, dont le
chef de "l'armée cannibale", Amyot Métayer, s'est fait une spécialité, et
ainsi
permettre à la société haïtienne d'être informée librement ».
fonte: www.radiocanada.ca
3/1/04
A PRESTO
PIER LUIGI GIACOMONI