Amnesty International: Communique' de Presse




REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO (RDC)
La dignite' humaine est reduite a' neant dans un pays ravage' par les
atteintes aux droits fondamentaux

Index AI: AFR 62/011/00
COMMUNIQUE DE PRESSE

31 mai 2000

Des milliers de civils non armes ont ete' victimes d'homicides illegaux,
tandis que de nombreux autres ont ete' tortures ou ont "disparu" en
Republique democratique du Congo (RDC), a declare' Amnesty International a'
l'occasion de la publication d'un nouveau rapport intitule' Republique
democratique du Congo.



La dignite' humaine reduite a' neant.

Dans le cadre du conflit qui ravage ce pays, l'opposition armee est
soutenue par le Burundi, le Rwanda et l'Ouganda, tandis que le gouvernement
est appuye' par l'Angola, la Namibie, le Zimbabwe et, semble-t-il, le
Soudan.
Le regime congolais entretient egalement des liens avec des groupes armes
designes collectivement sous le nom de Mai mai (Eau eau), tout en etant
allie' a' la milice Interahamwe ("Ceux qui combattent ensemble"), composee
de membres de l'ethnie hutu originaires du Rwanda.



Violations des droits humains dans les zones controlees par le gouvernement.

Bien que les homicides deliberes de civils commis par les forces regulieres
congolaises aient ete' beaucoup moins nombreux depuis le debut de 1999
qu'a' la fin de l'annee 1998, des centaines de civils non armes ont ete'
tues dans le cadre des attaques menees par les forces fideles au president
Laurent-Desire' Kabila.
Plus de 100 civils et soldats ont ete' executes depuis le debut de l'annee
1999, apres avoir ete' condamnes a' mort par des instances militaires a'
l'issue de proces qui etaient loin d'etre conformes aux normes
internationales.
Ainsi, le 15 janvier, un enfant soldat de quatorze ans nomme' Kasongo et
une personne de vingt-deux ans ont ete' executes dans la demi-heure qui a
suivi la fin de leur proces.
Un certain nombre de personnes ont " disparu " apres avoir ete'
apprehendees par des membres des forces de securite', et leurs proches
craignent qu'elles n'aient ete' tuees secretement.
La plupart de ceux dont on est sans nouvelles depuis le debut de l'annee
1999 sont des membres des forces de securite accuses de complicite' avec
l'opposition armee.
"Des actes de torture, notamment des viols, ont ete' frequemment signales
en RDC", a souligne' Amnesty International.
Les conditions de vie qui regnent dans de nombreux centres de detention et
autres etablissements penitentiaires s'apparentent a' des traitements
cruels, inhumains ou degradants.
Ainsi, dans la prison de Boma situee a' Likasi, les detenus sont apparus
aux representants d'Amnesty International comme de veritables "squelettes
ambulants"; ils n'etaient nourris qu'une fois par semaine.



Atteintes aux droits humains dans les regions controlees par les rebelles
et les forces etrangeres

Dans les zones controlees par les forces regulieres d'autres pays et par
les groupes d'opposition armes congolais, la plupart des atteintes aux
droits fondamentaux sont imputees a' des membres du Rassemblement congolais
pour la democratie (RCD).
Dans certains cas, des victimes et des temoins ont pu determiner que les
unites responsables de ces agissements appartenaient aux forces armees
burundaises, rwandaises et ougandaises.
" Des milliers de civils non armes - pour la plupart des femmes, des
enfants et des personnes agees incapables de s'enfuir ou qui pensaient etre
epargnees par les combattants - ont ete' victimes d'homicides arbitraires
et deliberes commis par des groupes armes d'opposition et les forces
gouvernementales burundaises ", a indique' Amnesty International.
L'annee 1999 a commence' par le massacre d'au moins 800 civils par le RCD
et ses allies du Rwanda et du Burundi a' Makobola, dans la province du
Sud-Kivu.
Cette tuerie a debute' le 30 decembre 1998 et a dure' jusqu'a' trois jours.
Certaines sources ont rapporte' que des civils avaient ete' regroupes dans
des maisons qui ont ensuite ete' incendiees.
Des groupes locaux de defense des droits humains ont etabli des listes
recensant plus de 800 victimes presumees du massacre de Makobola.
En mars 1999, des membres des forces regulieres burundaises auraient brule
vifs au moins sept pecheurs a' Kazimia, sur la rive du lac Tanganyika.
Entre le 15 et le 20 octobre 1999, a' Mwenga dans le Sud-Kivu, des soldats
du RCD ont apparemment tue' au moins 12 femmes accusees de sorcellerie;
certaines ont ete' enterrees vivantes apres avoir ete' victimes d'actes de
torture, notamment de viol.
Les groupes armes d'opposition ont mis sur pied des tribunaux militaires,
qui ont prononce' des condamnations a' mort au terme de proces iniques.

D'apres les informations recueillies, des combattants du RCD, dont des
enfants, ont ete' sommairement executes, sans avoir ete' inculpes ni juges.
Un enfant soldat de quinze ans, Ndondo, a ete' execute' en public a' Goma,
apres qu'une femme l'eut accuse' d'avoir vole' un poste de radio.
Avant d'etre tue', Ndondo aurait ete' sauvagement torture' en detention. "
Les personnes detenues par le RCD et ses allies sont soumises a' des
traitements consistant entre autres a' suspendre les hommes par les parties
genitales, a' interdire aux detenus d'uriner et de defequer, a' les violer,
a' les flageller, a' les rouer de coups, ou encore a' les laisser croupir
dans des trous remplis d'eau ", a fait observer Amnesty International.
Certaines personnes ont ete' torturees pour s'etre opposees a' la guerre et
avoir appele' l'opposition armee a' respecter l'accord de cessez-le-feu de
Lusaka, ou parce qu'elles etaient soupconnees d'avoir partie liee avec des
milices armees soutenant le gouvernement.
D'apres les informations recueillies, les viols de femmes constituent une
pratique generalisee dans les zones occupees par l'opposition armee.
Ils sont commis par des membres des groupes armes congolais ainsi que par
des soldats burundais, rwandais et ougandais.
Si ce type d'exaction est frequemment signale', la plupart des femmes qui
en sont victimes gardent le silence, de peur d'etre mises a' l'index par la
societe' ou rejetees par leur mari.
Les groupes armes qui luttent contre le RCD et ses allies etrangers ont eux
aussi deliberement tue' et enleve' des civils non armes.
De nombreuses sources ont indique' que des groupes de combattants mai mai
s'etaient rendus responsables d'homicides et d'actes de torture, notamment
de viols, commis dans la plupart des cas contre des personnes soupconnees
de cooperer avec le RCD et les forces etrangeres qui le soutiennent.
La milice Interahamwe semble toutefois etre le plus redoute' des groupes
armes qui combattent le RCD et ses allies etrangers.
Le gouvernement de la RDC a recu le soutien, sous forme de troupes et
d'armes, des gouvernements angolais, namibien et zimbabween, ainsi que du
Tchad qui s'est retire' du conflit a' la mi-99.
Dans les zones controlees par l'opposition armee et ses allies, nombre de
civils auraient ete' tues lors d'attaques aveugles ou de bombardements
effectues sans discrimination par les forces aeriennes du Zimbabwe, de la
Namibie et du Soudan. Le Burundi, le Rwanda et l'Ouganda continuent
d'acquerir des armes et d'autres equipements militaires, qui pourraient
etre destines a' leurs troupes et a' leurs allies congolais en RDC.
"Contraints de participer a' ce conflit en tant que combattants, des
enfants sont prives de leurs droits fondamentaux", a deplore' Amnesty
International.
Il est avere' que le gouvernement de la RDC a recrute' de nombreux enfants
- dont certains n'avaient que douze ans - et les Mai Mai enrolent egalement
des mineurs en grand nombre.
"Par ailleurs, les autorites ougandaises et rwandaises recrutent de plus en
plus de combattants sur leur propre territoire, y compris des enfants, dont
un grand nombre sont apparemment deployes en RDC.
En Ouganda, dans le district occidental de Hoima, des parents ont raconte'
au journal The Monitor, en novembre 1998, que des enfants qui n'avaient que
douze ans avaient ete' secretement recrutes par des fonctionnaires de
l'Internal Security Organization (ISO, Organisation de la securite'
interieure) pour etre incorpores dans l'armee.

Amnesty International est arrivee a' la conclusion que les responsables
gouvernementaux et les dirigeants des groupes armes engages dans le conflit
congolais n'avaient aucunement l'intention d'empecher les atteintes aux
droits humains.
L'Organisation considere qu'ils manifestent le mepris le plus total a'
l'egard des obligations que leur impose le droit international,aux termes
duquel ils sont tenus de prevenir toute attaque contre la population civile
non armee.
"Il n'est cependant pas trop tard pour agir.
La communaute' internationale doit exiger que les dirigeants militaires et
politiques des forces presentes en RDC prennent des mesures efficaces pour
empecher toute nouvelle atteinte aux droits humains et livrer a' la justice
ceux qui, au sein de leurs troupes, se sont rendus coupables de tels
agissements", a declare' Amnesty International.



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