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Réflexion du journal Le Soir



Title: Réflexion du journal Le Soir







RéFLEXION DU JOURNAL LE SOIR

 

En 1997, tous les espoirs étaient permis. Cinq années se sont écoulées depuis la chute de Mobutu. Où en est le Congo, ex-Zaïre ? Une réflexion du journal belge « Le Soir ». Le 17 mai 1997, une page se tournait : Mobutu était obligé, après 32 ans de pouvoir, de fuir devant une armée composite, mise en place par le Rwanda et l'Ouganda, une force dont la première mission fut de démanteler les camps de réfugiés hutus au Kivu abritant les auteurs du génocide rwandais. A la tête de cette coalition, un homme qui devint président de l'AFDL (Alliance des forces pour la libération du Congo), Laurent Désiré Kabila.
1- Que sont devenus les signataires de l'accord de Lemera (Sud Kivu), qui, en octobre 1996 avait permis la constitution de l'AFDL ? Le commandant André Kisasse Ngandu, qui avait dirigé les rebelles congolais basés en Ouganda, fut assassiné en janvier 1997, victime d'une embuscade ou liquidé par ses gardes rwandais. Le commandant Anselme Masasu, un Kivutien, qui avait recruté les « kadogos » (enfants-soldats) a été exécuté en octobre 2000 à Pweto au Katanga. Laurent-Désiré Kabila, le « tombeur » de Mobutu, fut abattu à bout portant par son garde du corps, le 16 janvier 2001. Déogratias Bugera, un Tutsi congolais du Nord Kivu (Masisi) s'est reconverti dans les affaires en Afrique du Sud. Müller Ruhimbika, porte parole des Tutsis du Sud Kivu (Banyamulenge), est en exil en Europe.
2- Quels étaient les objectifs de la première guerre ? Le démantèlement des camps de réfugiés hutus qui menaçaient le Rwanda, a été réalisé, au prix de terribles massacres. Cependant, des milliers d'opposants hutus, les « génocidaires » se sont réorganisés au sein de l'ALIR I et II (Alliance pour la libération du Rwanda), protégés par Kinshasa. Le deuxième but de la guerre, assurer la sécurité des Tutsis vivant au Congo, est un échec : la nationalité congolaise des Banyamulenge n'est toujours pas acquise et depuis quelques mois, l'armée rwandaise assiège et bombarde les montagnes du Sud Kivu où vivent les Banyamulenge, afin de réduire la sécession du commandant Masunzu et de s'assurer le contrôle de l'aéroport de Minembwe. Le troisième objectif de la guerre, chasser Mobutu, fut atteint après sept mois de campagne militaire, mais de nombreux mobutistes sont revenus à Kinshasa avec Jean-Pierre Bemba. Quant à l'idéal panafricain, il s'est surtout traduit, de la part des pays impliqués, par la volonté de contrôler le Congo et d'en piller les ressources naturelles. Les élections, que Kabila voulait organiser dans un délai de deux ans, auront (peut-être) lieu dans 30 mois.
3- Pourquoi ses alliés initiaux (Rwanda et Ouganda) ont-ils voulu renverser Kabila en août 1998? Le vieux maquisard fut accusé d'avoir échoué à assurer la sécurité du Rwanda, d'avoir des tendances dictatoriales et de favoriser son groupe d'origine, les Katangais, au détriment des Tutsis, ses alliés initiaux. En réalité, à la fois nationaliste et incontrôlable, il voulait échapper à l'emprise de ses anciens alliés, créer un Congo fort, non aligné, s'inspirant plus d'un développement à la chinoise que des prescriptions occidentales. La tentative de renversement du régime, menée par les Rwandais et les Ougandais, bénéficia initialement du soutien tacite des Occidentaux. Elle fut mise en échec par les alliés de la SADC (Communauté économique de l'Afrique australe, Angola, Namibie, Zimbabwe) et le putsch manqué se transforma en guerre régionale.
4- Quel était le but des accords de Lusaka (juillet-août 1999) ? Leur finalité était double : d'une part, le dialogue inter congolais devait amener un nouvel ordre politique et forcer Kabila à partager ou abandonner le pouvoir ; et de l'autre, le cessez-le-feu, le désarmement des « forces négatives » menaçant le Rwanda et l'Ouganda, sous la surveillance de 5.500 observateurs de l'ONU, devait permettre le retrait des forces étrangères. Dans les faits, cet accord liant une obligation relevant du droit international (le départ d'armées étrangères) à un accord de politique intérieure à propos du partage du pouvoir, était ambigu dès le départ.

5- Le dialogue inter congolais de Sun City a-t-il réussi ? Partiellement : l'accord Kabila -Bemba a été ratifié par 80 % des délégués présents et la population espère qu'il mettra fin à la guerre. Dans les faits, cet « arrangement » auquel le RCD-Goma, sur instructions de Kigali, a refusé de souscrire, consacre la division du pays : une zone, contrôlée par le gouvernement, et l'autre où, sans l'assentiment de la population, évoluent le RCD-Goma et ses alliés rwandais, soutenus par quelques hommes politiques en quête de positionnement personnel comme Tshisekedi. Cependant, le dogme des accords de Lusaka est désormais périmé, les fonctions de Masire s'achèvent.
6- La communauté internationale parle-t-elle d'une seule voix ? Non : la France et la Belgique défendent le maintien au pouvoir de Joseph Kabila, qui a donné beaucoup de gages d'ouverture. Bruxelles défend le principe de l'unité du Congo, Paris aussi, mais souhaiterait également prendre une revanche sur Kagame. Les Britanniques donnent la priorité, comme les Etats Unis, à la sécurité du Rwanda, leur allié anglophone dans la région. Avant de libérer l'assistance économique promise au Congo, le FMI et la Banque Mondiale exigent un accord « inclusif ».
7- Le Congo va-t-il éclater ? Le démantèlement existe du fait de l'occupation étrangère, mais il est refusé par l'opinion, la guerre ayant révélé et renforcé les sentiments nationalistes. La fragmentation du territoire en régions soumises à des seigneurs de la guerre demeure un risque réel, des pouvoirs politiques faibles favorisant le pillage des ressources .
8- La guerre va-t-elle s'arrêter ? Pas dans l'immédiat. A Kisangani, Bunia, au Sud Kivu, au Nord Katanga, au Kasaï et ailleurs, les forces armées étrangères (Ouganda et surtout Rwanda) vont tenter de prolonger leur présence, prenant prétexte de conflits locaux, de soulèvements anti tutsi, de menaces sur les frontières. Ce qui empêchera le départ des alliés de Kinshasa.
9- Que peut faire la communauté internationale ? Déployer, comme le propose l'ONU, un « rideau de troupes » le long de la frontière rwandaise. Désarmer les forces hostiles à Kigali. Modifier le mandat de la Monuc afin de lui permettre d'imposer, par la force, le respect des résolutions du Conseil de Sécurité. Donner la priorité au sauvetage humanitaire des populations congolaises.·
 
Les réponses à ces interrogations n'engage que lejournal, Le Soir.






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