Fw: Du Venezuela a l'Argentine : "Cacerolazos"





                     DU VENEZUELA À L'ARGENTINE

                          « Cacerolazos »


                         (27 décembre 2001)


 http://www.monde-diplomatique.fr/dossiers/argentine/

      Si, début décembre 2001, l'ensemble des médias
      internationaux multiplie les éditoriaux au vitriol sur le
      Venezuela, ce n'est pas pour s'inquiéter du retournement
      du marché pétrolier. Conséquence indirecte des attentats
      du 11 septembre, l'effondrement des prix, d'une ampleur
      supérieure à ce qu'avait prévu Caracas, provoquera un
      ralentissement de la croissance en 2002 - le projet de
      budget a été bâti sur une hypothèse de prix de moyen de
      18,50 dollars par baril, soit 4 dollars de plus que le
      niveau actuel. Peu importe également que le président
      vénézuélien Hugo Chávez ait remporté démocratiquement
      toutes les consultations organisées depuis son arrivée au
      pouvoir, et que la Constitution de 1999 ait été approuvée
     par 71,21 % des votants. Ce qui retient alors
      l'attention, ce sont les « cacerolazos », chahut provoqué
      par la bourgeoisie et une partie des classes moyennes
      frappant sur des casseroles pour exprimer leur
      mécontentement.

      L'approbation de 49 décrets-lois a mis le feu aux
      poudres. Parmi les plus importants de ces textes, une loi
     des terres et du développement rural prévoit des
      mécanismes d'expropriation des latifundios et de
      distribution de terres aux paysans qui en sont dépourvus.
      Alors qu'une poignée de propriétaires accaparent 70 % de
      la surface cultivable, le pays doit importer massivement
      pour nourrir sa population ! Une loi sur les
      hydrocarbures accroît la redevance de l'Etat et rend
      obligatoire sa participation majoritaire dans les
      associations avec les compagnies pétrolières privées.

      Au nom du « droit sacré à la propriété privée », les
      seigneurs de la terre renforcent une opposition à la tête
      de laquelle ils se sont portés et qui comprend le
      patronat et les propriétaires des moyens de
      communication. Inhabituelle alliance, la Confédération
      des travailleurs du Venezuela (CTV), liée aux partis
     politiques mis hors champ par la « révolution
      bolivarienne », se joint à la grève patronale organisée
      le 10 décembre 2001. Un succès, et pour cause : lorsque
      les entreprises ferment leurs portes, on imagine mal où
      employés et ouvriers iraient travailler ! Bien que les
      activités du patronat rencontrent un faible écho dans la
      population et que le président Chávez continue de jouir
      d'une large popularité dans les secteurs les plus pauvres
      du pays, gazettes et chancelleries évoquent avec
      gourmandise le chaos social, économique et politique dans
      lequel sombre le Venezuela.

      Ce n'est pourtant pas à Caracas que les « cacerolazos »
      et la mobilisation populaire vont provoquer la chute d'un
      président, mais à Buenos Aires, en Argentine...

                                              MAURICE LEMOINE.


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