La crise des orphelins au Congo Kinshasa: une campagne nationaleen marche

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source: D.I.A.
bulletin du 19 juin 2000
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LA CRISE DES ORPHELINS AU CONGO KINSHASA : UNE CAMPAGNE NATIONALE EN MARCHE

Selon le rapport du Bureau central de coordination de la lutte contre le
sida (BCC), le Congo-Kinshasa compte 1.600.000 personnes infectees du virus
VIH.
En une annee, en 1999, le BCC a enregistre' 169.000 nouvelles infections
(etat latent du virus) sur un ensemble de 1.600.000 cas de seropositifs, et
89.300 nouveaux cas de sida sur un total de 537.000 malades.
Cela n'est que le sommet d'une immense catastrophe qui menace la sante',
reduit la longevite : de 50 ans a' 35 ans.
Cette catastrophe brise la puissance economique, et paralyse les bras dont
la nation a besoin pour nourrir ses enfants.

Mais cela touche surtout les enfants !
Peut-on imaginer que la RDC (Republique Democratique du Congo) compte
130.000 nouveaux orphelins depuis l'annee passee sur un total de 811.000.
Cent trente mille  c'est autant que la population d'une grande ville de
l'interieur.
La communaute' nationale doit prendre en charge l'accueil, l'education, la
responsabilite' d'un nombre toujours croissant d'enfants.

Qui s'en occupera ?
Pas question d'ouvrir chaque annee des orphelinats pour 130.000 enfants.
Et en 2005 combien d'enfants faudra-t-il secourir ?



- Qu'est ce qu'un orphelin ?
Le pere Kelly, de l'universite' de Lusaka, en parle dans une autre etude
sur les orphelins du Sida.
L'orphelin a perdu un parent, mais il est tres probable que le second
suivra apres quelque temps le premier dans la tombe.
Double deuil !
Mais le processus est inexorable.
Le sida ne cause pas des ravages seulement dans leur famille.
L'oncle, le nouveau chef de famille, succombe a' son tour au fleau.
Les autres membres de famille entrent ainsi dans un processus de deuils
successifs, veritable chemin de croix en plusieurs stations.
On estime qu'en Zambie plus d'un tiers des 1.650.000 enfants en dessous de
15 ans ont perdu au moins un de leurs parents.
Et le nombre des orphelins ne fait que croitre.
Entre 1996 et 1998 le pourcentage des orphelins a grimpe' de 15 et dans
certaines provinces du sud de la Zambie on parlait d'un accroissement de
30%.


- Les enfants vulnerables
Ce sont tous les enfants touches par la situation economique penible et la
guerre qui divise le pays.
Mais leur nombre devient si grand que toute la communaute' doit aider les
enfants en detresse, qu'ils soient orphelins, ou se retrouvent dans toute
autre situation. Les enfants de la rue sont particulierement vulnerables.
On en compte quelque 80.000 en Zambie.
A cote' d'eux d'autres ont ete' violes, ont du travailler en bas age, ou
sont rejetes comme les handicapes.
Souvent on les  cache, on les voit peu, mais ils peuvent atteindre les
150.000. 
Signalons qu'il vaut mieux ne pas appeler ceux qui ont perdu leurs parents
"orphelins du sida".
Il faut eviter toute stigmatisation inutile.
S'ils ont vecu le drame du sida en famille, il est ensuite temps de le
proclamer sur les toits.


- Les besoins des orphelins
Ces derniers sont des pauvres a' la recherche de nourriture, du logement,
des habits.
Comme tous les enfants en dessous de 15 ans il faut faire attention a' leur
sante', les eduquer.
Mais les besoins psychologiques provoques sont les plus graves.
Dans leur famille d'accueil ils sont parfois moins nourris que les autres,
ils doivent manger a' part.
Ils risquent de ne pas aller a' l'ecole par manque d'argent.
Souvent on les accable de tous les petits travaux domestiques et on
s'empare de leur heritage paternel.
Sans mere pour les soigner, ils tombent plus souvent malades.
Sans pere personne ne paye leurs etudes.
Et les grands parents ne comprennent souvent pas leurs besoins materiels,
sociaux et psychologiques.
L'agonie d'un parent les a traumatises.
Et dans leur nouvelle famille personne peut remplacer l'amour, l'attention
et la tendresse de leurs parents.
Ceux-ci ont grandement besoin d'un conseiller qui puisse leur apporter le
soutien indispensable surtout a' l'approche de la  mort. Il faut les aider
a' affronter ce probleme angoissant, et l'accepter avec courage.


- Comment  aider ces enfants ?
Les envoyer a' l'orphelinat ?
Il ne faut pas couper  les enfants de leur milieu naturel, clanique. Mieux
vaut les maintenir dans un milieu familial aussi semblable que possible a'
celui qu'ils ont du quitter.
La grande famille africaine recoit avec courage ses membres souffrants.
Mais souvent les familles d'accueil n'ont pas assez de moyens.
Quand on leur associe l'ensemble du clan, les charges sont plus
equitablement partagees entre tous.
Au debut les aides ponctuelles sont indispensables, mais on ne peut laisser
les enfants dans un etat de dependance perpetuelle.
Il faut leur apprendre a' se prendre en charge eux-memes, afin de retrouver
une nouvelle dignite' et le sens de la responsabilite'.
Alors on les invite a' une activite' professionnelle : couture, travail de
chauffeur.
On leur cherche une kiosque au marche'.
C'est la' qu'interviennent les Ong.


- Creer une communaute' de vie nouvelle
Aider des familles isolees ne suffit pas.
L'homme vit dans une societe', une grande communaute'.
Actuellement les Ong essaient de recreer un tissu communautaire entre
toutes ces familles eprouvees, grace a' l'intervention des volontaires
contre le sida.
Ceux-ci sont en quelque sorte les roues de transmission entre le grand
centre de l'Ong et les familles d'accueil.
Dans leurs visites a' domicile ils suivent les orphelins de pres, les
encouragent, les aident, et font appel au centre en cas de besoin.
Ils sont un peu les parrains ou marraines des petits enfants.
Avec eux le centre organise des rencontres, des fetes, des echanges pour
tous les enfants.
Alors ceux-ci revivent parce qu'ils se sentent les bienvenus dans la grande
famille humaine !

(De notre correspondant occasionnel pere Jan Beckaert)





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