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Kigali recuse l'accord gouvernement - Mlc



Title: Kigali recuse l'accord gouvernement - Mlc
 

Quand Sun City enterre Lusaka

Kigali récuse l'accord
 
Echec ou réussite ? Kinshasa s'interroge toujours sur la portée de l'accord conclu entre Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba, dirigeant du MLC.
 
Analyse de COLETTE BRAECKMAN
Le Soir en ligne du 26 avril 2002
 
Pour la France et la Grande Bretagne, qui se sont jointes à la Belgique dans une déclaration commune, l'accord représente une avancée importante, qui pourrait faciliter la transition politique .

Rappelons qu'aux termes de cet accord, Joseph Kabila demeure président durant la période de transition, avec Jean-Pierre Bemba comme Premier Ministre. Le président de l'assemblée nationale devrait être issu du Rassemblement congolais pour la démocratie, le mouvement rebelle basé à Goma tandis que le président du Sénat proviendra de l'opposition politique non armée. La société civile, quant à elle, présidera les «institutions citoyennes».

Lutte armée pour l'UDPS
Ce partage des tâches à la congolaise a cependant deux carences de taille : le RCD-Goma refuse la place qui lui est réservée tandis que l'UDPS de Tshisekedi, qui briguait la présidence, a fait connaître son intention de passer à la lutte armée dans le Kasaï, une prise de position partagée le parti de Olenghankhoy et François Lumumba. En outre, le gouvernement rwandais a dénoncé l'accord estimant qu'il s'était fait en dehors de la facilitation.

Les Européens, appelant toutes les parties congolaises à poursuivre les négociations, ont déclaré que le rejet de l'accord menaçait l'espoir de paix né à Sun City.. Quant au facilitateur Masire, il espère toujours poursuivre des négociations séparées, afin de convaincre les récalcitrants de rejoindre l'accord. Et dans une allocution télévisée, le président Joseph Kabila a invité ses compatriotes à  enterrer la hache de guerre.

La règle du consensus, imposée par les accords de Lusaka, apparaît soudain moins impérative, comme si Sun City marquait une nouvelle étape politique

En effet, Joseph Kabila, pratiquement inconnu en janvier 2001, a considérablement renforcé sa position depuis lors et seul le RCD-Goma le conteste encore. Accepté par une majorité de Congolais, il semble aussi avoir reçu l'aval des Occidentaux, auxquels, il est vrai, il a donné les gages que son père refusait : rigueur économique, rétablissement des liens avec le FMI et la Banque Mondiale.

L'accord conclu avec Jean-Pierre Bemba, sur une base « nationale » ouvre la porte au retour de certains technocrates ex-mobutistes, dont la première vague est attendue à Kinshasa. Même si des revirements sont toujours possibles, cet accord, s'il est appliqué, devrait permettre la réunification de 70% du territoire national ainsi que la réouverture du trafic sur le fleuve, où une première barge de secours humanitaires devrait être envoyée vers Kisangani.

Nombre d'hypothèques subsistent cependant : Kabila et Bemba, au passé si différent, réussiront-ils à s'entendre ? Et surtout, quel sera l'avenir du RCD-Goma, tiraillé, sinon menacé d'éclatement entre un groupe qui veut rejoindre l'accord national et des leaders toujours aux ordres de Kigali, qui estiment que Sun City n'a rien réglé, puisque le poste de Joseph Kabila a été préservé et qu'ils ne contrôlent ni la défense ni la sécurité.

Si les «rebelles» de Goma ne réussissent pas à trouver place dans la nouvelle configuration, ils seront confrontés à des choix dangereux : soit relancer la guerre en direction de Lubumbashi ou du Kasaï , soit se replier sur «leur» territoire, avec peut-être Kisangani comme capitale, en dépit des populations locales.

En réalité, l'accord de Sun City, conclu en dehors du schéma inclusif (mais peu réaliste)de Lusaka, a marginalisé le RCD-Goma, ce qui représente un revers pour Kigali qui doit abandonner son ambition de contrôler Kinshasa par «rebelles interposés». De plus, le Rwanda a perdu la caution des Banyamulenge, les Tutsis du Sud-Kivu. Ces derniers combattent désormais pour le départ des troupes d'occupation rwandaises, et Kigali a dépêché 7.000 hommes au Sud Kivu.

Si le pouvoir rwandais, dangereusement isolé, renforce son occupation de l'Est du Congo ou relance la guerre, il risque de faire face à une vaste coalition, où se retrouveront les forces gouvernementales et celles de Jean-Pierre Bemba, appuyée par les alliés de Kinshasa, dont l'Angola et peut-être aussi l'Ouganda, qui abrite plusieurs milliers de militaires rwandais dissidents.

Museveni hostile à Kagame


Il faut aussi rappeler que le problème fondamental de Kigali, à savoir la neutralisation de quelque 12.000 «génocidaires» se trouvant en territoire congolais n'est toujours pas résolu. Certains de ces opposants rwandais armés, rassemblés au sein du FDLR (Front pour la démocratie et la libération du Rwanda) pourraient même faire alliance, au delà des clivages ethniques, avec leurs compatriotes militaires réfugiés en Ouganda et soutenus par un Museveni désormais hostile à Kagame.

C'est dans ce sens que l'on peut interpréter l'apparition d'Igihango (Alliance pour la démocratie et la réconciliation nationale) qui rassemblerait les FDLR basées en RDC, l'Alliance pour la renaissance de la nation (ARENA) et le mouvement Nation-Imbaga, qui prône le rétablissement de la monarchie. La nervosité de Kigali s'est traduite par l'arrestation de l'ex-président Bizimungu.

Le retournement le plus spectaculaire est sans doute celui des Occidentaux qui, Louis Michel en tête, ont donné leur caution à l'accord Kabila-Bemba au grand dam du président Kagame, qui a déclaré au journaliste flamand Marc Hoogsteyns qu'en matière de politique africaine, M. Michel avait encore beaucoup à apprendre.






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