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Burundi-eveques



Veuillez trouver ci-dessous le message de la Conférence épiscopale du 
Burundi "Non à la guerre" (daté du 9 mars) ainsi que la lettre qu'elle a 
envoyée au médiateur du processus de paix, M. Nelson Mandela.
Paolo - anb-bia bruxelles - 16/03/2001 - 18:00
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CONFERENCE DES EVEQUES CATOLIQUES DU BURUNDI
Secrétariat Général


NON A LA GUERRE, OUI A LA PAIX


Message des évêques catholiques du Burundi Aux responsables politiques et à 
tous les concitoyens burundais


Chers frères et soeurs,


1.	Depuis plus de sept ans, notre pays est plongé dans une violence aux 
multiples visages : la violence par les armes, par les paroles 
diffamatoires et diabolisantes, par l'exclusion. Un tel scénario plonge le 
pays entier dans une voie sans issue à cause des drames qu'elle provoque en 
chaque burundais, dans nos familles et dans toute la nation.

Des milliers de vies humaines sont exterminées, les bien sont pillés, les 
injustices sont exaltées, la violence est érigée en système. Les 
infrastructures sociales sont détruites : écoles, hôpitaux, centre de 
santé. Ainsi la scolarisation recule, l'ignorance avance, les maladies de 
tout genre déciment les populations. Le phénomène de la pauvreté se 
généralise. La corruption, due à cette pauvreté et, surtout, à la 
déliquescence des structures de l'Etat, se répand dans tous les secteurs de 
la vie nationale.

A cause de cette guerre fratricide, nous assistons impuissants à la 
dislocation des familles, à la dispersion des populations. Malgré de 
nombreux efforts pour redresser la situation, notre peuple voit chaque jour 
la paix s'éloigner de son horizon. Tout cela ne fait qu'engendrer le désespoir.

2.	Ayons le courage de nous interroger et de reconnaître les causes 
profondes de ce déchaînement de la violence, devenue malheureusement une 
réalit quotidienne. Cherchons le remède à ce mal qui détruit la nation.

A la base de tout, il y a la recherche des intérêts individuels. C'est cela 
qui bloque les possibilités de la paix véritable. De nombreux groupes 
antagonistes veulent contrôler le pays. Et, m^par sa propre idéologie, 
chaque groupe ne privilégie que ses intérêts au lieu de mettre en avant le 
bien commun. La politique « du ventre » bloque toutes les initiatives qui 
nous auraient conduits à la restauration du tissu social, à la convivence 
ethnique et à la vraie solidarité. Posséder le pouvoir coûte que coûte 
semble justifier tous les actes, y compris les actes de barbarie. Que ce 
soit dans la course pour accéder à ce pouvoir ou dans la volonté de s'y 
maintenir.

Dans le contexte politique actuel du Burundi, les principes moraux ne sont 
plus respectés. La conscience du bien commun a disparu. Il s'est créé une 
mentalité socio-politique destructrice qui conduit les acteurs politiques à 
considérer leurs adversaires comme des ennemis à éliminer. C'est oublier 
que rien de bon ne peut venir de la violence.

3.	Le remède à cette situation est entre nos mains. Nous invitons toutes 
les Burundaises et tous les Burundais, plus spécialement chaque responsable 
politique, à oeuvrer pour la paix dans la ligne de l'Accord d'Arusha. Dans 
le partage du pouvoir, ayons à coeur la mission de servire le peuple.

Ayons le courage de dire non à la guerre et à toute forme de violence. 
Oeuvrons ensemble pour la paix. Nous croyons que les conditions pour y 
parvenir sont à notre portée. Nous en rappelons les plus importantes :

- la culture du dialogue qui n'est pas un attrape-nigaud ;

- le respect et l'écoute de l'autre pour un compromis, toujours nécessaire 
dans la vie sociale, et surtout en politique.

Un dialogue qui rassemble doit se faire dans la franchise, la confiance, 
sans arrière-pensée et sans non-dit.

Comme pasteurs, nous voulons affirmer avec force qu'il n'y a pas de vraie 
politique sans obéir à Dieu. Politique sans conscience et sans référence au 
Créateur mène à la ruine de la nation.

Nous devons mettre fin à la culture de la diabolisation pour pouvoir tracer 
ensemble les chemins de la paix. Nous sommes tous responsables de l'avenir 
de ce pays et nous devons  reconnaître le tort que nous sommes en train de 
lui faire.

4.	Sachons-le : la guerre n'apporte jamais la paix. Dans une guerre civile, 
la victoire par les armes ne met pas fin à la guerre, car elle resurgit 
fatalement plus tard. Rassemblez-vous pour rechercher ensemble ce qui est 
de l'intérêt commun. Le Seigneur qui est le Prince de la paix ne nous 
abandonne pas.

Nous sommes en carême, un temps de conversion. « Revenez à Dieu et vous 
vivrez », nous de la Parole de Dieu. Cette période nous prépare à célébrer 
la Pâques, fête de la victoire de la vie sur la mort, du bien sur le mal. 
En Jésus Christ ressuscité, nous participons, nous aussi, à cette victoire. 
C'est le fondement de notre espérance et de notre action. Donc pensons tous 
à soulager la misère matérielle et morale de tous ceux qui ont été frappés 
par la guerre, et sauvons ensemble notre nation.



Bujumbura, le 9 mars 2001

Les évêques catholiques du Burundi

+ Simon NTAMWANA, Archevêque de Gitega, Président de la CECAB
+ Evariste NGOYAGOYE, Evêque de Bujumbura, Vice-Président de la CECAB
+ Stanislas KABURUNGU, Evêque de Ngozi
+ Bernard BUDUDIRA, Evêque de Bururi
+ Joseph NDUHIRUBUSA, Evêque de Ruyigi
+ Jean Berchmans NTERERE, Evêque de Muyinga
+ Jean NTAGWARARA, Evêque de Bubanza

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Distribué par anb-bia, bruxelles, 16/03/2001 -  18:00

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CONFERENCE DES EVEQUES CATHOLIQUES DU BURUNDI
Secrétariat Général

Bujumbura, le 9 mars 2001


A S.E. Monsieur le Président Nelson Mandela
Médiateur dans le processus de paix au Burundi
PRETORIA / Afrique du Sud


N.RéF.: 2001/03/16
Objet : Accélérer l'avènement du cessez-le-feu


Excellence Monsieur le Président,

Nous les Evêques Catholiques du Burundi, voulons vous exprimer notre 
sentiment de reconnaissance pour les efforts déjà déployés dans la 
résolution du conflit burundais et sa transformation en un début de vie 
fraternelle et sereine.

Au vu des violences et des prises de position qui ont suivi le dernier 
sommet d'Arusha du 26 février 2001, nous sommes extrêmement préoccupés des 
dérapages qui menacent le fragile pas franchi dans le processus de paix. 
Cela est essentiellement dû à l'absence de résultats palpables de l'action 
visant à instaurer le cessez-le-feu entre les belligérants.

Par la présente, nous demandons à votre Médiation d'accélérer en priorit 
l'avènement du cessez-le-feu grâce à l'action déjà très louable de S.E. M. 
le Vice-Président de l'Afrique du Sud. Nous demandons aussi à la Communaut 
Internationale et, particulièrement, aux Pays de la Sous-Région de stimuler 
avec vigueur le Gouvernement du Burundi et les Groupes rebelles burundais 
au courage du dialogue, unique voie pour aboutir à la paix.

Veuillez croire, Excellence Monsieur le Médiateur, à notre constante 
collaboration en faveur de la paix au Burundi.


Les Evêques catholiques du Burundi


+ Simon NTAMWANA, Archevêque de Gitega, Président de la CECAB
+ Evariste NGOYAGOYE, Evêque de Bujumbura, Vice-Président de la CECAB
+ Stanislas KABURUNGU, Evêque de Ngozi
+ Bernard BUDUDIRA, Evêque de Bururi
+ Joseph NDUHIRUBUSA, Evêque de Ruyigi
+ Jean Berchmans NTERERE, Evêque de Muyinga
+ Jean NTAGWARARA, Evêque de Bubanza

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Distribué par anb-bia, bruxelles, 16/03/2001 -  18:00