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TCHAD - Mess.NOEL eveques



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WEEKLY NEWS ISSUE of: 18-12-2002      -   TCHAD

Veuillez trouver ci-dessous le message de Noël 2002 de la Conférence 
épiscopale du Tchad
Avec nos compliments
Paolo
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MESSAGE DE NOËL 2002 DE LA CONFERENCE EPISCOPALE DU TCHAD

Charles VANDAME, Archevêque de N'Djaména
Jean-Claude BOUCHARD, Evêque de Pala
Mathias NGARTERI, Evêque de Moundou
Michel RUSSO, Evêque de Doba
Edmond DJITANGAR, Evêque de Sarh
Miguel SEBASTIAN, Evêque de Laï
Rosario Pio RAMOLO, Evêque de Goré
Henri COUDRAY, Préfet Apostolique de Mongo

BÂTIR UNE NOUVELLE SOCIETE

1.      Chaque année, à Noël, nous fêtons la naissance de Jésus-Christ, la 
Parole de Dieu devenue homme. Fêtons joyeusement l'événement et 
demandons-nous aussi ce qu'il signifie : pourquoi Dieu se fait homme et 
qu'est-ce que cela change pour nous ? Dieu a voulu se faire homme pour nous 
donner le courage de réaliser de manière nouvelle notre vocation d'homme, 
faire grandir l'humain en chacun de nous, en chacune de nos sociétés.

2.      Pourtant, nous constatons, dans notre vie et dans notre société 
tchadienne, que cet homme nouveau a bien du mal à naître en nous et autour 
de nous. L'évolution économique et politique du pays n'est pas à la hauteur 
de l'espérance des populations. Ni le pétrole en voie d'exploitation, ni 
les élections n'ont apporté un remède à la misère de la majorité du pays. 
L'homme tchadien a le cœur frustré et humilié. Frustré, parce qu'au lieu 
d'être partenaire de la vie sociale, il est réduit à " donner des voix " 
aux élections. Humilié, parce que compromis, volontairement ou non, avec un 
système qui le porte à chercher ses avantages égoïstes. Il contribue ainsi, 
par sa propre démission morale et civique, à la médiocrité qui nous étouffe 
tous.

3.      Nous ne voulons pas augmenter le pessimisme. Au contraire ! C'est 
parce que nous avons confiance en l'homme, en tous ceux qui se battent pour 
une vraie promotion humaine, pour une société plus juste et plus 
fraternelle, qu'il nous faut regarder la réalité d'aujourd'hui sans avoir 
peur de nommer les maladies qui nous rongent à tous les niveaux.

Une crise de confiance généralisée
4.      Dans nos messages des dernières années, nous avons souvent, et de 
manière insistante, dénoncé les maux sociaux qui nous tiennent prisonniers 
et essayé d'ouvrir des voies de salut. Malgré tout, nous constatons qu'ils 
ne cessent de s'aggraver. Cela nous semble dû à une crise de confiance 
généralisée qui détruit à la racine les efforts des hommes de bonne 
volonté. Les maux tels que régionalisme, corruption, appétit du pouvoir, 
absentéisme, laisser-aller minent la confiance en l'autre : en l'Etat, dans 
les élites, en soi-même. Ils trouvent leurs racines dans une perte du sens 
civique et de la morale collective chez la plupart des Tchadiens. Un 
journaliste du pays a écrit : " Toute une jeunesse est éduquée dans les 
contre-valeurs : le vol, le mensonge, le crime, l'impunité, la haine de 
l'autre, bref, une éducation sans morale ni civisme " (Le Temps, n° 305).

5.      Cette crise de confiance  ne touche pas seulement le Tchad. C'est 
une crise mondiale. Elle donne à notre tâche nationale une urgence encore 
plus grande. Est-il la peine, dans un tel contexte de crise morale et de 
doute sur soi, de parler de " démocratie " ? Peut- on faire une démocratie 
sans démocrates ? Il est temps de se mettre, tous et chacun, au 
travail  pour faire surgir l'homme nouveau à partir duquel pourra se bâtir 
une nouvelle société en commençant par les villages et les communautés locales.

Bâtir une nouvelle société : un travail commun
6.      C'est un travail difficile qui incombe à tous. La nation n'est pas 
donnée toute faite : elle est à faire ! Le développement ne vient pas du 
dehors : il est le fruit de nos efforts. Nous sommes invités à un travail 
commun. Cela implique que nous ayons le courage de sortir de nos égoïsmes 
de groupes, de nos peurs, de nos jalousies et de nos doutes sur nous-mêmes. 
L'autre doit cesser d'être un rival pour devenir un associé, un compagnon 
dans l'œuvre commune de construction sociale. L'homme a sans cesse à se 
dépasser lui-même pour oser désirer ce changement et se construire 
humainement. Il a besoin de croire qu'il a en lui, et pas seulement en 
Dieu, ni venant de l'extérieur, les énergies pour y parvenir.

I - AVOIR CONFIANCE EN L'HOMME

1 - La dignité de la personne humaine
7.      Le Concile Vatican II a parlé longuement de la " très noble 
vocation de l'homme ", affirmant qu'un " germe divin est déposé en lui ". 
Il est un être créé " à l'image de Dieu " (Gn 1, 27). C'est donc une 
personne libre, capable de connaître son Créateur et de l'aimer. Il a reçu 
la mission de gérer toutes les créatures en faisant revenir toute chose à 
leur Créateur. Il ne le fait pas en solitaire. " Créé homme et femme " (Gn 
1, 27), il est fait pour vivre en communion avec les autres.

8.      Cette dignité de la personne humaine est tellement grande que la 
Bible dit : " Dieu regarda tout ce qu'il avait fait : cela était très bon " 
(Gn 1, 31). Si cette dignité est cachée à beaucoup d'entre nous pour les 
raisons dites plus haut, cela ne signifie pas qu'elle est définitivement 
perdue. Au contraire, c'est une raison pressante de la remettre au jour et 
chacun doit reprendre confiance en lui-même, retrouver du courage, en 
entendant Dieu s'adresser à lui en paroles de feu : " Tu as du prix à mes 
yeux et je t'aime ! " (Is 43, 4).

2 - Obéir à la voix de sa conscience
9.      Bien sûr, nous savons que le mal, en l'homme et dans le monde, 
empêche cette dignité humaine de porter tous ses fruits. Le péché est même, 
un peu partout, érigé en système, en véritables " structures de péché ", 
selon le mot du Pape Jean-Paul II. Malgré cela, dès le début, Dieu ne 
renonce pas à la grandeur de son projet pour l'homme. Le Créateur fait 
Alliance avec lui, l'associe à lui comme partenaire d'une " histoire sacrée 
". Histoire qui culmine avec la naissance, la vie, la mort et la 
résurrection de Jésus-Christ.

10.     C'est pourquoi l'Eglise persiste à proclamer que le meilleur moyen 
pour l'homme de se dégager de ces forces du mal est d'abord de prendre 
conscience de sa dignité. Elle croit que l'Esprit-Saint est présent au cœur 
de l'homme et que cet Esprit, " en lui, veut ce que Dieu veut " (Rm 8, 
27).  L'homme libre et responsable réalise pleinement sa dignité en 
obéissant à la voix de sa conscience. Cette voix appelle tout homme, 
chrétien ou non, à la justice et à l'amour universels. Ainsi en témoigne la 
courageuse confession d'un grand commis de l'Etat dont la presse s'est 
récemment fait l'écho : " Nous avons entretenu la discorde et la haine avec 
tous les services de l'Etat, en suspendant les cadres dans l'exercice de 
leur fonction pour la complaisance ou le règlement de compte. Nous avons 
institué le vol organisé, … un système de vol et de mafia dans tous les 
marchés. La corruption est organisée. Nous avons menti, voire trahi la 
confiance placée en nous ... Nous avons érigé un système de pillage de 
biens publics. Nous avons créé la désolation et la méfiance. Nous avons 
perdu la confiance de la population " (Le Progrès, 31/7/2002). Que chacun 
laisse résonner en lui l'écho de ces paroles courageuses et se mette au 
travail.

3 - Un travail commun
11.     Puisque nous sommes tous touchés par ces maux, c'est ensemble qu'il 
nous faut reconnaître la réalité et chercher des solutions justes. Tout 
être humain vient de Dieu. Tout homme est appelé à un seul et même but, qui 
est Dieu Lui-même. Pour atteindre ce but, il a pour commandement " d'aimer 
son prochain comme lui-même " (Dt 6, 4). La prière de Jésus la veille de sa 
passion nous révèle l'étonnant projet que Dieu a pour l'homme : " que tous 
soient un … comme le Père et moi nous sommes un " (Jn 17, 21).

12.     Dans notre pays qui cherche si douloureusement son unité, c'est en 
vivant lucidement et courageusement sa vocation communautaire que l'homme 
se libérera des liens qui l'asservissent. Il n'y parviendra qu'en 
instituant un vrai partenariat : de l'Etat vers les citoyens, des citoyens 
vers l'Etat, des citoyens entre eux. Car là où ce partenariat n'est pas 
assuré, la dignité de l'homme n'est pas reconnue.  " L'homme ne vit pas 
seulement de pain " (Mt 4, 4) mais de fraternité et de solidarité : la 
famille, la société civile, la religion, la communauté politique.

13.     Dans la communauté humaine,  tout groupe doit tenir compte des 
besoins et des légitimes aspirations des autres groupes. A tous les niveaux 
où il est situé dans la société, l'homme n'est pleinement homme qu'en étant 
un être pour les autres. L'Etat est pour tous les citoyens, le parti est 
pour le bien commun, la famille est pour la société, l'Eglise-Famille de 
Dieu est pour la famille humaine sans frontières. L'homme conscient de sa 
dignité ne jouit de ces droits que dans la mesure où lui-même, là où il 
est, s'acquitte honnêtement et courageusement de ses devoirs sociaux.

4 - Appelés à être fils de Dieu
14.     Le Fils de Dieu est devenu  un homme " semblable à nous en toutes 
choses excepté le péché " (He 4, 15). Il a partagé notre condition humaine, 
vie familiale, sociale, religieuse, travail, amitié …, en toute droiture, 
exigence et tendresse. Mais encore, par sa mort et sa résurrection, il nous 
permet de devenir réellement fils de Dieu. L'Esprit de Dieu, en effet, 
s'exclame, du plus profond du cœur de l'homme : " Abba, Père ! " (Rm 8, 
15). Levons donc les obstacles qui empêchent Dieu de parler en nous. Levons 
notamment ces doutes sur nous-mêmes et sur autrui. Laissons naître en nous 
l'Homme nouveau. En Jésus agenouillé au pied de ses disciples, Dieu crie la 
dignité de sa créature. L'entendrons-nous ? Décevrons-nous l'attente de 
Dieu ? " Ce que vous avez fait au plus petit d'entre mes frères,  dit 
Jésus, c'est à moi que vous l'avez fait " (Mt 25, 40). Citoyen ou étranger, 
vertueux ou pécheur, dignitaire ou serviteur, tout homme est réelle 
présence de Jésus pour moi. Tout homme a en lui cette Présence, ce " plus 
que soi-même " dont il est responsable.

15.     Aussi, dans la joie de cette révélation de notre dignité d'homme, 
nous vous invitons à vous réjouir avec nous. Frère et sœur chrétien, frère 
et sœur en Dieu et en humanité, voilà qui tu es ! Sois fier de ta dignité ! 
Echappe au piège du mal qui détruit en toi  l'image de Dieu ! Sois pour 
tout homme un partenaire confiant, résolu et exigeant. Aie confiance en ta 
capacité de devenir ce que Dieu t'appelle à être.

II  - UN SURSAUT MORAL
16.     Fortifiés par cette confiance retrouvée en nous-mêmes et en notre 
dignité, laissons-nous prendre par la tâche urgente de bâtir en notre pays 
une nouvelle société.

1 - Réveillez-vous
17.     Notre pays a besoin avant tout d'un sursaut moral. Que le plus 
grand nombre d'entre nous se laissent stimuler par l'exemple héroïque de 
nos frères qui sauvent la dignité bafouée de l'homme. Rejoignons leurs 
rangs. Non, l'homme n'est pas parfait, loin de là ! Mais il est 
perfectible. Notre première tâche est un travail de conscience. Que chacun 
se dise à soi-même : Sois conscient de ce que tu es ! Rejoins au cœur de 
ton cœur l'image de Dieu inscrite en toi ! Aie confiance en toi ! " Deviens 
ce que tu es ! ".

18.     Réagissons au pessimisme ambiant. Ne nous laissons pas endormir par 
ceux d'entre nous qui ont choisi, consciemment ou non, de se livrer au 
mensonge, à la cupidité et à la violence. Ouvrons au contraire les yeux sur 
la beauté et le courage de ceux qui disent non à l'humiliation de l'homme, 
et ils sont nombreux pour qui sait regarder, au-delà de toute frontière 
familiale, régionale et confessionnelle.

2 -  Un sursaut de l'esprit
19.     Nous vous encourageons à avancer résolument dans le travail déjà 
entrepris ici et là sans vous laisser décourager par son apparente 
inutilité. Nous vous appelons à un vigoureux sursaut spirituel, moral et 
civique. Libérez ainsi vos énergies les plus profondes et les plus nobles. 
Rassemblez-vous pour lire et réfléchir. Etudiez systématiquement tout ce 
qui peut faire grandir en chacun d'entre vous cette confiance en l'homme et 
en sa dignité, fondement incontournable de toute reconstruction sociale.

20.     Ici, nous nous adressons plus particulièrement aux intellectuels. 
La confiance que nous plaçons en vous nous fait redoubler d'exigence. La 
mission d'intelligence qui vous incombe est immense. Etes-vous sûrs que 
vous l'assumez ? Votre tâche d'éclaireurs et d'éveilleurs des esprits est 
urgente. Le peuple se meurt de son ignorance. Percevez-vous, dans 
l'humiliation de sa dignité, son cri silencieux ? Vous êtes responsables 
d'assurer votre formation permanente. Vous avez également à mettre vos 
compétences au service de tous, avec imagination et sens pédagogique. 
Creusez par votre travail les sources profondes du renouveau spirituel et 
moral dont nous avons tant besoin.

21.     En notre pays, chacun, chrétien, musulman et adepte des religions 
traditionnelles, croit à un unique Créateur. Aussi interpellons-nous tous 
les croyants. Prenez garde à ne pas être de simples " adeptes ". Soyez de 
vrais " fidèles ", des hommes et des femmes de foi, d'intériorité et de 
prière. Cultivez le retour aux sources les plus authentiques de vos 
traditions qui fondent votre dignité d'homme et de croyant. Conscients de 
la nature sociale de l'homme, travaillons ensemble à éveiller, en nous et 
en autrui, la conviction que c'est dans le don de lui-même que l'homme se 
réalise. Oui, " il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir " (Ac 20, 35).

3 - Un sursaut civique
22.     C'est dans ta dignité retrouvée, mon frère, ma sœur, que se fonde 
l'urgence de ta tâche citoyenne. A la place où tu es, tu es responsable de 
la bonne marche de la société. Cette responsabilité civique est une mission 
humaine sacrée. Se contenter de revendiquer ses droits en taisant ses 
devoirs est une attitude fondée sur le mensonge, car droits et devoirs sont 
indissociablement liés. Cette attitude entretient aussi le jeu stérile de 
la rivalité entre partenaires : chacun accuse l'autre et rejette du même 
coup ses propres responsabilités. Faire valoir mes droits exige de moi-même 
de m'acquitter d'abord de mes devoirs. C'est aussi agir toujours selon ma 
conscience d'homme responsable et non sous le pouvoir de mes instincts, des 
passions ou la pression d'un groupe ou d'un parti. C'est aussi respecter la 
personne humaine en me faisant le prochain de n'importe quel homme, y 
compris mes adversaires, et me convaincre de l'égalité de tous les hommes 
entre eux. Cette manière d'être responsable exige, bien sûr, de moi comme 
de chaque homme, une conversion profonde et continuelle.

23.     Verser intégralement au Trésor de l'Etat l'argent perçu en son nom, 
ne pas parasiter l'électricité, le téléphone ou les véhicules de 
l'administration, m'engager dans les structures d'assainissement de mon 
quartier ou de mon village, voilà des choses réalisables pour progresser 
vers une société meilleure. Déjà, le mouvement associatif prend en charge 
cette mission sociale de l'homme. Beaucoup d'entre vous y participent. Mais 
nous vous encourageons encore à redoubler d'efforts en ce sens. Toute forme 
de regroupement associatif, syndical, villageois, féminin, etc.  est vitale 
pour notre société. Grâce à cela, se développent entre individus des 
relations d'interdépendance et de solidarité qui sont une excellente école 
pour former au sens du bien commun, de la moralité et de la démocratie. 
Avant d'être  un cadre institutionnel, le mouvement associatif est d'abord 
un esprit. Il commence dans la famille, par la création d'un partenariat 
entre époux et entre parents et enfants. Il y développe l'esprit de 
solidarité et d'initiative, tant dans le domaine de la propreté de la 
concession, de la participation aux tâches domestiques, par exemple, que 
dans celui de l'organisation des loisirs. Ainsi cet esprit associatif 
pourra-t-il se développer et se fortifier, se purifier aussi de ses 
déviations, telles que la course aux per diem, aux voyages et autres 
avantages qui transforment le militant associatif en parasite !

4 - Une tâche importante pour les gouvernants
24.     Les responsables politiques, en tant que garants et gestionnaires 
du bien commun, ont évidemment un rôle important à jouer dans ce sursaut 
moral. Ce que nous demandons ici aux gouvernants, nous osons le faire parce 
que nous l'exigeons de chaque citoyen et d'abord de nous-mêmes ! Les 
institutions de l'Etat deviennent vite des structures oppressives et 
parasites dès qu'elles ne sont plus ordonnées au bien de l'homme, y compris 
à son bien ultime, qui est spirituel, surtout si les responsables qui 
contreviennent à la loi ne sont jamais sanctionnés. Cela signifie que, à 
tous les niveaux de la vie de l'Etat, depuis les élections et l'exercice du 
pouvoir législatif jusqu'à la gestion des grandes institutions publiques 
(éducation, santé, économie, culture), le souci du bien véritable de 
l'homme doit être placé au premier plan. Et en particulier dans 
l'éducation, secteur sinistré, on veillera non seulement à promouvoir des 
jeunes compétents et cultivés, mais encore à faire des citoyens et des 
hommes courageux et conscients de leurs responsabilités.

25.     Pour que cet effort soit crédible, il faut encore que les 
responsables soient les premiers à donner le bon exemple du respect de la 
loi commune ! Par ailleurs, en ce qui concerne le partage des 
responsabilités citoyennes, l'Etat doit stimuler sans cesse en chaque 
citoyen l'esprit de participation à la gestion des affaires publiques. Il y 
a en effet une grave manière de desservir l'homme, qui consiste à prétendre 
se mettre au service du peuple alors que, dans les faits, le monopole du 
pouvoir exclut les citoyens de la gestion de la chose publique !

5 - Une tâche qui s'impose aux chrétiens
26.     Pour finir, nous nous adressons plus particulièrement à vous, 
frères et sœurs catholiques, laïcs, religieux, religieuses et prêtres. Nous 
le faisons avec les mots mêmes de Jésus lorsqu'il s'adressa autrefois à ses 
disciples désemparés et impuissants devant la foule affamée. Réécoutons 
ensemble ce passage de la multiplication des pains et de la tempête apaisée 
(Mt 14, 13-33) : " Donnez-leur vous-mêmes à manger ! ", dit Jésus aux 
disciples. Quelle dignité  le Seigneur accorde à ces hommes pour qu'il les 
associe ainsi à l'œuvre qu'il est le seul à pouvoir faire ! Quelle 
confiance il a en eux, lui qui leur dira : " Je ne vous appelle plus 
serviteurs mais amis " (Jn 15, 15) ! Apportez-moi vos cinq pains et vos 
deux poissons, semble dire Jésus, je veux en faire exploser toute la 
richesse de vie …

27.     " N'ayez pas peur ! c'est moi " (Mt 14, 27), dit Jésus à ses 
disciples dans la tempête. Marche avec moi sur les eaux en furie, homme de 
peu de foi, dit-il à Pierre, c'est sur toi que je veux bâtir mon Eglise … 
Confiance ! mes disciples,  peut encore nous dire Jésus. Entendez 
aujourd'hui ces paroles, c'est à chacun d'entre vous que je les adresse. 
Recueillez-en joyeusement la Bonne Nouvelle. Laissez-vous arracher à votre 
découragement, à votre désir de sécurité, au rêve d'un donateur tombé du 
ciel ! Quittez la terre rassurante du groupe et du faux consensus. Partez 
vers l'autre rive. N'ayez pas peur de la nuit ni de la tempête. Croyez que 
ma présence fidèle vous permet cependant de tenir dans la tempête, même si 
vous ne me voyez pas. Luttez donc vaillamment et patiemment contre les 
vents de la critique stérile, de la jalousie et de l'incompréhension de vos 
groupes respectifs. Luttez contre les vents de la paresse, de la 
corruption, du mensonge et de la violence. Marchez avec moi dans la foi en 
l'homme, en vous-mêmes et en autrui. Ayez toujours à l'esprit que vous êtes 
mon Corps en ce monde, l'Homme nouveau dans les souffrances de son 
enfantement ! …

6 - " Debout et à l'ouvrage ! "
28.     Frères et sœurs chrétiens, soyez les premiers à vous lever et à 
marcher à l'appel de Jésus. Aidez en vous l'Esprit de Dieu à bâtir l'Homme 
nouveau. Avec tous vos frères et sœurs, croyants ou non, soyez le levain du 
peuple tchadien nouveau qui se met " debout et à l'ouvrage " ! Dans vos 
communautés ecclésiales de base, commencez par faire silence. Ecoutez 
toujours plus en profondeur, dans une lecture priante, la Bonne Nouvelle 
qui nous relève et fait de nous des fils et des filles comme le Christ. 
Ensemble, ouvrez-vous à cette connaissance de votre dignité humaine et 
expérimentez la capacité que l'Esprit donne à chacun d'être un saint. " 
Vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait ! " (Mt 5, 48), 
nous dit Jésus. Pour cela, suppliez Dieu, cherchez ensemble le chemin et 
les actes à poser. Ecoutez-vous vraiment. Confrontez-vous. Osez dire la 
vérité.

29.     Et nous, vos pasteurs, avec vous tous, laïcs chrétiens, prêtres, 
religieux et religieuses, nous désirons être des éclaireurs sur ce chemin 
de renouveau où nous vous demandons de vous engager davantage. Car nous 
croyons que, tous ensemble, nous pouvons bâtir une nouvelle société si nous 
sommes convaincus de notre dignité et de notre capacité à agir en 
solidarité. Ayons la volonté de briser les murs de l'ignorance, de la peur 
et des rivalités. Oui, avec le Concile Vatican II, nous pouvons " penser 
que l'avenir est entre les mains de ceux qui sauront donner aux générations 
de demain des raisons de vivre et d'espérer ".

30. Soyons des Hommes nouveaux, des hommes et des femmes bâtisseurs d'une 
nouvelle société! Telle est, cette année, notre manière de vous souhaiter 
un Joyeux Noël, puisque c'est sur le Fils de Dieu devenu Homme que se 
fondent notre confiance et notre espérance d'un monde nouveau.


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Un homme meurt chaque fois que l'un d'entre nous se tait devant la tyrannie 
(Wole Soyinka, Prix Nobel litterature)
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Everytime somebody keep silent when faced with tyranny, someone else dies 
(Wole Syinka, Nobel Prize for Literature)
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