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BUKAVU, 30 AOUT 2000
De source sure, nous venons de recevoir ce texte de BUKAVU. Nous le faisons
circuler tel que nous l’avons reçu. Veuillez nous excuser si vous l’avez
déjà reçu. Nous ne pouvons pas confirmer ni infirmer que les faits reportés
dans ce texte soient liés à l'information reportée dans nos Weekly News du
31 août dernier: <Congo RDC. Morts à Bukavu. 30 août>.
Paolo Costantini (anb-bia)
Bruxelles, 7 sept 2000
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NYALUKEMBA/BUKAVU, 30 AOUT 2000: COUPS ET BLESSURES PAR DES MILITAIRES
AYANT ENTRAINE LA MORT DE CIVILS
Ce mercredi 30 août 2000, vers midi, quatre militaires sont arrivés sur
l'avenue du Cimetière dans le quartier de Nyalukemba, à la recherche d'un
fils de Mr. NYAMULINDUKA(1). Ils étaient envoyés par le commandant
TSHISEKEDI(2), qui soupçonnait qu'un de ces jeunes gens avait collaboré
avec son propre "petit frère" (étudiant en ville) dans la disparition d'une
machine à coudre de son propre domicile (situé à côté de l'ancien cinéma
RWACICO sur l'avenue principale de Bukavu).
Ces militaires ont demandé à voir Mr. SOMO NYAMULINDUKA; celui-ci était en
train de réparer un banc en bois, et disposait pour ce faire d'une
machette, d'un marteau et d'un fer de pelle. Il a affirmé n'avoir rien à
voir dans cette affaire de disparition de machine à coudre, et qu'il n'y
avait donc aucune raison de le saisir. Toutefois, les militaires l'ont
saisi, ligoté et frappé. Les militaires ont alors quitté la parcelle, en
emmenant SOMO N., et ils sont remontés jusqu'à l'avenue principale de
Bukavu, où ils ont rencontré le commandant, accompagné de sa femme, de son
garde du corps et de quelques autres personnes habillées en vêtements civils.
Tout ce groupe est redescendu à la parcelle des fils de NYAMULINDUKA, où
SOMO N. a crié pour appeler son frère NDEKO N. qui se trouvait dans une
autre parcelle proche. Celui-ci est arrivé, et le petit frère du commandant
a dit que c'était bien à lui qu'il avait remis la machine à coudre, mais
qu'il ne la lui avait pas vendue. Le commandant a pris la machette, en a
frappé SOMO N., et l'a blessé dans le dos. Puis il a pris le marteau et
l'en a également frappé à l'épaule.
Sur ordre de leur commandant, les militaires ont saisi NDEKO N. et l'ont
placé près du petit frère du commandant. Il était alors environ 13h30. Ils
ont saisi des sticks de bois et les ont frappés; le marteau a aussi été
utilisé, et le commandant a frappé son petit frère au visage avec son
Motorola. NDEKO N. niait avoir eu affaire à cette machine à coudre. Le
commandant a ordonné qu'on jette de l'eau sur ces jeunes gens, et les coups
ont continué, puis il a demandé à un de ses hommes de lui donner un fusil,
mais aucun militaire n'a obtempéré; le commandant a alors pris un stick de
bois et a commencé à frapper lui-même les jeunes gens.
Beaucoup de gens du quartier s'étaient attroupés devant la parcelle. Une
des personnes accompagnant le commandant a essuyé la sueur sur le visage du
commandant occupé à frapper. Des spectateurs criaient en disant que tout
cela risquait de provoquer la mort de ces jeunes gens; mais les coups ont
continué. Cette séance de coups a duré par intermittence jusqu'à 17h00.
Les coups étaient si violents, y compris sur la tête, que du sang sortait
par leurs narines et oreilles (fractures du crâne?). Entre temps, le
commandant s'était assis sur une chaise et surveillait la scène.
A 17h00, le commandant est parti, en laissant sur place un militaire de
garde, et en prévenant qu'il reviendrait.
Vers 20h00, des voisins ont conduit les victimes au centre hospitalier
BIOGLODI, pas très loin de là. Le personnel médical a diagnostiqué des
blessures fort graves: hémorragies internes, etc. A 22h00, le petit frère
du commandant est mort. A 2h00 du matin, NDEKO N. est mort. Au matin du 31
août, le sort de SOMO N. était encore incertain.
Le jeudi 31 août, à 18H30, le journal parlé à la radio de Bukavu (RTNC,
contrôlée par le RCD) a dit que ces faits ont été commis par des militaires
indisciplinés (incontrôlés). Par la suite, la radio a plutôt dit que les
échanges de coups ont été provoqués par la résistance des personnes à
saisir. A une autre diffusion, il est dit que les militaires impliqués et
leurs complices ont été identifiés, qu'on est à leur recherche et qu'ils
seront traduits en justice. Il est annoncé également qu'un procès public
sera organisé le vendredi 1er septembre 2000. L'animateur de radio Raphaël
BAKEMANA a de son côté dit: "qui tue par l'épée périra par l'épée" (Mt
26,52), en précisant qu'il citait là une phrase d'un dirigeant du RCD.
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1 Commerçant self-made man célèbre à Bukavu, ayant eu de nombreux enfants.
Il a quitté Bukavu depuis la guerre de la fin de l'année 1996, et
residerait à Kinshasa.
2 Ce commandant RCD est actuellement affecté à KAZIBA, chef-lieu de la
collectivité-chefferie (d'où est originaire l'actuel gouverneur de la
province du Sud-Kivu, Mr. KATINTIMA Bashengezi). Il semblerait qu'il était
également présent lors de l'assassinat d'un "cambiste" (changeur d'argent)
à Cimpunda/Bukavu. Ce patronyme n'a rien à voir avec celui du président de
l'UDPS à Kinshasa.