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Réflexion du journal Le Soir
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- Subject: Réflexion du journal Le Soir
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- Date: Tue, 21 May 2002 12:00:23 +0200
Title: Réflexion du journal Le Soir
RéFLEXION DU JOURNAL LE SOIR
En 1997, tous les espoirs étaient
permis. Cinq années se sont écoulées depuis la chute de Mobutu.
Où en est le Congo, ex-Zaïre ? Une réflexion du
journal belge « Le Soir ». Le 17 mai 1997, une
page se tournait : Mobutu était obligé, après 32 ans de
pouvoir, de fuir devant une armée composite, mise en place par le
Rwanda et l'Ouganda, une force dont la première mission fut de
démanteler les camps de réfugiés hutus au Kivu abritant les
auteurs du génocide rwandais. A la tête de cette coalition, un
homme qui devint président de l'AFDL (Alliance des forces pour la
libération du Congo), Laurent Désiré Kabila.
1- Que sont devenus les signataires de
l'accord de Lemera (Sud Kivu), qui, en octobre 1996 avait permis la
constitution de l'AFDL ? Le commandant André Kisasse Ngandu, qui
avait dirigé les rebelles congolais basés en Ouganda, fut
assassiné en janvier 1997, victime d'une embuscade ou liquidé par
ses gardes rwandais. Le commandant Anselme Masasu, un Kivutien, qui
avait recruté les « kadogos » (enfants-soldats) a
été exécuté en octobre 2000 à Pweto au Katanga.
Laurent-Désiré Kabila, le « tombeur » de Mobutu, fut
abattu à bout portant par son garde du corps, le 16 janvier 2001.
Déogratias Bugera, un Tutsi congolais du Nord Kivu (Masisi) s'est
reconverti dans les affaires en Afrique du Sud. Müller Ruhimbika,
porte parole des Tutsis du Sud Kivu (Banyamulenge), est en exil en
Europe.
2- Quels étaient les objectifs de la
première guerre ? Le démantèlement des camps de réfugiés
hutus qui menaçaient le Rwanda, a été réalisé, au prix de
terribles massacres. Cependant, des milliers d'opposants hutus, les
« génocidaires » se sont réorganisés au sein de
l'ALIR I et II (Alliance pour la libération du Rwanda), protégés
par Kinshasa. Le deuxième but de la guerre, assurer la sécurité
des Tutsis vivant au Congo, est un échec : la nationalité
congolaise des Banyamulenge n'est toujours pas acquise et depuis
quelques mois, l'armée rwandaise assiège et bombarde les montagnes
du Sud Kivu où vivent les Banyamulenge, afin de réduire la
sécession du commandant Masunzu et de s'assurer le contrôle de
l'aéroport de Minembwe. Le troisième objectif de la guerre, chasser
Mobutu, fut atteint après sept mois de campagne militaire, mais de
nombreux mobutistes sont revenus à Kinshasa avec Jean-Pierre Bemba.
Quant à l'idéal panafricain, il s'est surtout traduit, de la part
des pays impliqués, par la volonté de contrôler le Congo et d'en
piller les ressources naturelles. Les élections, que Kabila voulait
organiser dans un délai de deux ans, auront (peut-être) lieu dans
30 mois.
3- Pourquoi ses alliés initiaux (Rwanda
et Ouganda) ont-ils voulu renverser Kabila en août 1998? Le
vieux maquisard fut accusé d'avoir échoué à assurer la
sécurité du Rwanda, d'avoir des tendances dictatoriales et de
favoriser son groupe d'origine, les Katangais, au détriment des
Tutsis, ses alliés initiaux. En réalité, à la fois
nationaliste et incontrôlable, il voulait échapper à l'emprise
de ses anciens alliés, créer un Congo fort, non aligné,
s'inspirant plus d'un développement à la chinoise que des
prescriptions occidentales. La tentative de renversement du régime,
menée par les Rwandais et les Ougandais, bénéficia initialement
du soutien tacite des Occidentaux. Elle fut mise en échec par les
alliés de la SADC (Communauté économique de l'Afrique australe,
Angola, Namibie, Zimbabwe) et le putsch manqué se transforma en
guerre régionale.
4- Quel était le but des accords de
Lusaka (juillet-août 1999) ? Leur finalité était double :
d'une part, le dialogue inter congolais devait amener un nouvel ordre
politique et forcer Kabila à partager ou abandonner le
pouvoir ; et de l'autre, le cessez-le-feu, le désarmement des
« forces négatives » menaçant le Rwanda et l'Ouganda,
sous la surveillance de 5.500 observateurs de l'ONU, devait permettre
le retrait des forces étrangères. Dans les faits, cet accord liant
une obligation relevant du droit international (le départ d'armées
étrangères) à un accord de politique intérieure à propos du
partage du pouvoir, était ambigu dès le départ.
5- Le dialogue inter congolais de Sun City
a-t-il réussi ? Partiellement : l'accord Kabila -Bemba a été
ratifié par 80 % des délégués présents et la population
espère qu'il mettra fin à la guerre. Dans les faits, cet
« arrangement » auquel le RCD-Goma, sur instructions de
Kigali, a refusé de souscrire, consacre la division du pays :
une zone, contrôlée par le gouvernement, et l'autre où, sans
l'assentiment de la population, évoluent le RCD-Goma et ses alliés
rwandais, soutenus par quelques hommes politiques en quête de
positionnement personnel comme Tshisekedi. Cependant, le dogme des
accords de Lusaka est désormais périmé, les fonctions de Masire
s'achèvent.
6- La communauté internationale
parle-t-elle d'une seule voix ? Non : la France et la Belgique
défendent le maintien au pouvoir de Joseph Kabila, qui a donné
beaucoup de gages d'ouverture. Bruxelles défend le principe de
l'unité du Congo, Paris aussi, mais souhaiterait également prendre
une revanche sur Kagame. Les Britanniques donnent la priorité, comme
les Etats Unis, à la sécurité du Rwanda, leur allié anglophone
dans la région. Avant de libérer l'assistance économique promise
au Congo, le FMI et la Banque Mondiale exigent un accord
« inclusif ».
7- Le Congo va-t-il éclater ? Le
démantèlement existe du fait de l'occupation étrangère, mais il
est refusé par l'opinion, la guerre ayant révélé et renforcé
les sentiments nationalistes. La fragmentation du territoire en
régions soumises à des seigneurs de la guerre demeure un risque
réel, des pouvoirs politiques faibles favorisant le pillage des
ressources .
8- La guerre va-t-elle s'arrêter ?
Pas dans l'immédiat. A Kisangani, Bunia, au Sud Kivu, au Nord
Katanga, au Kasaï et ailleurs, les forces armées étrangères
(Ouganda et surtout Rwanda) vont tenter de prolonger leur présence,
prenant prétexte de conflits locaux, de soulèvements anti tutsi,
de menaces sur les frontières. Ce qui empêchera le départ des
alliés de Kinshasa.
9- Que peut faire la communauté
internationale ? Déployer, comme le propose l'ONU, un
« rideau de troupes » le long de la frontière rwandaise.
Désarmer les forces hostiles à Kigali. Modifier le mandat de la
Monuc afin de lui permettre d'imposer, par la force, le respect des
résolutions du Conseil de Sécurité. Donner la priorité au
sauvetage humanitaire des populations congolaises.·
Les réponses à ces interrogations n'engage
que lejournal, Le Soir.
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