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RDC: Trop c'est trop!



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WEEKLY NEWS - MESSAGE EVEQUES RDC - 15 /02/2003

Bruxelles 19/02/2003

Veuillez trouver ci-dessous le message du Comité permanent des évêques de 
la RDC aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté du dernier 15 
février.
Veuillez nous excuser si vous l'avez déjà reçu par d'autres chemins...
Paolo


Message du Comité Permanent des Evêques de la RDC aux fidèles catholiques 
et aux hommes de bonne volonté.


République Démocratique du Congo : Message des évêques

"J'AI VU LA MISERE DE MON PEUPLE"(Ex 3, 7)

TROP, C'EST TROP !

Chers frères et sœurs,

1.Réunis à Kinshasa du 10 au 15 février 2003, nous, Cardinal, Archevêques 
et Evêques membres du Comité Permanent de la Conférence Episcopale 
Nationale du Congo (CENCO), faisons nôtre la parole du Seigneur qui a dit 
:" J'ai vu, j'ai vu la misère de mon peuple" (Ex 3, 7) et adressons le 
présent message aux fidèles catholiques, aux hommes et femmes de bonne 
volonté.

2.En vertu de notre charge de Pasteurs et dans la fidélité à la tradition 
prophétique, nous ne cessons de sonner l'alarme sur la situation dramatique 
que vit le peuple congolais. A l'aube de la tenue du Dialogue 
intercongolais, nous avions estimé que ce dialogue était "une nécessité 
incontournable et une urgence" . Nous constatons avec amertume que ses 
finalités n'ont pas été atteintes. L'Accord partiel conclu à Sun City n'a 
fait qu'accroître la crise politique et n'a jamais été appliqué. Par 
contre, il a été décrié, jusqu'à ce que lui succède l'Accord dit global et 
inclusif.


"Accord global et inclusif"

3.Depuis la signature de l'Accord de Pretoria III, que nos compatriotes ont 
accueilli avec soulagement, mais non sans scepticisme, l'inquiétude du 
peuple congolais ne cesse de croître. La fin de la guerre tarde à venir. 
Les Accords signés à coup de tapage médiatique ne sont ni respectés, ni 
appliqués. Par contre, des affrontements armés ont repris de plus belle 
dans certaines parties de la République, en semant leur lot de malheurs. 
Des atrocités des plus ignobles sont commises sur les civils et les 
prisonniers de guerre. Les belligérants tergiversent et multiplient des 
prétextes pour continuer la guerre. La Transition n'est pas toujours 
entamée. La misère de la population a atteint un degré insupportable.

4.Devant cette situation inadmissible, nous, Pasteurs de ce peuple, nous 
nous écrions :"Trop, c'est trop !" Nous dénonçons vigoureusement les 
intrigues des belligérants, leur indifférence vis-à-vis de la misère du 
peuple, leur obstination dans la logique de la guerre.


Manque de volonté politique et de patriotisme

5.Les atermoiements et les tergiversations qui entourent l'application de 
l'"Accord global et inclusif" prouvent suffisamment le manque de volonté 
politique et de patriotisme des parties en cause dans la crise congolaise. 
De part et d'autre, une poignée de gens à la culture politique douteuse 
prennent tout un peuple en otage. Ils signent des Accords, mais ne 
s'engagent pas à les respecter et refusent de les appliquer. Le respect de 
la parole donnée est une vertu qu'ils bafouent.

6.Pour ces hommes, l'écart entre la parole et le geste témoigne d'un manque 
cruel de la volonté de servir le bien commun. Ils font et défont les 
alliances au gré des humeurs et des intérêts égoïstes. Ils disent une chose 
et font le contraire. Ils chantent la paix, mais servent la cause de la guerre.

7.Ce manque de volonté politique a engendré un Accord sans engagement 
explicite de la part des signataires pour la cessation de la guerre en RDC. 
A la lecture de cet Accord, on s'étonne de l'absence d'une déclaration de 
la fin totale de la guerre. Par contre, cet Accord paraît être un compromis 
entre belligérants, une récompense aux chefs de guerre. Le partage du 
pouvoir y occupe une place de choix, comme si le pouvoir était une fin en 
soi. Ainsi leurs négociations ont-elles abouti à un Accord qui privilégie 
la logique de la conquête du pouvoir par les armes. Or notre peuple a déjà 
rejeté cette option . Il apparaît dès lors inadmissible de continuer à agir 
selon la logique de guerre qui, on le sait, ne favorise ni le développement 
de la nation, ni l'instauration de la démocratie.

8.Les hommes politiques de notre pays ne font pas preuve de patriotisme. 
Préoccupés par des intérêts égoïstes, ils font de la politique un 
gagne-pain qui n'a rien à voir avec la recherche du bien-être de la 
population et le souci de la démocratie. Les spectacles désolants qu'ils 
ont livrés à Sun City, les divisions internes, la course au positionnement 
et les querelles de préséance qui caractérisent leurs mœurs politiques en 
sont une preuve. Incapables de se dépasser et de faire triompher les 
intérêts supérieurs de la nation, nos politiciens se complaisent dans des 
blocages politiques qui perpétuent la crise en RDC. Le sort du peuple ne 
les préoccupe guère. Ils ne font aucunement preuve d'une quête sincère de 
la démocratie. Dès lors, il n'est pas étonnant qu'ils aient multiplié les 
institutions de la Transition, comme si le pays disposait d'assez de moyens 
financiers et d'infrastructures pour en assurer le fonctionnement. Leurs 
appétits effrénés pour le pouvoir ont conduit à l'adoption du fameux schéma 
1+4 qui contient les germes de conflit au sommet de l'Etat.


Une Société civile fragile

9.Quand, au début des années 90, la Société civile s'est dotée d'une 
organisation, le peuple congolais s'était réjoui d'avoir enfin des 
défenseurs de ses droits censés protéger ses intérêts. La présence de cette 
Société civile sur la scène nationale avait suscité beaucoup d'espoir. Sa 
vocation apolitique en faisait, en principe, une organisation de citoyens 
sans prétention de conquérir le pouvoir politique ou d'y participer. On 
s'attendait à ce qu'elle joue le rôle de catalyseur pour une plus grande 
cohésion. Avec le temps, on a vu la Société civile se laisser ronger par la 
crise. Elle s'est politisée jusqu'à se fragiliser, mettant ainsi en danger 
son crédit et les intérêts des citoyens.

10.Les divisions internes de la Société civile ne favorisent nullement le 
dénouement de la crise qui sévit dans notre pays. En plus de la course au 
pouvoir qui caractérise ses animateurs, elle est minée par des divisions et 
des manipulations, très dangereuses pour l'efficacité de son action. 
Certes, des hommes et des femmes honnêtes n'y manquent pas, mais leur 
action est étouffée par les ambitions politiques de la majorité.


Par delà les intérêts économiques et politiques, il y a l'homme

11."Créé à l'image et à la ressemblance de Dieu"(Gn 1, 26), l'être humain a 
une valeur inaliénable. Sa vocation d'homme en fait un être sacré et doté 
de dignité inviolable. Cette dignité humaine en RDC est bafouée au nom des 
appétits démesurés des profits économiques. Les guerres qui se succèdent 
dans notre pays sont des guerres économiques. La richesse du sous-sol 
congolais est convoitée par des puissants qui attisent des foyers de 
tension et de division pour s'en emparer. Parmi ces pêcheurs en eau trouble 
figurent bien entendu des nationaux dont certains ont été dénoncés par le 
Panel d'experts de l'ONU. Mais, il y a aussi et surtout des étrangers qui 
pillent systématiquement les richesses de notre nation soit directement, 
soit par personnes interposées. Ils profitent de la crise actuelle et 
s'emploient à la perpétuer pour des intérêts économiques, au détriment du 
peuple qui est le détenteur du pouvoir et le propriétaire des ressources 
naturelles de ce pays.

12.Aux uns et aux autres, nous disons que par delà les richesses du 
sous-sol que l'on convoite tant et qui font le malheur des congolais, il y 
a des êtres humains dont il faut respecter la dignité et les droits. Ce cri 
de détresse s'adresse surtout à ceux de nos compatriotes qui hésitent à 
faire la paix à cause des intérêts politiques et économiques. "L'homme 
comblé ne dure pas"(Ps 49(48),13). La fortune du sang n'honore point son 
propriétaire et ne peut aucunement être source de bonheur (cf. Jb 15, 29). 
De même, régner par la violence est contraire à la démocratie.

L'intégrité territoriale de la RDC n'est pas négociable

13.Le paysage politique en RDC constitue une menace grave à l'existence 
même de notre pays. Face aux multiples tentatives de balkanisation, notre 
peuple oppose une résistance héroïque et exemplaire. En cela, il manifeste 
son attachement à l'unité du pays. Au nom de ce même peuple, nous 
réaffirmons avec fermeté que "l'intégrité territoriale et la souveraineté 
nationale ne sont pas négociables" .


Seul le chemin de la paix peut sauver la RDC

14.La voie de la paix est l'unique qui puisse sortir le Congo de la crise, 
et le peuple de la souffrance et de la misère. Comme l'a si bien souligné 
Sa Sainteté le Pape Jean Paul II à l'occasion de la célébration de la 
journée mondiale de la paix 2003 et du 40e anniversaire de l'encyclique 
Pacem in terris du Bienheureux le Pape Jean XXIII, - cette paix dont notre 
pays a tant besoin - comporte quatre piliers : la vérité, la justice, 
l'amour et la liberté . Les belligérants et la classe politique doivent 
s'engager résolument à consolider ces quatre piliers pour sortir notre pays 
de la crise : "Vouloir la paix n'est pas un signe de faiblesse mais de force" .

15.Le choix pour la paix exige des gestes concrets. Ainsi, par delà les 
discours et les vœux pieux, il est nécessaire, sinon impérieux, que les 
belligérants et la classe politique posent des gestes de paix, en évitant 
des provocations bellicistes qui bloquent inutilement le processus de paix. 
Notre population se réjouirait si les belligérants parvenaient à poser des 
gestes concrets de paix, par exemple la cessation totale des hostilités, 
les rites de réconciliation et de pardon, le dialogue franc, l'autorisation 
de la libre circulation des biens et des personnes sur toute l'étendue du 
territoire national, la destruction des armes légères sur la place 
publique, etc.

16.Dans le contexte actuel du Congo, le chemin de la paix passe surtout par 
le respect de la parole donnée et l'application des Accords signés. Nous 
avons certes souligné les limites de l'"Accord global et inclusif", 
néanmoins, nous invitons les signataires à le parfaire ou tout au moins à 
l'appliquer dans la mesure où il permet de mettre en place les Institutions 
qui aideront à gouverner le pays.

17.En effet, bien que lacunaire, l'"Accord global et inclusif" sur la 
transition en RDC est un maillon de la chaîne pour l'avènement de la paix 
dans notre pays. Les parties à l'Accord doivent clairement renoncer à la 
guerre et à toutes formes de violence qui l'accompagnent par le 
désengagement de leurs forces combattantes et par l'amorce d'un programme 
de restructuration de l'armée comme préalable à une transition non 
conflictuelle.


Trop, c'est trop !

18.La multiplication des obstacles sur le chemin de la paix en RDC a 
atteint les limites du tolérable. Considérant les responsabilités qui sont 
les nôtres dans cette société, nous faisons une mise en garde aux 
belligérants et à la classe politique : le peuple ne supportera plus 
longtemps leurs tergiversations. Si la crise perdure encore, l'Eglise 
catholique utilisera des moyens appropriés pour hâter le retour de la paix 
en RDC.

19.La situation dramatique que traverse le Congo ne doit pas être 
considérée comme une fatalité. Elle nous appelle à nous ressaisir tous pour 
hâter l'avènement d'un Etat de droit. Pour y parvenir, nous, vos Pasteurs 
et Pères dans la foi, exhortons nos frères et sœurs belligérants et acteurs 
politiques, à manifester une réelle volonté politique et à faire preuve de 
culture politique. Qu'ils cessent de faire la honte du Congo et deviennent 
de véritables leaders politiques .

20.Nous demandons à nos chrétiens de la Société civile de jouer pleinement 
leur rôle de catalyseurs pour une plus grande cohésion. Que les chrétiens 
soient les héros du combat des valeurs qui contribuent à la construction de 
la nation.


Bénédiction finale

21.Puisse le Seigneur, par l'intercession de la Très Sainte Vierge Marie, 
Reine de la Paix, bénir notre pays et susciter plus d'artisans de paix au 
sein de notre peuple.

Fait à Kinshasa, le 15 février 2003






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