Re: [africa] UNITED STATES OF AFRIKA
- Subject: Re: [africa] UNITED STATES OF AFRIKA
- From: "p.donadello" <p.donadello at alice.it>
- Date: Fri, 5 Sep 2008 07:57:32 +0200
29 juillet 1987, Thomas Sankara assiste à Addis-Abeba aux travaux de la vingt-cinquième Conférence au sommet des pays membres de l’OUA. http://video.google.it/videoplay?docid=5455228578800445334&hl=it Monsieur le président ; Messieurs les chefs
des délégations : Je voudrais qu’à cet instant nous puissions parler de
cette autre question qui nous tiraille : la question de la dette, la
question de la situation économique de l’ Afrique. Autant que la paix, elle est
une condition importante de notre survie. Et c’est pourquoi j’ai cru devoir vous
imposer quelques minutes supplémentaires pour que nous en parlions. Le Burkina
Faso voudrait dire tout d’abord sa crainte. La crainte que nous avons c’est que
les réunions de l’OUA se succèdent, se ressemblent mais qu’il y ait de moins en
moins d’intéressement à ce que nous faisons. Monsieur le président : Combien sont-ils les
chefs d’Etat qui sont ici présents alors qu’ils ont dument appelés à venir
parler de l’Afrique en Afrique ? Monsieur le président : Combien de
chefs d’Etats sont prêt à bondir à Paris, à Londres, à Washington lorsque là-bas
on les appelle en réunion mais ne peuvent pas venir en réunion ici à Addis-Abeba
en Afrique ? Ceci est très important. Je sais que certains ont des raisons valables de
ne pas venir. C’est pourquoi je voudrais proposer, Monsieur le président, que
nous établissions un barème de sanctions pour les chefs d’Etats qui ne répondent
pas présents à l’appel. Faisons en sorte que par un ensemble de points de bonne
conduite, ceux qui viennent régulièrement, comme nous par exemple, [Rires]
puissent être soutenus dans certains de leurs efforts. Exemple : les
projets que nous soumettons à la Banque africaine de développement (BAD) doivent
être affectés d’un coefficient d’africanité. Les moins africains seront
pénalisés. Comme cela tout le monde viendra aux réunions. Je voudrais vous dire, Monsieur le président, que
la question de la dette est en question que nous ne saurions occulter. Vous-même
vous en savez quelque chose dans votre pays où vous avez du prendre des
décisions courageuses, téméraires même. Des décisions qui ne semblent pas du
tout être en rapport avec votre age et vos cheveux blancs. Son Excellence
le président Habib Bourguiba qui n’a pas pu venir mais qui nous a fait délivrer
un important message donné cet autre exemple à l’Afrique, lorsque en Tunisie,
pour des raisons économiques, sociales et politiques, il a du lui aussi prendre
des décisions courageuses. Mais, Monsieur le président, allons-nous continuer à
laisser les chefs d’Etats chercher individuellement des solutions au problème de
la dette avec le risque de créer chez eux des conflits sociaux qui pourraient
mettre en péril leurs stabilités et même la construction de l’unité
africaine ? Ces exemples que j’ai cités, il y en a bien d’autres, méritent
que les sommets de l’OUA apportent une réponse sécurisante à chacun de nous
quant à la question de la dette. Nous estimons que la dette s’analyse d’abord de
par son origine. Les origines de la dette remontent aux origines du
colonialisme. Ceux qui se sont transformés en " assistants techniques ". En
fait, nous devrions dire en assassins technique. Et ce sont eux qui nous ont
proposé des sources de financement, des " bailleurs de fonds ". Un terme que
l’on emploie chaque jour comme s’il y avait des hommes dont le "bâillement"
suffirait à créer le développement chez d’autres. Ces bailleurs de fonds nous
ont été conseillés, recommandés. On nous a présenté des dossiers et des montages
financiers alléchants. Nous nous sommes endettés pour cinquante ans, soixante
ans et même plus. C’est-à-dire que l’on nous à amenés à compromettre nos peuples
pendant cinquante ans et plus. La dette sous sa forme actuelle, est une
reconquête savamment organisée de l’Afrique, pour que sa croissance et son
développement obéissent à des paliers, à des normes qui nous sont totalement
étrangers. Faisant en sorte que chacun de nous devienne l’esclave financier,
c’est-à-dire l’esclave tout court, de ceux qui ont eu l’opportunité, la ruse, la
fourberie de placer des fonds chez nous avec l’obligation de rembourser. On nous
dit de rembourser la dette. Ce n’est pas une question morale. Ce n’est point une
question de ce prétendu honneur que de rembourser ou de ne pas
rembourser. Monsieur le président : Nous avons écouté et
applaudi le premier ministre de Norvège lorsqu’elle est intervenue ici même.
Elle a dit, elle qui est européenne, que toute la dette ne peut pas être
remboursée. Je voudrais simplement la compléter et dire que la dette ne peut pas
être remboursée. La dette ne peut pas être remboursée parce que d’abord si nous
ne payons pas, nos bailleurs de fonds ne mourront pas. Soyons-en surs. Par
contre si nous payons, c’est nous qui allons mourir. Soyons-en surs également.
Ceux qui nous ont conduits à l’endettement ont joué comme au casino. Tant qu’ils
gagnaient, il n’y avait point de débat. Maintenant qu’ils perdent au jeu, ils
nous exigent le remboursement. Et on parle de crise. Non, Monsieur le président,
ils ont joué, ils ont perdu, c’est la règle du jeu. Et la vie continue. Nous ne
pouvons pas rembourser la dette parce que nous n’avons pas de quoi payer. Nous
ne pouvons pas rembourser la dette parce que nous ne sommes pas responsables de
la dette. Nous ne pouvons pas payer la dette parce qu’au contraire les autres
nous doivent ce que les plus grandes richesses ne pourront jamais payer,
c’est-à-dire la dette de sang. C’est notre sang qui a été versé. On parle du
Plan Marshall qui a refait l’Europe économique. Mais l’on ne parle pas du Plan
africain qui a permis à l’Europe de faire face aux hordes hitlériennes lorsque
leurs économies étaient menacés, leurs stabilités étaient menacées. Qui a sauvé
l’Europe ? C’est l’Afrique. On en parle très peu. On parle si peu que nous
ne pouvons, nous, être complices de ce silence ingrat. Si les autres ne peuvent
pas chanter nos louanges, nous en avons au moins le devoir de dire que nos pères
furent courageux et que nos anciens combattants ont sauvé l’Europe et finalement
ont permis au monde de se débarrasser du nazisme. La dette, c’est aussi la
conséquence des affrontements. Lorsque on nous parle de crise économique, on
oublie de nous dire que la crise n’est pas venue de façon subite. La crise
existe de tout temps et elle ira en s’aggravant chaque fois que les masses
populaires seront de plus en plus conscientes de leurs droits face aux
exploiteurs. Il y a crise aujourd’hui parce que les masses refusent que les
richesses soient concentrées entre les mains de quelques individus. Il y a crise
parce que quelques individus déposent dans des banques à l’étranger des sommes
colossales qui suffiraient à développer l’Afrique. Il y a crise parce que face à
ces richesses individuelles que l’on peut nommer, les masses populaires refusent
de vivre dans les ghettos et les bas-quartiers. Il y a crise parce que les peuples partout
refusent d’être dans Soweto face à Johannesburg. Il y a donc lutte et
l’exacerbation de cette lutte amène les tenants du pouvoirs financier à
s’inquiéter. On nous demande aujourd’hui d’être complices de la recherche d’un
équilibre. Equilibre en faveur des tenants du pouvoir financier. Equilibre au
détriment de nos masses populaires. Non ! Nous ne pouvons pas être
complices. Non ; nous ne pouvons pas accompagner ceux qui sucent le sang de
nos peuples et qui vivent de la sueur de nos peuples. Nous ne pouvons pas les
accompagner dans leurs démarches assassines. Monsieur le président : Nous entendons parler
de clubs - club de Rome, club de Paris, club de Partout. Nous entendons parler
du Groupe des Cinq, des Sept, du Groupe des Dix, peut être du Groupe des Cent.
Que sais-je encore ? Il est normal que nous ayons aussi notre club et notre
groupe. Faisons en sorte que dès aujourd’hui Addis-Abeba devienne également le
siège, le centre d’ou partira le souffle nouveau du Club d’ Addis-Abeba contre
la dette. Ce n’est que de cette façon que nous pourrons dire aujourd’hui, qu’en
refusant de payer, nous ne venons pas dans une démarche belliqueuse mais au
contraire dans une démarche fraternelle pour dire ce qui est. Du reste les
masses populaires en Europe ne sont pas opposées aux masses populaire en
Afrique. Ceux qui veulent exploiter l’Afrique sont les mêmes qui exploitent
l’Europe. Nous avons un ennemi commun. Donc notre club parti d’Addis-Abeba devra
également dire aux uns et aux autres que la dette ne saura être payée. Quand
nous disons que la dette ne saura payée ce n’est point que nous sommes contre la
morale, la dignité, le respect de la parole. Nous estimons que nous n’avons pas
la même morale que les autres. La Bible, le Coran, ne peuvent pas servir de la
même manière celui qui exploite le peuple et celui qui est exploité. Il faudra
qu’il y ait deux éditions de la Bible et deux éditions du Coran. Nous ne
pouvons pas accepter leur morale. Nous ne pouvons pas accepter que l’on nous
parle de dignité. Nous ne pouvons pas accepter que l’on nous parle du mérite de
ceux qui paient et de perte de confiance vis-à-vis de ceux qui ne paieraient
pas. Nous devons au contraire dire que c’est normal aujourd’hui que l’on préfère
reconnaître que les plus grands voleurs sont les plus riches. Un pauvre quand il
vole ne commet qu’un larcin, une peccadille tout juste pour survivre et par
nécessité. Les riches, ce sont eux qui volent le fisc, les douanes. Ce sont eux
qui exploitent le peuple. Monsieur le président : Ce n’est donc pas de
la provocation. Je voudrais que très sagement vous nous offriez des solutions.
Je voudrais que notre conférence adopte la nécessité de dire clairement que nous
ne pouvons pas payer le dette. Non pas dans un esprit belliqueux, belliciste.
Ceci, pour éviter que nous allions individuellement nous faire assassiner. Si le
Burkina Faso tout seul refuse de payer la dette, je ne serai pas là à la
prochaine conférence ! Par contre, avec le soutient de tous, donc j’ai
grand besoin, avec le soutien de tous, nous pourrons éviter de payer. Et en
évitant de payer nous pourrons consacrer nos maigres ressources à notre
développement. Et je voudrais terminer en disant que nous pouvons rassurer les
pays auxquels nous disons que nous n’allons pas payer la dette, que ce qui sera
économisé n’ira pas dans les dépenses de prestige. Nous n’en voulons plus. Ce
qui sera économisé ira dans le développement. En particulier nous éviterons
d’aller nous endetter pour nous armer car un pays africain qui achète des armes
ne peut l’avoir fait que contre un Africain. Ce n’est pas contre un Européen, ce
n’est pas contre un pays asiatique. Par conséquent nous devons également dans la
lancée de la résolution de la question de la dette trouver une solution au
problème de l’armement. Je suis militaire et je porte une arme. Mais Monsieur le
président, je voudrais que nous nous désarmions. Parce que moi je porte l’unique
arme que je possède. D’autres ont camouflé les armes qu’ils ont. Alors, chers frères, avec le soutien de
tous, nous pourrons faire la paix chez nous. Nous pourrons également utiliser
ses immenses potentialité pour développer l’Afrique parce que notre sol et notre
sous-sol sont riches. Nous avons suffisamment de quoi faire et nous avons un
marché immense, très vaste du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Nous avons
suffisamment de capacité intellectuelle pour créer ou tout au moins prendre la
technologie et la science partout où nous pouvons les
trouver. Monsieur le président : Faisons en sorte que
nous mettions au point ce Front uni d’Addis-Abeba contre la dette. Faisons en
sorte que ce soit à partir d’Addis-Abeba que nous décidions de limiter la course
aux armements entre pays faibles et pauvres. Les gourdins et les coutelas que
nous achetons sont inutiles. Faisons en sorte également que le marché africain
soit le marché des Africains. Produire en Afrique, transformer en Afrique et
consommer en Afrique. Produisons ce dont nous avons besoin et consommons ce que
nous produisons au lieu de l’importer. Le Burkina Faso est venu vous exposer ici
la cotonnade, produite au Burkina Faso, tissée au Burkina Faso, cousue au
Burkina Faso pour habiller les Burkinabé. Ma délégation et moi-même, nous sommes
habillés par nos tisserands, nos paysans. Il n’y a pas un seul fil qui vienne
d’Europe ou d’Amérique Je ne fais pas un défilé de mode mais je voudrais
simplement dire que nous devons accepter de vivre africain. C’est la seule façon
de vivre libre et de vivre digne. Je vous remercie, Monsieur le président.
La patrie ou la mort, nous
vaincrons ! http://www.thomassankara.net/article.php3?id_article=0008 ----- Original Message -----
From: Diop Mamadou Sent: Subject: [
La vision de
Mr. Mamadou Vieux Diop du united
states of afrika Je voudrais d’abord remonter aux
indépendances des états africains, je crois que le projet de l’union africaine
était déjà inscrit dans les années 1960 au niveau des états africains.
n’oublions pas que l’ OUA n’a été qu’ une version plus ou moins réaménagée de la
volonté qui était exprimée d’aller vers une véritable fédération des états
africains et l’idée de l’ OUA est née d’abord de la proposition et de la volonté
de leaders comme Kwame Nkrumah du Ghana. Kwame Nkrumah était favorable plutôt à une
fédération africaine, donc à une véritable union africaine avec un gouvernement
central, une armée unique et un système d’état fédère. D’autres Leaders
politiques dont le président Léopold S. Senghor ont propose d’aller plutôt vers des cercles concentriques.
La théorie des cercles concentriques est de commencer d’ abord au niveau des
régions, d’aménager des confédérations au niveau des régions, et ensuite de
préparer la fédération africaine L’OUA est née donc comme le fruit d’un modus
vivendi entre ces différents leaders. Le constat a été fait que c’était
insuffisant et l’union africaine est justement un projet qui a la volonté
d’aller plus loin que l’OUA. S’il s’agit de recommencer le même
processus en laissant aux états les souverainetés sur les questions telles que
la défense et la sécurité, a mon avis, cela ne servira a rien. Or on constate
que l’un des problèmes majeurs poses en afrik c’est effectivement le problème de
la sécurité, et le problème de la défense, on voit partout des conflits
civils. L’Afrique de l’ouest qui jusqu’ici avait
échappe a cette évolution a été touché par ce spectre de la violence et des
guerres civiles dans la décennie des années 1990-2000. La question centrale
posée est évidemment de savoir comment aménager un mécanisme de défense et de
sécurité puisque la sécurité, quoiqu’on puisse dire, précède le développement.
Voila a mon avis une mission importante à inscrire dans l’agenda de l’union
africaine. L’autre aspect important c’est le NEPAD,
le nouveau partenariat pour développement de l’Afrique, qui constitue un défi
pour l’union africaine. La perspective, c’est de voir si cette union africaine
va faire avancer l’agenda du NEPAD dont l’objectif est de construire le réseau
de développement infrastructurel de l’Afrique. Les grands problèmes auquels nous sommes
confrontes sont les infrastructures routières, les infrastructures fluviales,
maritimes qui pourront faciliter les échanges entre les différents pays. Il s’y
ajoute un troisième agenda qui intéresse la question de la gouvernance au niveau
global également, c’est la question de la revue des politiques par les pairs qui
est un mécanisme institue dans le cadre du NEPAD. On va voir dans quelle mesure ce mécanisme
crée au niveau de l’union africaine avait fait jusqu’ici et qui a montre son
inefficace sur le terrain de l’unification du contrat du continent africain,
laquelle est pourtant la seule solution de survie de ce continent.
Mamadou Vieux Diop
Italie
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