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Decl. Episc. BURUNDI



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WEEKLY NEWS ISSUE of: 21-03-2003  - BURUNDI EPISCOPAT



Déclaration des Evêques Catholiques du Burundi sur la situation actuelle du 
Pays

CONSOLIDONS LES VOIES DU DIALOGUE ET DE LA CONCERTATION POUR ÉVITER A NOTRE 
PAYS D'ALLER A LA DERIVE

A nos frères et sœurs dans le Christ,

A tous nos concitoyens Burundais

1. Depuis quelques temps le Burundi est régi par l'Accord conclu entre les 
acteurs politiques en l'an 2000 à Arusha. Malgré les lacunes de certaines 
de ses dispositions, cet Accord nous permet aujourd'hui de rebâtir notre 
pays. Au vu de ce résultat positif et sachant que cet Accord n'a vu le jour 
que grâce à l'esprit de dialogue, nous souhaitons qu'il soit maintenu et 
mis en application sans heurts et sans provoquer des inquiétudes et des 
peurs chez les Burundais.

2. De plus, nous avons constaté que la signature du cessez-le-feu entre le 
gouvernement et certains groupes de rebelles a fait naître chez les 
Burundais l'espoir de voir enfin le Burundi retrouver la paix. Ils suivent 
aussi avec grand espoir la mise en application de ces accords de 
cessez-le-feu, parce qu'ils croient que le pays va sortir ainsi de son 
enlisement et que les gens vont de nouveau vivre ensemble dans l'harmonie 
et s'atteler ensemble aux activités de développement. Même les pays 
étrangers et les organismes internationaux ont de nouveau commencé à avoir 
confiance en nous, en soutenant les projets de développement de notre pays.

3. Mais ce que nous voyons et entendons aujourd'hui nous inquiète beaucoup. 
En effet, ceux qui ont signé l'Accord d'Arusha sont en train de se 
quereller. Ceux qui ont conclu des accords de cessez-le-feu ne les 
respectent pas du tout. La guerre continue à faire des ravages. Les 
Burundais, surtout les simples gens, continuent de mourir, leurs biens sont 
pillés ou détruits. Ceux qui ne sont pas emportés par la guerre ont perdu 
leur domicile et sont obligés de loger à la belle étoile. Ils sont 
découragés, avec le sentiment amer d'avoir été abandonnés par ceux-là mêmes 
qui étaient chargés de veiller sur eux. Dans beaucoup d'endroits,  les gens 
meurent de maladie et de faim par manque de logement et parce qu'ils ne 
peuvent plus travailler pour subvenir à leurs besoins. On impute tout ce 
drame au comportement des acteurs politiques et des rebelles qui luttent 
pour leur accession au pouvoir sans le moindre souci de la population si 
éprouvée, et sans même penser que cette situation déplorable peut encore 
empirer. On a l'impression que ces acteurs politiques veulent gouverner un 
pays vidé de sa population et privé de ses ressources.

4. Face à ce constat, quel comportement faudrait-il adopter ? Nous voulons 
de nouveau, au nom même du Seigneur, lancer un cri d'alarme aux acteurs 
politiques : de grâce qu'ils mettent au premier plan de leurs 
préoccupations l'intérêt de la Nation et des citoyens; qu'ils renoncent à 
leurs querelles stériles et cessent de consacrer leurs énergies uniquement 
sur la conquête ou le maintien du pouvoir politique à leur seul propre profit.
L'étape actuelle, que nous apprécions, est le fruit du dialogue et de la 
concertation qui ont accompagné l'Accord d'Arusha. C'est cette voie même 
que nous recommandons dans les autres étapes à venir, sans que personne ne 
soit exclu, car l'exclusion des uns a été à l'origine de nos échecs répétitifs.

5. A vous acteurs politiques, nous voulons adresser ce conseil pressant : 
ne vous mentez pas les uns aux autres, ne vous tendez pas des pièges, car 
c'est ainsi que le climat de confiance se détériore et que le projet de 
paix est étouffé à sa naissance. Soyez toujours conscients que le Pays est 
le patrimoine commun de tous les Burundais. Ce qui devrait nous préoccuper 
en premier lieu, ce n'est pas que telle personne ou telle autre occupe tel 
poste. Il importe plutôt que ceux qui occupent des postes soient désignés 
dans l'entente, sans exclusion, avec le souci de choisir des responsables 
capables d'être au service de tous, particulièrement ceux destinés au 
projet de consolidation de la paix au Burundi. L'exercice du pouvoir est 
une responsabilité qui vous incombe à vous tous. Continuez donc dans la 
voie du dialogue et de la collaboration, comme vous avez commencé et en 
avez donné la preuve.

En effet, c'est grâce à cette concertation entre vous tous que nous sommes 
parvenus au stade actuel. C'est aussi grâce aux sacrifices, à l'esprit 
d'abnégation et au don de soi de beaucoup de personnes. Nous n'avons pas le 
droit de laisser disparaître un tel investissement. La lutte pour le 
pouvoir ne peut pas casser l'alliance pour l'oeuvre de la paix, que nous 
sommes en train de bâtir. Consolidons donc la voie du dialogue et de la 
concertation pour éviter que notre pays n'aille à la dérive sous nos yeux.

Cette entente est nécessaire pour que l'oeuvre de paix progresse et que les 
guerres cessent définitivement au Burundi. Nous demandons avec insistance à 
vous qui continuez à faire la guerre de l'arrêter et de respecter vos 
engagements. Ce sera la preuve que vous êtes des personnes dignes de 
confiance. A ceux qui n'ont pas encore voulu se joindre au mouvement pour 
la paix, nous leur demandons de se raviser et d'entrer eux aussi dans les 
pourparlers pour la paix. Il n'y a pas d'autre voie pour sauver le Burundi. 
En effet, aussi longtemps que le sang continuera à couler, il sera 
difficile qu'il y ait entente et confiance dans notre pays. Nous demandons 
aux pays étrangers et aux organisations internationales d'exercer plus de 
pression pour que cessent les confrontations entre belligérants, et de 
faire plus d'efforts pour aider ceux qui ont signé des accords à les mettre 
rapidement en application.

6. Chers concitoyens, surtout vous les chrétiens, nous connaissons les 
nombreuses souffrances que vous endurez, beaucoup sont sans logis. Nous 
partageons avec vous ces souffrances, ne vous découragez pas ! Pendant ce 
temps sacré du carême contemplons le Christ ; suivons-le dans le combat 
contre le mal qui est cause de la mort. Luttons avec force contre le fléau 
des divisions, contre les crimes de meurtre et contre tous les autres maux, 
qui brisent les liens fraternels. Soyez vigilants ; examinez attentivement 
ce que vous disent les politiciens ; ne vous laissez pas abuser par ceux 
qui, habilement, vous poussent à avoir des conflits entre vous, car ils 
sont capables de vous amener à commettre l'irréparable.

7. Unis au Christ mort et ressuscité, nous pourrons nous aussi ressusciter, 
nous pourrons sortir de cette terrible crise. Soyons aussi en communion 
avec le Saint Père, le Pape Jean-Paul II, qui nous invite tous à prier avec 
ardeur, à nous convertir, à jeûner et à demander au Seigneur que règne la 
paix et la concorde chez nous et dans le monde entier.

Que Dieu vous bénisse.

Fait à Bujumbura le 14 mars 2003

Vos Évêques
+  Simon NTAMWANA,  Archevêque de Gitega - Président de la Conférence des 
Évêques
+  Evariste NGOYAGOYE, Évêque de Bujumbura
+  Bernard BUDUDIRA, Évêque de Bururi
+ Joseph  NDUHIRUBUSA,  Evêque de Ruyigi
+ Jean NTAGWARARA, Évêque de Bubanza
+ Gervais BANHIMIYUBUSA,  Evêque de Ngozi
+  Joachim NTAHONDEREYE,  Évêque de Muyinga
+ Stanislas KABURUNGU,  Évêque émérite de Ngozi

Conférence des Evêques Catholiques du Burundi B.P. 1390 -  Bujumbura
Tél.  223263 - Fax 223270 -  E-mail : cecab @cbinf.com

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Un homme meurt chaque fois que l'un d'entre nous se tait devant la tyrannie 
(Wole Soyinka, Prix Nobel litterature)
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Everytime somebody keep silent when faced with tyranny, someone else dies 
(Wole Syinka, Nobel Prize for Literature)
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