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Position des kivutiens sur l'après Sun City
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- Subject: Position des kivutiens sur l'après Sun City
- From: CONGOSOL - servizio informazioni <congosol@neomedia.it>
- Date: Sat, 1 Jun 2002 13:26:07 +0200
Title: Position des kivutiens sur l'après Sun
City
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source: SIMA-Kivu
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POSITION DES
CONGOLAIS DU KIVU CONCERNANT
LA SITUATION DU
PAYS APRÈS L'ACCORD DE SUN CITY
Notre association SIMA-KIVU (Soutien
aux Initiatives des Mouvements Actifs au Kivu) est une organisation de
droit belge existant depuis douze ans. Elle sert d'interface aux
organisations de la Société civile du Kivu en République
Démocratique du Congo avec différents partenaires en
Europe.
A ce titre, nous voulons traduire
l'opinion des populations des provinces occupées et des
ressortissants congolais du Kivu en Belgique sur la situation de notre
pays à la suite du dialogue intercongolais qui vient de s'achever
à Sun City, en Afrique du Sud.
Comme la majorité du peuple
congolais, tout en nous félicitant de l'accord partiel de gestion
de la Transition qui a recueilli l'assentiment d'une large
majorité des participants au dialogue intercongolais et constitue un
premier pas vers le retour de la paix, nous regrettons que cet accord
n'ait pas impliqué tous les acteurs majeurs de la guerre du Congo,
en particulier le RCD-Goma et l'U.D.P.S. Et nous condamnons
l'option prise par ces derniers de poursuivre la guerre, car celle-ci
prolonge l'enfer dans lequel vivent les populations de l'Est
depuis six ans.
Deux événements survenus ce
mardi 14 mai 2002 sont venus illustrer à quel point les
conséquences immédiates de cette situation sont désastreuses pour
les Congolais. Il s'agit d'abord du massacre de la population
civile de la ville de Kisangani (55 morts au moins) par les soldats de
l'armée patriotique rwandaise et du RCD, à la suite d'une
mutinerie intervenue au sein de ces forces armées. Il s'agit
ensuite de l'information révélée notamment par l'AFP, selon
laquelle « une mission du Conseil de sécurité de l'ONU a
recommandé que des troupes du Rwanda, de l'Ouganda et du Burundi
soient déployées le long de la frontière intérieure du Congo
pour défendre leurs pays contre d'éventuelles attaques menées
par des rebelles ».
Monsieur Jean-David Levitte,
ambassadeur de France à l'ONU, qui conduisait cette délégation
en Afrique centrale entre le 27 avril et le 7 mai 2002 a déclaré
au Conseil de Sécurité que « la création
d'un ¾rideau¾ de troupes le long de
la frontière orientale du Congo constituerait une étape
intérimaire avant le retrait complet des troupes
étrangères ». Et le diplomate d'ajouter : « Trois
pays ont un problème de sécurité : l'Ouganda, le Burundi,
et surtout le Rwanda. L'idée, c'est commencer le retrait
progressif des troupes étrangères, à l'exception de ces trois
pays, pour un temps limité et dans des zones limitées le long des
frontières ».
Notre association tient à
dénoncer vigoureusement cette proposition cynique - à laquelle le
gouvernement de Kinshasa aurait souscrit - parce qu'elle ignore le
droit à la sécurité du Congolais, elle détourne le processus
de paix de sa trajectoire, et elle constitue une caution
internationale à l'occupation du Congo sous des prétextes
sécuritaires avancés par les pays agresseurs.
Primo : la création de
« couloirs tampons » aux frontières orientales ne
figure dans aucune des mesures préconisées pour mettre fin à
l'occupation du Congo par ses trois voisins. Nous craignons que cette
proposition ne soit destinée à enterrer l'accord de
cessez-le-feu de Lusaka et les différentes résolutions du Conseil
de Sécurité de l'ONU obligeant le Rwanda, l'Ouganda et le
Burundi à se retirer « sans délai » du territoire
congolais.
Secundo : comment
envisage-t-on le déploiement le long des frontières intérieures
du Congo de troupes d'agression, celles-là même qui sont à la
base de crimes odieux sur la population civile et qui ont exprimé
des ambitions expansionnistes sur le territoire congolais ? Pour
les populations du Kivu, ce plan cache mal une caution à
l'annexion d'une partie du Congo par les trois pays voisins,
spécialement le Rwanda.
Tertio : l'existence
de ce plan de « zones tampons », d'une part, le rejet
de l'accord de Sun City par le facilitateur Masire, le président
sud-africain Thambo Mbeki et le président rwandais Kagame, d'autre
part, démontrent à suffisance qu'en dépit des efforts des
Congolais pour régler leurs différends, l'épicentre de cette
guerre se trouve bel et bien à l'extérieur du Congo.
Au regard de ce qui précède,
notre association formule les recommandations ci-après
:
1. Nous croyons
que l'accord signé entre le gouvernement de la RDC et le MLC
a la capacité de résoudre la dimension interne de la crise, à
condition qu'il implique tout le monde. A cet effet, nous invitons
les autorités de Kinshasa à s'abstenir d'attitudes
triomphalistes et nous lui rappelons qu'une fois de plus ce sont les
populations des provinces occupées qui demeurent abandonnées entre
les mains des armées d'occupation et de leurs collaborateurs du
RCD-Goma et de l'UDPS.
2. Nous en
appelons à la responsabilité des uns et des autres pour que tous
les moyens soient mis en ¦uvre rapidement en vue d'impliquer tous
les acteurs congolais de la crise dans le partage du pouvoir pendant
la Transition.
3. Nous rejetons
avec force toute initiative tendant à installer des
« couloirs tampons » au Congo et invitons le gouvernement
congolais à dénoncer et à rejeter purement et simplement cette
proposition et à revenir à la dynamique de Sun City.
4. Nous rappelons
donc au Conseil de sécurité des Nations unies son obligation
d'appliquer ses propres résolutions, et l'invitons à mettre en
¦uvre les mécanismes prévus au chapitre VII de la Charte de
l'ONU pour obtenir « le retrait sans délai des armées
rwandaise, burundaise et ougandaise » du territoire
congolais.
5. Nous demandons
que dès maintenant, en échange de ce retrait, le gouvernement
congolais s'engage solennellement à coopérer avec la MONUC pour
le recensement et le désarmement des combattants hutus Rwandais et
autres rebelles burundais et ougandais se trouvant sur le territoire
congolais et à les mettre sous la responsabilité de la communauté
internationale.
Fait à
Bruxelles, le 17 mai 2002.
SIMA-KIVU, a.s.b.l.
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