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Psychanalyse de l`Antislavisme
- Subject: Psychanalyse de l`Antislavisme
- From: andrea <andreamartocchia at libero.it>
- Date: Mon, 10 Jun 2002 09:47:15 -0400
- Sender: andreamartocchia at libero.it
-------- Original Message -------- Subject: [JUGOINFO] Psychanalyse de l`Antislavisme Date: Mon, 10 Jun 2002 08:41:09 -0000 From: "itajug" <jugocoord at libero.it> To: crj-mailinglist at yahoogroups.com, jugoinfo at domeus.it, aa-info at yahoogroups.com Subject: Nouveau texte sur ARTEL GEOPOLITIKA- Dr Mila Aleckovic Nikolic: Psychanalyse de l`Antislavisme Date: Sun, 9 Jun 2002 12:03:13 -0700 From: "Artel" ARTEL GEOPOLITIKA by www.artel.co.yu office at artel.co.yu Date:09 Juin 2002 DR. MILA ALECKOVIC NIKOLIC: Texte reproduit du livre à paraître " Psychanalyse de l'Antislavisme " DR. MILA ALECKOVIC NIKOLIC, Présidente de " PSYCHOLOGIE ET TROISIEME MILLENAIRE " Paris, Diaspora Serbe Texte reproduit du livre à paraître " Psychanalyse de l'Antislavisme " (en français) Srpsko doradjeno izdanje : " O Domu i Iskonu " (Gutembergova galaksija) VU DE L'INTERIEUR: PRAVDE ZA SRBIJU (*1) "Dieu existe et je suis toujours capitaine" (*2) Je suis Serbe, Slave, fille de Résistants, j'ai la mémoire longue, n'ai pas peur de la mort, n'ai peur que de la lâcheté humaine. Et encore. Aujourd'hui, un rayon de soleil a pénétré dans le jardin de mon pays et celui de mon âme. Mais, comme tous les Slaves, je reste plongée dans mes pensées et mélancolique sur les bords. J'ai parfois l'impression que le vingtième siècle se terminera mal pour les Chrétiens, si les Pharisiens l' emportent sur eux. Tant pis, on finira alors en beauté. En tous cas nous les Serbes, et j'ajoute les Russes. Au diable alors les démons qui nous ont fait la guerre à cinq, dix, quinze mille mètres d'altitude. Ils ont voulu nous culpabiliser pour qu'on les culpabilise ensuite, pour qu'on nous culpabilise encore et que nous les culpabilisions à nouveau...C'est un sado-masochisme sans érotisme, sans fin ni sens, rime ni raison, qui va et vient. Pathogène. Seulement, nous autres, on est des Chrétiens slaves et le vieux leurre de la Pomme et du Péché n'a pas réussi à nous inculquer la haine de l'Autre, ni à nous rendre coupables. L'oeil traditionnel de l'Eglise serbe reste tourné vers l'Eternité, vers la puissance du Moi idéal. Sous la loupe psychologique, notre foi est aussi païenne, mais pure, claire, inébranlable et on ne l'intellectualise pas. On lutte contre le péché en tant que tel et contre la folie, mais on tache surtout de les vaincre en confessant nos chutes, en racontant notre vie . Les sources de la psychanalyse - de ce qui, précisément, par la suite, allait être nommé "psychanalyse" - y sont déjà. Les monastères orthodoxes brûlés en ce moment au Kossovo furent les premiers "cabinets de psychothérapie", de l'analyse de la Psyché, au Moyen Âge serbe. L'ancien testament a peu marqué la culture gréco-byzantine et slave. A la différence de la Chrétienté judéo-occidentale qui pointe son doigt sur le péché ancestral, la foi serbe insiste sur la bonté hypothétique de l'homme et sur son innocence au départ (ceci de tout temps et indépendamment de l'Humanisme et de la Renaissance en Occident). Dans cette vision du monde on n'hérite pas du péché, les "dibouks" sont absents et les enfants de nos ennemis ne sont pas jugés. Mais surtout, comme je l'ai dit, dans la mythologie slave, point de pomme, point de piège ni de tromperie, point d'Eve ni de Marie ennemies l'une de l'autre (ancêtres de la schizophrénie féminine et masculine de nos jours). Simplement deux êtres, Homme et Femme qui dans la nuit des temps font le même rêve, celui de la Cause première, de la procréation. Ils se réveillent, se racontent leur songe providentiel et l'Humanité de l'Amour transcsendental n'a qu'à prendre son chemin enfin...C'est toute la différence. Grâce leur soit éternellement rendue! Ainsi soit-il. Ils jalousent notre beauté physique et notre force morale On a aussi du talent. On est beau et peut-être même encore suffisamment fort. On n'aime pas les faux faibles, ni les acrobates-pleurnicheurs. On fuit les frustrés. On ne se courbe pas. On n'essaye pas de simuler, de simulacrer. On déclare le conflit ouvert, si nécessaire, et on se bat, on se défend. On ne trafique pas nos morts. Nietzsche-Nyetske a eu raison sur la métaphysique de la lâcheté humaine. Que Dieu s'en charge. Où va la Serbie, ma patrie poignardée d'aujourd'hui? Vers le royaume, sans aucun doute, des Cieux ou des Empires terrestres. Logiquement, cela revient au même. Les mots ne nous préoccupent plus: le totalitarisme, le fascisme, les droits de l'homme, les épurations ethniques, les agresseurs, les bons, les méchants, les corrects, les incorrects. Ce n'est pas qu'on n'ait pas d'âme. C'est qu'on en a trop pour se laisser aller à mentir, manipuler, trahir, anéantir par les Escrocs du nouvel Ordre d'escroquerie sansfrontièriste sans imagination. La Volonté humaine n'a-t-elle pas aussi son propre cheminement, tout comme la Bourse de Wall-Street dans le sinistre New York qui s'écroule aujourd'hui? Il n'est pas nécessaire que la deuxième l'emporte toujours sur la première. Loin de là, c'est juste le contraire qui pourrait se produire. Les statistiques et les sondages? La sacrée farce! J'ai passé une partie de ma vie dans l'utopie conformiste imposée par la foi anglo-saxonne ( loin de "l'empirisme organisateur" d'un Maurras), et il y en a un peu marre. Ce n'est pas qu'on n'en croit pas de nos propres yeux. C'est qu'on y voit beaucoup de choses et parmi elles la Volonté morale également. Le Choix moral! Voilà enfin la liberté éternelle, le Facteur humain immortel, le noeud de la métaphysique humaine y est. C'est qu'on y croit toujours. Ainsi soit-il. La linéarité de l'histoire n'est qu'une interprétation parmi d'autres. A l'instar de Bachelard, Brunschvicg ou Kuhn, ne pourrait-on pas évoquer les sauts, les tournants, les changements d'événements et de paradigmes brusques? Et si l'on mettait les misérables bureaucrates à leur place, là où ils devraient être, en les obligeant à suivre les règles imposées par des esprits plus forts et plus nobles qu'eux? Car ce ne sont certainement pas ces ronds de cuir qui vont changer notre monde. L'histoire se crée ailleurs et sans eux; on l'a déjà montré. En Yougoslavie, ils avaient prévu quelques jours burlesques à tous casser. Le printemps des Âmes ressuscitées les a fortement surpris. Et les Serbes n'ont pas oublié: 78 jours de feu d'artifice mal articulé et les pertes cachées de l'Oncle Sam, shame on him. Il est gravement blessé aujourd'hui. Trois avions "invisibles" Stealth F-117 (selon une étude des services secrets russes), une quarantaine d'avions de combat, trente drones, sept hélicoptères et deux cent trente huit missiles de croisière. Tout cela tu. Non, Newsweek avoue au printemps 1999 - un peu tard - que l'OTAN a masqué sa défaite en triomphe. Ayant eu accès à un rapport secret de cette dernière, le quotidien portugais Publico confirme que le bilan sorti de la bouche de William Cohen et de James Rubin était faux: ce sont 14 tanks serbes et non 120, 18 blindés et non 220, 20 pièces d'artillerie et non 450 qui ont été détruits. Les pertes humaines sont également travesties. Les milliers de civils tués ou blessés sont rangés dans la colonne des "dommages collatéraux", contrairement à ce qui se passe le jour du sang innocent à New York. Selon le calendrier orthodoxe, le 11 septembre on songe à la tête coupée de Jean le Baptiste et nous compatissons tous. Mais même en Serbie, avec des dizaines de commandos anéantis l'OTAN ne peut faire valoir son "zéro mort". Quelle catastrophe narcissique, hier, comme aujourd'hui pour des analystes de Pentagone, qui s'adressaient à une population morphinée de consomateurs, victimes du syndrôme impérialiste du manque d'immunité vis-à-vis du mensonge. L'opération millitaire américaine s'est retournée contre sa propre population. Spinosa avait raison sur une chose au moins : un des visages de Dieu est certainement dans la Nature. Ainsi soit-il. Une Odyssée politique: la question du Conducator L' ETE 2000, A LA VEILLE DE LA PSEUDO- REVOLUTION SERBE Je viens de le rappeler, l'an 1999, le New brave Word et leurs dix-huit alliés "démocratiques" bombardent la Serbie pour des raisons "humanitaires" et pour "résoudre" le problème insoluble de Kossovo. Mais l'Esprit des Serbes reste libre. Je l'ai dit, les dizaines de livres d'humour noir sur cette mise en scène guerrière hypocrite paraissent dans la ville bombardée! C'est vrai, la Serbie était dirigée à la fin du XXe siècle par un Apparatchik dépassé par les événements économiques et politiques. Or, ce dernier n'avait pas inventé le drame de Kossovo (il en a plutôt hérité), ni les chambres à gaz, ni la guillotine. C'est du niveau du lycée de culture générale aux Etats-Unis d'Amérique sur la côte Ouest. Dans ce pays le tableau est "binaire": le cynisme des dirigeants U. S. d'un côté, la naïveté "encyclopédique" des pupils of the Nation de l'autre. Demain la Serbie peut prendre n'importe quel chemin, celui de l'émancipation nationale et de la restauration de l'Empire slavo-byzantin, comme celui du matérialisme européen, sans sève ni couleur, mais qui dégivrera les comptes bancaires. Certes, les Serbes, au plus profond d'eux-mêmes croient à la communauté de destin avec les autres Européens si ces derniers essaient de se libérer de l'esclavage de l'Empire carthaginois d'outre-Atlantique et acceptent de fraterniser avec les Slaves. Et d'autres victimes du monde entier. L'Européen d'aujourd'hui est vu en Serbie comme "l'homme du troc, du négoce et de l'échange, de l'atelier et du produit...médiateur, inter-prète de l'horizontalité matérielle" (Philippe Forget, Gilles Polycarpe*). Comme un banquier ou un bourgeois au mieux. Associé à des mots:consommation, impôt, facture, infraction, gestion, déclaration, attestation, réclamation, contribuable... Cet être n'est ni visité, ni inspiré, et n'est invité à communiquer avec le monde que par téléphone portable, écran d'ordinateur ou "monnaie unique"...On ne pourrait le créditer d'une grande profondeur morale ou autre et il est douteux que le Salut vienne de lui. Mais on est aussi conscient du fait que l'on ne peut pas complètement se passer de ses produits. Plutôt triste pour les descendants du Graal et des âmes nobles pas définitivement noyés dans le Veau d'Or moderne des mégapoles. Mais c'est tout de même un tableau assez pertinent du caractère superficiel de l'Occident dénoncé d'instinct en Serbie. Malgré l'appauvrissement actuel de la société serbe fragilisée par l'embargo, pillée, punie, châtiée, bombardée, les ressortissants serbes du monde * "Le réseau et l'infini", Ed. Economica, Paris 1998 entier, sans prêter l'oreille à aucune idéologie gauchiste, avaient depuis longtemps démystifié le fait qu'un niveau de vie plus élevé n'impliquait pas nécessairement une meilleure qualité de vie humaine, et compris qu'être pauvre à Paris ou à Londres n'était pas la même chose qu'être pauvre à Belgrade ou à Moscou où un soutien traditionnel collectif existe. Que le lien entre la misère (matérielle) et le péché, soutenu par la tradition judaïque et calviniste, n'existait pas dans la Weltanchauung chrétienne orthodoxe. Accumuler de l'or de façon obsessive, uniquement pour acquérir le "pouvoir" de le dépenser ensuite en achats, c'est le vieux fantasme d'"éjaculation" dans le vide (pour se venger de son propre état antérieur ou sur une autre âme), et cette attitude est étrangère au monde slave. Une intuition divine nous avertissait dès le départ: le non-sens, la déprime et le chagrin suivront. Toute la littérature slave en a été immunisée. C'est la perle littéraire d'Illif et Petroff. Quoi qu'il arrive, le peuple serbe ne basculera pas dans le camp ennemi de l'espace russe, ni européen traditionaliste. Pour les Serbes, avant tout Slaves, c'est là la vraie verticalité existentielle entre Etre et non-Etre. Le malin Tito avait autrefois déjà expérimenté l'immunité de cette première séparation, dans un projet plutôt rationnel. Et pourtant, la démarche n'avait pas porté ses fruits, tout au moins pas sans conséquences pénibles pour tout le monde. C'est que la nature se bat contre l'Artificiel: autant essayer de séparer les pensées de deux jumeaux ayant grandi ensemble! Pas question donc de tourner le dos au fier visage de celui que les cercles de la finance internationale quelque part angoissés essaient déjà, mais en vain, de présenter comme "leur homme"!, celui qui caresse l'idée de restaurer l'ancienne dignité russe, M. Poutine. La thèse selon laquelle l'Europe, la Grande Europe s'étend "de Vladivostok à Dublin" est providentiellement répandue en Serbie. Les plumitifs et analystes géopolitiques occidentaux auraient besoin de plus de connaissances et de subtilité. Les quelques cerveaux des grandes centrales d' "intelligence" de l'Ouest feraient mieux de sonder l'âme slave plutôt que de se fixer sur la bourse de Wall-Street ou les flux financiers. Quelle surprise ne les attend pas quand, devenus amoureux de belles Slaves, c'est à dire de l'Esprit harmonieusement lié au corps, ils commencent à (re)vivre ou à s'éveiller à la vie. Ces messieurs auraient tort de se surestimer en réduisant tout à leurs moyens techniques et financiers. D'ailleurs, on l'a vu, les quelques suicidaires prêts à mourir pour une Cause sont capables d'anéantir toute une civilisation basée sur le calcul et le profit. La place de chacun d'entre nous est démystifiée sous le Soleil du jour ultime. L'existence d'une blague sur les fameux "Services d'espionnage" racontée dans les Balkans aux temps de la guerre froide me vient soudain à l'esprit:Vous voudriez connaître qui est qui? Eh bien, lorsqu'il s'agit d'une histoire obscure, destinée à "tirer des informations secrètes", pleine de billets de valeur et d'intrigues sans imagination mais compliquées, il y a de fortes chances pour que le "Mossad" soit derrière; lorsqu'il s'agit d'une spirale infernale intellectualisée à la Sherlok Holms se mordant la queue et qui peut aboutir mais aussi foirer cela porte la signature de la CIA ou de ses succédanés; enfin lorsqu'il s'agit simplement d'une histoire d'amour à long terme (où tout le reste n'est qu'épiphénomène) il y a fort à parier qu'à l'origine du scénario palpite le KGB! L'analyse populaire poussait encore plus loin: le Mossad recrute souvent des personnes vulnérables et schizoïdes qui ont, comme l'on dit, un problème d'identité (on leur "trouve" toujours quelque part une "tache" dans leur arbre généalogique), la CIA les cyniques intelligents et frustrés qui culpabilisent difficilement, et le KGB les créatures rigides et les idéalistes fatalistes et dogmatiques à la foi maniaque retournée. C'est ce que l'on disait. Donc, la Serbie céleste ou terrestre pourrait prendre n'importe quel chemin. Celui du délire, ou celui de la raison de tous les Chrétiens réveillés. Un homme qui, somme toute, n'était qu'un individu de l'appareil parmi bien d'autres, suffisamment autiste, assez autoritaire et sans talent excessif, Slobodan Milosevic, n'a pu qu'être, évidemment renforcé par les bombardement des dix-huit "Alliés " dans la plus honteuse et la plus débile expédition punitive de la fin du deuxième millénaire. Malgré le grand cirque du Département d'Etat US, on aurait dit que le visage inexpressif de l'ex président yougoslave, son statisme et ses positions si longtemps défensives, si politiquement maladroites, arrangeaient bien la Maison Blanche. Aujourd'hui, ce même Milosevic regarde le désastre américain de sa prison à La Haye. La guerre psychologique contre la Serbie fut, en dépit des gros moyens engagés, mal menée: le changement de sujet, la confusion volontaire (consciente) des causes et des conséquences de la guerre, la confusion volontaire(par les Alliés) du régime et du peuple serbe, le conditionnement pavlovien émotif pratiqué avec beaucoup d'ignorance, la méconnaissance des mentalités slaves, et, finalement, le refoulement psychologique et historique- l'enfant chéri du continent âgé de deux cents ans, tous ces indices terrestres d'une action psychologique à QI très bas, cultivant le genre hébété mais agressif, tous ces actes manqués et ces lapsus révélateurs élaborés dans des officines qui reflètent le trou béant de savoir et de culture générale en cette fin du XXe siècle, ont abouti aux catastrophes de la Corée, du Vietnam, de l'Afghanistan, de Chypre, de la Somalie, de l'Afrique des Grands lacs, du Nicaragua, de la Libye, de l' Irak et dernièrement de la Serbie. Il va de soi que la Russie est visée elle aussi. Mais là, je crains que l'erreur de proportion et la mauvaise perception de sa propre force, ce que dans le langage clinicien on appelle "la mégalomanie schizophrénique aiguë des psychotiques" n'arrête ces derniers, ivres de puissance négative, eux qui n'ont pas lu Nietszche ou qui l'ont mal lu, en plein milieu de leur conspiration diabolique. Bien sûr que la Conspiration existe. Les Serbes ont-ils le droit au sentiment de persécution? Vous avez dit conspiration? On m'a confié sur un ton de miséricorde que mon peuple, c'est à dire les Serbes, se vautrait dans une telle interprétation. J'ai eu du mal à faire comprendre à nos amis (j'emploie ce mot avec une précaution extrême) que la Conspiration, malgré tout, ressort du domaine du logiquement possible. C'est un peu comme avec le phénomène de la paranoïa: l'erreur réside rarement dans le fait même d'être persécuté (ce qui est souvent bien vrai), l'erreur et la souffrance, la maladie donc, se trouvent, au contraire, dans l'exagération généralisée de ce qui est presque toujours exact au départ. On n'ira pas faire croire aux Chrétiens que les banquiers n'ont pas intérêt à vendre des guerres ni que la "route du pétrole et de la soie" n'excite pas les convoitises ni non plus que les grands (en)jeux géopolitiques n'existent pas; ni que les "droits de l'homme" ne sont pas à géométrie variable. Allons donc..., on n'est pas des enfants. Cependant, la guillotine médiatique ou administrative, cette grande invention de la République française malgré elle, marche à un rythme accéléré. La liberté en Serbie avant la petite révolution et le miroir occidental: l'imagination et la censure J'avoue aujourd'hui qu'en débarquant naguère dans le grand Royaume Occidental, j'étais une âme errante, un peu naïve. Devant une fille qui rêvait de l'Océan universel, un leurre existentiel guettait sous la forme de la fameuse clôture "sadico-anale" que je n'ai identifiée et démystifiée dans la nuit occidentale que beaucoup plus tard. Mes patients souffrants m'en parlaient en vain dans leur confessions sans queue ni tête. Le Diable ne deviendra reconnaissable pour moi que lorsqu' il m'aura pris personnellement par la main. Le châtiment judéo-chrétien à priori, les objets (les choses) constamment gardées sous clés, la pratique permanente des doubles portes, les faces de Janus et le double jeu, le formalisme jusqu'au-boutiste, les tabous physiques et le simulacre de la spontanéité, les soumissions et les ordres de domination vides, les rites insensés, la perversion qui succède au puritanisme, le "mea culpa" masochiste et permanent vis-à-vis des Pharisiens, l'utilitarisme et l'instrumentalisme, le bas arrivisme, l'instabilité de caractère, l'hystérie féminine et masculine, la ruse et l'insatisfaction mentale et physique permanente, les amitiés superficielles et fugaces, tel un scénario d'éjaculation précoce, la jalousie professionnelle (florissante naguère dans les systèmes totalitaires de l'Est), le cynisme journalistique à quatre sous, les accusations en miroir, les projections, les déviations sexuelles, la mégalomanie dans le vide et le "Moi-je" comme la Règle du Jeu, le règne de Narcisse et d'Onan, la solitude de "chaque homme dans sa nuit", l'auto-érotisme de l'anus, la rapacité, les objets d'achat, les caresses que l'on s'offre à soi même, la solitude au début et à la fin, la pornographie, je l'ai déjà dit, partout, et Eros nulle part. Et la Censure morale et médiatique par dessus le marché. Ecce l'Occident du Traître Originel. Par rapport à çà, Spengler et Tocqueville, en leur temps, avaient un regard angélique... La Serbie sous embargo, sous blocus, la Serbie diabolisée, exclue, maltraitée, le Chef autiste et avide de pouvoir s'en renforce. Pourtant, dans cette guerre hypocrite qui n'a pas commencé le 24 mars 1999, tous les Serbes n'ont cessé d'être présentés comme des"ivrognes", des "lâches", des "cannibales", des "nains", des "microbes" (Bruckner), comme l'Empire du Mal, les Nouveaux Nazis (Levy), des "ordures" (Fabius), les "Nouveaux Totalitaires" (Glücksman), les Nouveaux Envahisseurs (Albright) de...leur propre territoire, de Nouveaux Barbares n'appartenant pas à l'Europe, car "les Orthodoxes ne font pas partie de l'Europe" (G.-F. Dreyfus). Mentionnons également la misérable industrie cinématographique, de facto d'outre-Atlantique et anti-serbe, et son lot de mauvais films répercutant de purs fantasmes otanesques sur les "méchants terroristes Serbes" et leurs bombes atomiques, selon le principe usé de l'accusation en miroir ( "Le Pacificateur", "Otages en péril" etc.) et bien d'autres choses encore, jusqu'à ce qu'un dernier histrion ne couronne le tout en recevant un prix littéraire parisien pour un titre comme: " Sale Serbe je te crèverai le bide"... Trois fois la haine. Les ligues antiracistes n'ont pas protesté. Pas de procès à la mode, valorisant les polémistes et auteurs débutants, pas de bruit, pas de protestation de l'Archevêché, le grand silence des Muets, du club des Prostituées de la Politique. Le bouquet de la misère de l'Humain à deux visages, de la Justice accommodée aux circonstances, originaire de la Pomme qui jadis empoisonna l'Homme premier... Et voilà. Je me souviens avoir utilisé une fois dans un texte de nature défensive le syntagme "haine pathologique, non politique" pour décrire le ton de la motivation profonde de l'ex Ministre des affaires étrangères des Etats-Unis. Au coeur de l'Europe libre et libérale, ma phrase avait été aussitôt censurée. Ma légitime défense ne passait pas, étant pire que tous ces adjectifs réciproques destinés antérieurement à mon peuple ( j'aurais tout aussi bien pu employer un jargon psychanalytique en décrivant la haine pathologique chez une personne qui, manifestement, détestait le pays où elle avait passé son enfance et le peuple qui lui avait sauvé la vie pendant la guerre. Au seul mot de "Serbe" cette virago venimeuse entrait en convulsions:"Bombing, bombing!"). Trivialité, diraient mes confrères psychanalystes. On sait de tout temps que certaines créatures ne pardonnent pas qu'on les aient aidées. Complexe d'infériorité et de supériorité toujours mélangés, instinct de mort très fort et non-sublimé. Manque d'intelligence à long terme, de ce qu'on appelle la vision. Après tout, à quoi bon cette révélation? Dieu m'a fait voir la Vérité de son coin céleste, celle de la grande mais hypocrite autocensure des démocraties financières. Je l'en remercie mille fois. Ainsi soit-il. La censure en Serbie? Elle a existé dans la presse du régime Milosevic, à tous les coups. Mais en dehors de cette dernière, on pouvait dire ce que l'on voulait. Ce n'est qu'à la veille des élections que le contrôle de la presse par le régime yougoslave est devenu plus net. Une chose est plus que confirmée, certains concepts employés dans les polémiques et certains sujets que l'on censure régulièrement en France - y étant demeurés pendant une bonne vingtaine d'années nous avons le droit moral d'en parler -, ne seraient jamais investis de cette "catexis" démesurée et irrationnelle traduisant la peur des grands magnats et oligarques financiers internationaux, à Belgrade ou à Moscou. C'est peut être là l'essentielle différence entre les deux visages de la censure, l'un simple, avoué, explicite, éclairé, l'autre hypocrite, lâche, mesquin et masqué. Les mots que l'on peut prononcer en Serbie et ceux que l'on ne peut pas prononcer en France Apparemment, le poids de la "culpabilisation politique" a été réduit à l'absurde dans la Serbie populaire accusée et "punie" depuis presque dix ans. Les flèches mortelles et les attaques lancées de tous côté sur ce peuple ont eu pour conséquence ultime de l'immuniser à peu près complètement contre le dogme du "politiquement et linguistiquement correct" et la servilité totale envers les centres de pouvoir occultes et leurs relais officiels comme le FMI, la Banque Mondiale, l'Organisation Mondiale du Commerce, etc... Sans mentionner le Tribunal Pénal International de La Haye. En Serbie on peut aussi parler librement des peuples "sémitiques" (Arabes, Juifs, Phéniciens) comme on parle des peuples latins, germaniques ou slaves, évoquer celui-ci en bien et celui là en mal si cela nous chante, sans toutes ces connotations particulières et ces interdits que l'on trouve en Occident. La raison en est peut-être que tel peuple n'y est pas une obsession dans la mesure où les Serbes n'ont absolument rien à se reprocher à son égard. Il y a autre chose: ce sont les Serbes eux-mêmes qui ont eu le plus grand nombre de victimes dans les Balkans pendant la première et la deuxième guerre mondiales. Et cette troisième guerre qui, pour nous, a commencé il y a dix ans et qui n'est pas tout à fait finie nous a aussi coûté beaucoup. Il faut reconnaître un fait: en dépit de cela, les Serbes ne prétendent pas détenir le monopole du malheur, ils ne placent pas leurs morts en bourse et n'entendent en tirer aucun avantage politique: leur idéologie n'est pas celle des victimes mais celle des combattants et il est tout à fait compréhensible que les masochistes n' apprécient pas cela. Pendant la deuxième guerre, sur son territoire occupé, le peuple serbe, les armes à main, défendait tous les opprimés. Au moment des bombardement de l'OTAN certains n'ont pas rendu la monnaie. On les trouvait même mobilisés pour nous exterminer. Bref, aucune obsession de philo-ceci ni non plus d'anti-cela en Serbie, ces sujets ne passionnent pas les foules et, il faut ajouter, contrairement à ce que l'on peut constater en Europe occidentale, ils ne culpabilisent personne. C'est peut être la raison pour laquelle les Serbes sont tant choqués par le conformisme ambiant des médias occidentaux. C'est peut-être aussi la raison pour laquelle un garçon serbe, grand, fort et sain, qui débarque un jour en "Occident", prend le risque de se voir accusé d'être fasciste, totalitaire, violeur... affublé de quelque étiquette de cette espèce uniquement parce qu'est absente de sa Weltanschauung l'obligation de demander pardon, de battre sa coulpe ou de se mettre à genoux devant les puissants. L'Amérique d'aujourd'hui sirote un Bourbon en bombardant une Europe qui s'est couchée devant ses banquiers et son complexe militaro-industriel et l'a entraînée dans une agression contre elle-même, dans la lignée de cette ploutocratie cosmopolite qui a si bien su tirer parti du fait de hisser Hitler au pouvoir. Quant à eux, ni coupables, ni masochistes (sans "bonheur dans la servitude"), les Serbes à grande tradition de compassion ne baissent pas pour autant la tête, ne s'agenouillent pas et ne se soumettront pas. Deuxième concept: le velours démocrate libéral. Au début de l'éclatement des sociétés communistes il était de bon ton de se dire et redire en permanence "démocrate", sans avoir pris le soin d'étudier l'origine du mot chez ses pères-créateurs. Pour jeter la poubelle le soir, il fallait donc être "très démocrate". Depuis, en Serbie, ce concept a été un peu démystifié. Dans une ancienne nation de créativité et de talent slaves, de tradition combattante et disciplinée, le sacré conserve sa place, la première (le voltairisme anti-spirituel ayant eu le bon goût d'être absent), oriente le sens de l'histoire et impose le respect des valeurs et des choses importantes. De là l'aversion envers les démocraties uniquement financières. Pas de réductionnisme économique comme dans la société marchande. La mode des trotskystes apatrides niant les réalités nationales et travaillant, qu'ils s'en rendent compte ou non, pour le grand capital transnational, ("un style de peinture absurde dans lequel entrent en s'effaçant les styles de Raphaël, de Rembrandt, de Dürer, de Rubens et de Monet à la fois", comme aurait dit Keyserling), n'a pas gagné de terrain. La Serbie place au plus haut niveau le respect de l'originalité et de l'Homme et, simplement, c'est le coeur plein de joie que les Serbes viennent vers vous et vous demandent toujours: d'où viens- tu et qui es tu? Quelles sont tes racines? ("Ciji si ti mali?"). Motif épistémique naturel. C'est vrai, on reste beaucoup plus tenté par la verticalité métaphysique que par l'horizontalité domestique. OCTOBRE 2000, APRES LA'REVOLUTION' SERBE La surprise du lendemain: tous les chemins mènent aux Balkans Percer la péninsule, créer de nouvelles bases militaires, piller les richesses du sous-sol de la région, employer une main d'oeuvre qualifiée et sous-payée, ouvrir un pont vers la nouvelle route de la soie après avoir coupé les ponts sur le Danube, continuer à provoquer des conflits ethniques, affaiblir économiquement l'Europe de l'Est de façon à la rendre encore plus dépendante, monter des groupes manipulés contre la Russie comme contre la Yougoslavie, mettre la main sur les richesses de la Caspienne et de l'Asie centrale..., pour cela il fallait au préalable écraser la Serbie. Chaque enfant serbe pourrait répéter cette vision passéiste et prémonitoire à la fois. Ce grand projet sera-t-il facilité ou rendu plus difficile aujourd'hui? Pour savoir ce qui se passera au coeur de la seule nation-Piémont des Balkans, il faudrait peut-être connaître ce qui ne s'y passera pas. La guerre psychologique contre ce pays slave, chrétien et orthodoxe, contre l'une des rares vraies nations des Balkans, a continué sous un autre masque que celui de la lutte contre le communisme, mais avec d'autant plus de hargne que sa réussite finale était incertaine. Les Serbes ont décidé de régler leurs problèmes tous seuls. Au Kossovo, les monastères du XIII et du XIVe siècle brûlent toujours, dynamités par les fanatiques islamistes, la terre où gît l'or et quelques minerais stratégiques comme le Cadmium (qui sert à fabriquer des composants d'ailes d'avions et de fusées) se voit découpée en tranches dévolues aux occupants, pardon aux Alliés. L'an dernier les "soldats de la paix" ne m'ont pas laissée entrer au monastère de Gracanica au Kossovo, mon temple. J'avais presque envie d'adopter un comportement non-chrétien à leur égard, hélas, ils étaient armés. Alors, pour me venger à la fin, je me suis contentée de leur poser une question sur l'histoire du monument dont ils m'interdisaient la visite . Sans réponse, comme je l'avais prévu, les soldats britanniques me jetaient un regard ignorant, perplexe et idiot. Ce regard était le symbole même de leur "mission" insensée. Depuis l'entrée des "libérateurs" américains et autres, environ mille Serbes ont été assassinés et autant ont été enlevés. Depuis le 1O juin 1999, date du déploiement de la KFOR et de la MINUK, soit en un an, l'on a compté 1027 assassinats, dont 902 de Serbes. Ajoutons les 2000 morts des bombardements de l'OTAN et les 7000 blessés dont la presse occidentale ne parle pas. La résolution 1244 de l'ONU n'est pas appliquée. Quatre-vingt- dix édifices religieux, églises et monastères serbes ont été détruits; drogue, prostitution, trafics d'armes, trafics d'icônes volées dans les églises (on parle de10 000 pièces); enfin, trafics d'organes prélevés sur les morts mais aussi sur les vivants (d'où le nombre important d'enlèvements de Serbes, un millier environ). Des moments ou des lieux "d'où la République se retire", pour reprendre Chirac. Le "Kouchnérisme" (qui consiste à débarquer dans un pays dont on ne connaît ni les moeurs ni l'histoire, à faire son cinéma devant les caméras parisiennes et complices, propose comme bouquet final du sansfrontiérisme la farce électorale dans une contrée dépourvue de recensement et à fortiori de listes électorales. Les dix-huit "Alliés" qui, en plus des bombes à fragmentation et des obus à uranium appauvri, se sont servi aussi de phosphore et de napalm pour brûler la Serbie, ont définitivement détruit les restes de l'esprit d'une opposition "occidentaliste", au sens américanophile du mot. Cette ambiance, Spengler l'avait prévue. Cet esprit ne sera plus jamais ce qu'il a pu être auparavant. En obéissant aux ordres du Pentagone, les démocraties occidentales se sont en quelques sortes auto-éliminées. Malgré les intellectuels, travailleurs et étudiants serbes qui pendant des années ont vécu en Amérique et en Europe de l'Ouest, malgré l'envie de tourner la page et de recommencer la vie chrétienne commune, malgré les besoins du marché et de l'échange, un sentiment d'amertume restera à jamais ancré dans l'âme de chaque Serbe et la nécessaire coopération future, le rapprochement avec les pays qui ont pris leur part meurtrière contre la Yougoslavie se joueront forcément sous un masque de distance et de prudence. Le refoulement psychologique, ce credo du New Brave World, ne fonctionne pas chez les Serbes. Au plus profond de lui- même, presque aucun Serbe ne croit que la guerre des "Alliés" a été menée contre Slobodan Milosevic mais bien dans un but géopolitique et contre tout un peuple. Je parle des sentiments. Quant aux preuves matérielles elle n'ont jamais manqué. Comme disait Mao, "être attaqué par l'ennemi est une bonne chose" et les services de propagande des pays de l'Otan n'auraient pas pu faire mieux pour augmenter l'aversion contre tout ce qui vient d' outre-Atlantique, au point que l'on peut se demander s'ils n'ont pas été téléguidés secrètement dans ce but par la grande conspiration des agents de l'Est... Quoi qu'il en soit, ils ont échoué dans leur surréaliste et débile action militaire contre la Yougoslavie, en faisant retarder de beaucoup l'évolution politique normale de ce pays. Aujourd'hui il n'y a qu'une seule question qui se s'impose: une vie américaine vaut-elle plus qu'une vie irakienne ou Serbe? la solution est chez nous: "tout ce qui est national est nôtre"(Philippe VIII, Duc d'Orléans) L'ex triumvirat yougoslave au pouvoir, tant décrié, robuste, constituait un bloc patriotique à l'ancienne (comme du temps de la guerre froide) du point de vue de la politique extérieure. A l'intérieur, il avait du mal à effectuer les réformes nécessaires, eu égard à la difficile situation économique consécutive à dix ans de guerre et d'embargos, à 78 jours de bombardements destructeurs des infrastructures et à la corruption accrue de ses propres cercles (mettons à part les Radicaux Serbes). Bien sûr, comme toujours dans l'Histoire, à la veille des grands changements politiques l'incompétence des vieilles structures est flagrante, l'arrogance des bureaucrates, jointe à leur incompétence, suscitent aversion et dégoût. Le peuple subit les velléités d'un pouvoir qui se délite et on sent bien que ça va craquer. Les Serbes ont choisi comme chef de l'"opposition unie" Vojislav Kostunica, un homme politique discret et compétent, à l'abri de la maladie de la crise d'identité nationale, un homme cultivé apte à l'analyse et respectueux de principes, pour qui les valeurs nationales sont essentielles. L'aversion et le dégoût dont j'ai parlé à l'instant touchaient en vérité à la question du Sens: à qui faire confiance dans ce monde frelaté et contaminé qui n'a pas su ou n'a pas voulu empêcher que nos villes brûlent, que nos écoles et nos hôpitaux soient détruits alors qu'une figure autoritaire ne faisait que profiter du malheur du peuple ? Qui peut arbitrer sur notre espace maintenant? L'opposition nationale et la majorité plurielle étaient sur la même ligne de défense contre l'OTAN. Voilà la conséquence directe d'une guerre psychologique avortée contre la Serbie. Mon peuple se trouve aujourd'hui entre le jadis et le demain, entre le chagrin et la fierté, entre la vérité et l'efficacité, entre l'euphorie du changement et le souvenir ancré du drame, entre le cadavre du Mal au dedans du pays et l'autre Mal, celui de la bête, bien vivante celle-là, au dehors. Et la ligne de partage demeurera forcément entre "Nous" et "les Autres", même si les autres ne sont pas forcément l'enfer, mais ils ne sont pas le Paradis non plus. Tous les Serbes savent que les plans Marschall sont faits et conçus pour détruire dans le but de reconstruire ensuite. "C'est le cas où le manque lui-même a été pré-conditionné pour justifier la prothèse". La question du Conducator n'en est qu'une rationalisation a posteriori. Il s'agit d'un raisonnement non-aristocratique de "profit-man" bourgeois et capitaliste à grande échelle. Les Serbes n'ignorent pas non plus que le refoulement et l'oubli sont des mécanismes psychologiques dominants depuis le Schisme des deux Eglises, et qui ont imprégné toute la culture chrétienne occidentale. On sait parfaitement que le politique et le moral sont séparés explicitement et ont des destinées différentes depuis les anciens Grecs. On tient également compte du fait que des élections importantes auront lieu prochainement dans quelques pays occidentaux. Et l'on admet, depuis Tocqueville, que la démocratie et la "tyrannie de la majorité" sont des formes plutôt nécessaires quand elles ne deviennent pas auto-destructives. On anticipe, du reste, tout ce qu'il nous faudra faire dans notre Patrie, non seulement la restauration de l'économie (l'ultima ratio du pays), la reconstruction des villes et des bâtiments, certes, mais encore exiger le démantèlement des bases étrangères, notamment de la fameuse base américaine de "Bondsteel" qui s'inscrit dans le dispositif d'attaque et d'encerclement du monde slave et de contrôle d'une Europe qui, sans ce dernier n'est pas l'Europe mais une simple colonie ouest et centre-européenne de l'oncle Sam. Ce dernier ne se contente pas de faire payer les Européens pour une agression à laquelle ils ont été entraînés contre eux-mêmes, ils se remboursent aussi de leurs frais en pillant les ressources du sous-sol d'une province qui n'en est pas aussi dépourvue qu'on l'a prétendu. Il nous faudra aussi, pour reprendre une expression sortie de leur bouche, "rester vigilants" face à l'abus de liberté démocratique qui masque de plus en plus mal, ici et là, la mainmise des puissances d'argent et des firmes transnationales sur les nations à travers l'abaissement de l'Etat et l'abrutissement des peuples par les productions culturelles débilitantes. Et ce sera à nous et à personne d'autre de régler comme nous l'entendons nos problèmes intérieurs en empêchant les aréopages ad hoc et les intellectuels organiques de l'OTAN de nous imposer leurs principes et leurs lois. On peut le constater dans les campagnes naissantes, à peine Milosevic a-t-il été écarté du pouvoir que les mêmes s'essaient à la culpabilisation de notre nouveau président sur lequel les pressions les plus diverses s'exercent (par la flatterie pleine d'arrière pensées aussi bien que par l'attaque qui ne diffère en aucune façon de celle d'hier). Comme hier, mais avec pour certains plus de sournoiserie, on continue à nous imputer les dizaines de milliers de victimes d'une guerre que nous avons subie, en incluant dans la facture morale ou dans les statistiques nos propres victimes ou en les ignorant ce qui revient au même. Sans doute faut-il y voir de la part de certains complices du maître américain la volonté de faire diversion en attirant l'attention sur ce qui, pensent-ils, les dédouanent, mais les mêmes doivent savoir que nous n'avons pas perdu la mémoire et que, s'ils sont amnésiques, nous, nous avons, comme aurait dit Nietzsche, "la mémoire la plus longue"... Il est donc vain d'essayer de tirer un quelconque "repentir" de la Serbie dans ce que nous identifions comme une vulgaire "accusation en miroir" de la part de gouvernements coupables de nous avoir bombardés hier, dont nous connaissons les antécédents peu reluisants, et qui, dans le monde, ont une morale à géométrie variable, la géométrie de leurs intérêts à court terme et des rapports de force. Mais n'est-ce pas, d'ailleurs, exactement ce qui à un moment donné (le "maître" de Bagdad étant passé de mode et le "maître" de Belgrade n'étant plus là) est arrivé au président russe Vladimir Poutine, objet depuis son accession au pouvoir d'une diversion psychologique scolaire et transparente manifeste? Bien sûr, il nous faut empêcher en Serbie tous ces chantages et conditionnements psychologiques des lobbies dominants. Nous attendent ensuite le maintien de la paix civile et de l'unité spirituelle de notre peuple, l'éradication de la corruption de la classe politique, la canalisation adéquate du sentiment national, la résolution d'un problème artificiellement créé entre les Serbes et les Monténégrins,... la survie de l'âme individuelle et collective des deux rameaux d'un même peuple. C'est à dire, de nous autres. Un travail immense devant Dieu. Face à l'hypocrisie immanente du monde politique, ne pas demander impatiemment la justice des émotions, une faiblesse des Serbes. Ensuite, résister à tous les chantages. "Si vous êtes contre les sociétés multinationales, c'est que vous êtes nationaliste, donc fasciste!" expliquait Henri Gobard dans La Guerre Culturelle. Si vous êtes contre le capital transnational ou national-américain et la main-d'oeuvre sous payée au seul bénéfice de la grande bourgeoisie d'affaire, vous êtes nationaliste, donc fasciste! Si vous êtes contre les bases militaires yankees dans votre pays (qui protègent encore le "monde libre"), vous êtes nationaliste, donc fasciste! Si vous êtes pour le maintien de votre langue et contre la déportation des travailleurs étrangers, si vous osez parler de vos spécificités serbes, de votre culture, de votre identité, vous êtes nationaliste, donc fasciste! Si vous vous opposez à l'exploitation des mines du Kossovo par les Occupants, pardon, par les Alliés, c'est que vous êtes nationaliste, donc fasciste! Ca n'en finit pas... Heureusement que pendant tous ces années de souffrances et de Résistance, la Serbie, contrairement à ce que l'on croit, s'est renforcée psychologiquement, a renforcé son immunité et a mûri. Et pour généraliser un peu, les descendants de Dostoïevsky n'avaient-ils pas la réputation d'être toujours de bons psychologues? Mais n'est-ce pas ce que les lobbies de la globalisation forcée craignent le plus? . L'avenir de la Serbie reste pourtant imprévisible. Dieu voit la suite* mais attend, comme aurait dit Tolstoï. Cette incertitude existentielle est particulièrement pertinente en ce qui concerne les Slaves. Le carrefour où jadis eut lieu le grand Schisme des deux Chrétientés, celui où l'Islam conquérant fut arrêté, où la guerre froide chercha naguère ses marques, ce carrefour dangereux est non seulement la clé de l'avenir des Balkans mais encore du devenir de l'Europe et du monde. La Serbie en est toujours le coeur. Moi qui suis pessimiste et joyeuse à la fois, je le sais : il vivra longtemps le peuple serbe, car il n'a jamais eu peur de la mort! DR. MILA ALECKOVIC NIKOLIC *1 LA JUSTICE POUR LA SERBIE (Slogan de l'hymne nationale historique serbe) *2 paraphrase d'un héros de Dostoïevsky *3 le mot est de moi -------------------------------------------------------- FOR FAIR USE ONLY --> La lista JUGOINFO e' curata da componenti del Coordinamento Nazionale per la Jugoslavia (CNJ). 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