La préfecture du Nord/Lille coffre les sans-papiers



jeudi 03 juin 2004 
Nouvel épisode de la bataille qui oppose le préfet aux étrangers, une quarantaine d'entre eux, grévistes de la faim, ont été arrêtés mercredi à l'hôpital • 22 étaient encore en garde à vue jeudi •
Par Haydée Sabéran
(Liberation.fr - 13:27)
Lille, de notre correspondante

ls sont assis, hommes et femmes, sur la pelouse à l'ombre des lilas, dans la cour de la Bourse du travail, siège des syndicats de Lille, et ils bavardent par petits groupes. Guinéens, Laotiens, Thaïlandais, Algériens. Un enfant africain les regarde en grignotant un croissant. Ils disent être en grève de la faim depuis 22 jours. Mercredi, quelques centaines d'entre eux se sont présentés au CHR de Lille, où ils ont été pris «dans une véritable souricière», selon Roland Diagne, porte-parole du Comité des sans-papiers du Nord (CSP 59).

Quarante-huit personnes ont été arrêtées, 22 placées en garde à vue. Elles l'étaient toujours à jeudi, à midi. «Nous vérifions si ces personnes sont en situation régulière. Si ce n'est pas le cas, elles doivent quitter le territoire, c'est la loi», indique Jean-Yves Le Merrer, directeur de cabinet du préfet du Nord. Une première dans le cadre des grèves de la faim lilloises, quasi annuelles depuis 1996. «Nous voulons montrer notre fermeté, un rappel à la loi. La préfecture souhaite que des gens qui bravent la loi ne se promène pas impunément à l'hôpital, ou en ville.» Mais assure qu'aucune personne «dont la santé ne le permettrait pas» ne sera expulsée du territoire. 

Deuxième cartouche dans la guerre de tranchées qui oppose le CSP et les préfets du Nord successifs depuis huit ans: le recours au tribunal. La préfecture a saisi le procureur, pour «mise en danger la vie d'autrui». Elle reproche au CSP de mettre en danger la vie des sans-papiers en organisant des grèves de la faim. Les sans-papiers rétorquent que «personne» ne leur a demandé «de se mettre en grève de la faim. La décision a été prise en assemblée générale, au cours d'un vote, et elle a été imposée au CSP. Le seul qui les pousse à la grève, en réalité, c'est le préfet, par sa politique désespérante». La préfecture affirme avoir régularisé, de manière exceptionnelle, 448 personnes en 2003. «Des miettes», répond Nasser, membre du bureau du CSP gréviste cette année-là, et régularisé depuis.





		
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