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From archidiocese bukavu
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WEEKLY NEWS - SPECIAL ISSUE of: 11-09-2002 - FROM BUKAVU - SUD-KIVU - RDC
Nous venons de recevoir ce "mot" de l'archidiocèse de Bukavu.
Nous vous l'envoyons avec nos excuses si vous l'avez déjà reçu.
Paolo
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LA RD-CONGO A L'HEURE DE L'ACCORD INCLUSIF ET DU RETRAIT DES TROUPES
D'AGRESSION
MOT DE L'ARCHIDIOCESE DE BUKAVU A L'AMBASSADEUR DES ETATS UNIS EN VISITE A
BUKAVU, CE 03 SEPTEMBRE 2002.
1. Du nouvel ordre Institutionnel
Nous rappelons ici l'équivoque qui a prévalu à l'accord de Lusaka: le Monde
s'était comporté comme si le Congo était d'abord en dysfonctionnement
politique par déficit démocratique, ce qui, dans cette hypothèse, aurait
provoqué la dissidence d'un camp, qui serait entré en rébellion. Avec le
temps, on s'est rendu compte qu'il s'agissait plutôt d'une question
d'agression et de prédation. Logiquement les accords de Pretoria et de
Luanda fondés sur le fait notoire d'agression et de prédation remplacent
légitiment celui de Lusaka fondé sur l'hypothèse de rébellion.
Or, la mise sur pied du nouvel ordre Institutionnel demeure paradoxalement
la condition pour que tout le monde signe l'accord inclusif Et ce nouvel
ordre Institutionnel sous-entend en fait le partage du Pouvoir entre les
Ténors des différentes composantes à commencer par les composantes
belligérantes comme si le peuple leur devait une prime à la guerre !
Nous apprenons que la Communauté Internationale par l'intermédiaire du
Médiateur du Secrétaire Général de l'ONU Mustapha Niase veut imposer la
formule «l+ 4 » c.-à-d. un Président plus quatre Vice-présidents de la
République comme garantie à la démocratie et donc à la paix. Il y a là à
boire et à. manger.
Au sujet de ce schéma de partage du pouvoir en RD Congo, une remarque
s'impose. Nous apprécions le souci de la Communauté Internationale de voir
notre pays accéder à la paix mais nous sommes tout de même étonnés de voir
que la proposition faite n'est guère réaliste et n'a jamais fait recette
ailleurs, que nous le sachions !
En effet, où a-t-on déjà vu un pays sortant d'une situation aussi troublée
que le Congo accéder à la démocratie par le partage du pouvoir, avec un
gouvernement aussi collégial que celui de 4 Vice-présidents ? Au Congo,
dans les territoires occupés, l'Etat est aujourd'hui absent et nous avons
l'impression que par cette formule on voudrait nous demander de le
reconstituer en le dissolvant, ce qui serait absurde.
Par contre, nous pensons que pour une véritable paix, il faudrait plutôt un
pouvoir assez fort du Chef de l'Etat pour garantir l'unité et la
souveraineté nationales. A Kigali et à Kampala on a renforcé le pouvoir de
l'Etat après la guerre. En Angola c'est pareil. Mais au Congo, on
voudrait le dissoudre ! Où veut-on en venir ?
Dans un pays qui a longtemps connu des troubles, la paix et la démocratie
nécessitent un pouvoir fort et non l'inverse.
En outre dans les négociations pour le partage du Pouvoir en RD Congo, il
est quand même curieux de continuer jusqu'aujourd'hui à mettre sur le même
pied d'égalité le Pouvoir légal de Kinshasa et les rébellions en
déliquescence qui se sont révélées de véritables marchepieds des puissances
étrangères qui ont servi de parrains, avec pour objectif caché de piller
les ressources du sol et du sous-sol congolais.
Toutefois, si l'on veut à tout prix contenter les rebelles et les autres
politiciens qui veulent le pouvoir pour le pouvoir, et si c'est le prix à
payer pour la paix et l'unification du pays, nous serions à la rigueur
d'accord avec cette formule de 4 vice-présidents à 3 conditions :
a. Que ceux-ci ne constituent qu'un organe consultatif du genre
Conseil Supérieur de la République dont le chef de l'Etat est Président
b. Que cela ne gêne en rien les prérogatives au chef de l'Etat, chef
de gouvernement et Garant de la souveraineté et de l'unité nationales.
c. Que chaque groupuscule de bandes armées ne réclame pas à ce titre
le droit de siéger au sommet de l'Etat. Ce serait faire une prime
excessive à l'anarchie. Car s'il fallait compter le nombre des RCD depuis
1998, il nous faudrait non pas 4 vice-présidents, mais certainement une
vingtaine : ce qui serait ridicule ! D'ailleurs, ils étaient 50 du RCD à
signer les accords de Lusaka, ils seront bientôt à 50 présidents ou 50
présidents-dissidents à briguer la vice-présidence de la République.
2. Du retrait des troupes des Pays agresseurs
Il est temps d'appliquer sans délai et sans condition les résolutions du
Conseil de Sécurité de l'ONU sommant les troupes d'agression de rentrer
chez elles. Tout le monde a compris que le prétexte de la sécurité aux
frontières ne tient plus debout surtout avec la présence de la MONUC dont
le mandat doit évoluer vers la mission d'imposition de la paix. Cela veut
dire que les troupes des 2 pays concernés pour une frontière donnée doivent
se masser aux frontières doublées par les troupes de la MONUC pour garantir
la paix. A titre d'exemple pour la sécurité du Rwanda, ses troupes
devraient se retrouver sur la ligne allant de Jomba dans le Territoire de
Rutshuru jusqu'à Bugarama dans la Plaine de la Ruzizi mais du coté de sa
frontière, en même temps que les troupes de la RD-CONGO du côté de sa
propre frontière, pour surveiller les éventuelles infiltrations des
inciviques de part et d'autre de la frontière sous l'oeil vigilant et
arbitre de la MONUC.
Mais la surveillance s'applique aussi pour empêcher la fraude et le pillage
des ressources. Donc la MONUC déploiera ses éléments dans les aéroports et
aérodromes pour surveiller que si les avions ruandais y atterrissent
encore, c'est uniquement pour retirer leurs troupes qui y seront
rassemblées et non pour continuer à s'emparer sans façon des matières
premières.
Et s'ils veulent ces matières ils n'ont qu'à s'acquitter des redevances y
afférentes selon la réglementation congolaise en vigueur.
3. Du voyage éventuel de Paul Kagame à Kinshasa
La rumeur chuchote ces derniers temps la possible visite de Paul Kagame à
Kinshasa, cela ne peut s'entendre ou s'accepter actuellement que si
effectivement ses troupes se retirent au préalable.
Autrement, accueillir Kagame à Kinshasa dans le contexte actuel, c'est se
moquer des Congolais qui continuent à mourir des balles ruandaises de ses
militaires, lesquels continuent à sillonner le territoire occupé jusqu'à
des fronts situés à plus de 1000 km du Ruanda pour déstabiliser les paysans
et les combattants nationalistes Mayi Mayi, même s'il faut déplorer le fait
qu'il y ait des brigands congolais qui portent ce nom.
4. De la campagne militaire ruandaise au Congo contre Masunzu
Il est étonnant que depuis le mois de janvier 2002 que le Rwanda extermine
et déporte les paysans Banyamulenge dans une campagne fortement armée
contre le commandant Masunzu, la Communauté Internationale ne se soit pas
inquiétée outre mesure. L'opinion se rappellera qu'à 2 reprises en 1996 et
1998 les prétextes des guerres dites de libération à partir de l'Est du
Congo ont été la revendication de la nationalité des Banyamulenge et leur
protection en tant que minorité et ce, sous le battage médiatique
occidental sans précédent.
Aujourd'hui que les troupes de l'APR déploient une force de frappe plus
meurtrière que jamais déployée auparavant (même pas contre ses terribles
Interahamwe) et qu'elles exterminent littéralement cette communauté humaine
considérée comme une espèce rare en danger de disparition depuis 1996, nous
pensons que l'ONU, l'UE, l'UA. et les grandes ONG championnes en défense
des droits humains devraient suivre de près le dossier et en demander les
comptes au gouvernement de Kigali. Les Etats Unis pourraient les y encourager.
5. Des propositions concrètes pour le retrait des troupes rwandaises
En 4 ans, la rébellion a démontré son incapacité notoire d'administrer le
territoire qu'elle prétend gouverner et de sécuriser les populations qui
s'y trouvent ainsi que leurs biens, Dans le même temps, les troupes
rwandaises d'agression ont démontré depuis 6 ans qu'elles sont incapables
de se défaire des Interahamwe au Congo, qu'elles prétendent pourtant être
venues mettre hors d'état de nuire. Au contraire, il y a même une
situation ambiguë qui fonde des soupçons sérieux de leur part d'alimenter
ces bandes d'Interahamwe par d'anciens génocidaires sortis fraîchement des
prisons du Rwanda pour servir d'appât au Congo au sein de l'APR.
En troisième lieu, il est assez prouvé que les troupes rwandaises qui sont
venues au Congo en 1996 pour pourchasser les « génocidaires » se sont
converties globalement de 1998 en troupes de pinards des mines et de fisc.
Quatrièmement, depuis l'accord de Pretoria on observe un renforcement de
troupes rwandaises avec camions allemands neufs et chars blindés tandis que
dans la zone de Maniema le RCD comme troupes congolaises est pratiquement
inexistant, ce qui y fait place à l'anarchie plus indescriptible.
Nous pensons donc que le principe du retrait et du désarmement doit se
faire sur base de ces 3 principes :
a) que ni le RCD ni l'APR ne président à ces opérations aux frontières
sous peine de les polluer. Nous en avons donné les raisons ci-haut. C'est
une mission à confier aux troupes de la MONUC, avec des observateurs
officiers de RCD - FAC - APR.
b) que l'APR cesse de considérer l'Est du Congo comme un territoire
conquis où il entre et sort sans formalités, jour et nuit. Ce qui signifie
qu'actuellement les troupes rwandaises entrent et sortent en masse, comme
c'est le cas depuis 6 ans et même après les accords de Pretoria. La MONUC,
assistée d'officiers de la RDC, serait donc aux frontières terrestres et
aériennes pour vérifier la cargaison des avions rwandais et véhicules
militaires rwandais circulant au Congo, qui n'y seraient plus autorisés que
pour le retrait des troupes principalement. En cas de commerce, il faudra
s'assurer que les taxes seraient versées régulièrement au trésor public de
la R.D. Congo. Ce serait là un signe que réellement la paix est en
marche. Autrement ce sont de simples mots.
c) Que Bukavu, Goma, Uvira et Kalemie commencent enfin à bénéficier de
la libre circulation des personnes et des biens à l'intérieur des
frontières du Congo comme c'est déjà le cas pour Beni, Bunia et Gbadolite
ainsi que dans tous les territoires légitimement administrés par le
Gouvernement ou de facto gérés par le MLC ou le RCD/ML.
Si tel est le cas, les troupes rwandaises se hâteraient de se retirer car
elles ne seront plus ravitaillées anarchiquement, ni ne pourront piller
sournoisement et impunément. Elles n'auraient donc plus d'intérêt dans
l'affaire.
Pour ce qui concerne la démobilisation et le désarmement des Interahamwe,
s'il en reste, nous nous referons aux textes de Mgr KATALIKO adressés à Mme
ALBRIGHT, le 21/06/1999 (Cfr. Brochure KATALIKO, texte n° 09). Le Titre
est celui: « Contribution de l'église catholique de Bukavu à la résolution
des conflits dans la région ».
Bref, nous demandons aux puissances occidentales de cesser d'être
complaisantes vis à vis du pouvoir de Kigali qui sème la mort et la
désolation au Congo et dans le sous-continent d'Afrique Centrale. Enfin,
dans le processus de paix au Congo, nous nous félicitons tout de même de
l'approche positive de l'administration Bush.
Fait à Bukavu, le 03/09/2002.
l'Archidiocèse de Bukavu,
Mgr MAROY François Xavier,
Vicaire Général
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Un homme meurt chaque fois que l'un d'entre nous se tait devant la tyrannie
(Wole Soyinka, Prix Nobel litterature)
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Everytime somebody keep silent when faced with tyranny, someone else dies
(Wole Syinka, Nobel Prize for Literature)
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