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Il faut que justice soit rendue maintenant aux victimes desmassacres de Kisangani
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- Subject: Il faut que justice soit rendue maintenant aux victimes desmassacres de Kisangani
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- Date: Sat, 15 Jun 2002 18:38:35 +0200
Title: Il faut que justice soit rendue maintenant aux
victime
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source: Amnesty International
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RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU
CONGO
Il faut
que justice soit rendue maintenant aux victimes des massacres de
Kisangani
Index AI : AFR 62/009/02
Deux ans après le massacre qui avait fait jusqu'à 1 200 morts
en juin 2000 à Kisangani, dans le nord-est de la République
démocratique du Congo (RDC), Amnesty International craint fort que les
homicides illégaux dont ont été victimes à la mi-mai 2002
jusqu'à 200 personnes dans cette même ville n'aient été une
conséquence directe de l'impunité dont bénéficient les
meurtriers de juin 2000.
" Il est naturellement essentiel que ces homicides soient
condamnés, mais le Conseil de sécurité des Nations unies et les
États membres de l'ONU doivent aller plus loin et exiger que les
autorités respectent le droit international relatif aux droits
humains, en prenant les mesures nécessaires pour que les auteurs de
ces agissements et ceux qui les dirigent soient traduits en justice
", a déclaré ce jour (mardi 11 juin 2002) Amnesty
International.
D'après les informations recueillies, les atteintes aux droits
humains de mai 2002, qui ont notamment pris la forme d'exécutions
sommaires de civils et de combattants, de viols et de pillages, ont
été commises par des membres de l'Armée patriotique rwandaise
(APR) et des combattants fidèles au Rassemblement congolais pour la
démocratie (RCD-Goma), faction basée à Goma qui s'efforce de
déstabiliser le gouvernement de la RDC avec le soutien du régime
rwandais.
Ces homicides délibérés et arbitraires, qui ont duré pendant
plusieurs jours, ont débuté quelques heures après qu'un groupe
de mutins du RCD-Goma eut pris possession de la station de radio de ce
groupe politique armé à Kisangani, le 14 mai, et appelé la
population à utiliser tous les moyens envisageables pour mettre fin
à l'occupation rwandaise de l'est de la RDC. Des centaines de civils
auraient alors envahi les rues en réponse à cet appel, et tué
plusieurs soldats de l'APR ainsi que des civils soupçonnés
d'être rwandais.
" Ces atrocités rappellent celles perpétrées il y de
cela deux ans par les troupes ougandaises et rwandaises, appuyées
par leurs alliés armés congolais. Le fait qu'elles se soient
reproduites dans la ville même dont le Conseil de sécurité des
Nations unies avait exigé la démilitarisation indique clairement
que l'ONU et ses États membres ne se sont pas montrés suffisamment
déterminés à traduire en justice les auteurs présumés des
violences précédentes ", a fait observer Amnesty
International.
Au nombre des civils abattus figurent Roger Bombata, enseignant, et sa
mère Godée, ainsi que Vicky Longombe, étudiante à l'Institut
Home-Feyen, et sa grand-mère âgée de soixante-dix ans, Mbutu.
Des enfants ont également été tués, parmi lesquels Dieu-Merci
Bonganga, quatre ans, abattu dans sa chambre. Ces homicides seraient
le fait d'une unité du RCD-Goma connue sous le nom de Zoulou,
placée sous le commandement de l'APR.
D'après les informations recueillies, parmi les combattants
sommairement exécutés figurent les commandants Dominique Kamba
Mukunji, Yugo, Mangbau et Nyembo.
Bien que le RCD-Goma ait d'abord affirmé que moins de 40 mutins et
combattants demeurés fidèles à ce groupe politique armé
avaient été tués dans des échanges de tirs le 14 mai 2002,
certaines sources à Kisangani ont indiqué que quelques jours plus
tard, plusieurs dizaines de corps, enfermés dans des sacs dans de
nombreux cas, avaient été aperçus en train de flotter dans la
rivière Tshopo, proche de Kisangani. Certains des corps, mains
liés derrière le dos, avaient apparemment été décapités. On
ignore si les victimes, dont bon nombre étaient, semble-t-il, des
policiers ou des soldats du RCD-Goma, avaient eu la tête coupée
avant ou après leur mort. Des sources à Kisangani ont également
indiqué que nombre des corps mutilés repêchés dans la
rivière avaient été éviscérés et que leurs meurtriers leur
avaient rempli le ventre de pierres, manifestement dans le but de les
empêcher de flotter.
Comme en
juin 2000, des combattants se sont livrés en mai 2002 à des
homicides, des viols et des pillages à Kisangani alors que se
trouvaient dans la ville des membres de la Mission de l'ONU pour le
Congo (MONUC), chargée de veiller au respect de l'accord de
cessez-le-feu signé en juillet 1999.
Pour montrer son mépris de l'opinion congolaise et internationale,
le RCD-Goma a expulsé du territoire placé sous son contrôle
plusieurs membres de la MONUC début juin 2002, et exigé le retrait
du représentant spécial du secrétaire général des Nations
unies en RDC.
Le RCD-Goma a imputé à des défenseurs des droits humains de
Kisangani la responsabilité des mouvements de protestation
suscités par les homicides et autres atteintes aux droits humains. Le
missionnaire catholique Xavier Zabalo a été détenu pour une
courte période et interrogé sur les liens qu'il entretenait avec
un groupe local de défense des droits humains. Son collègue Guy
Verhaegen a dû recevoir des soins médicaux après avoir été
frappé à coups de crosse de fusil. Craignant pour leur
sécurité, des défenseurs des droits humains de Kisangani se sont
réfugiés dans la clandestinité pendant environ deux semaines.
Les Nations unies et d'autres organisations intergouvernementales
(OIG), telles que l'Union européenne (UE) et l'Union africaine,
ainsi que les États attachés à la paix et à la justice,
doivent faire clairement savoir que les auteurs présumés des
atrocités commises en juin 2000 et en mai 2002 à Kisangani ainsi
que leurs dirigeants seront traduits en justice. Il est essentiel que
les victimes obtiennent réparation dans le cadre de ce processus,
sous forme de restitution en nature, de dédommagement et de mesures
de réadaptation.
" Les victimes doivent obtenir justice maintenant. Nul
ne saurait être considéré comme au-dessus des lois
internationales. La communauté internationale a décidé que
l'ancien président yougoslave Solobodan Milosevic et les anciens
dirigeants rwandais devaient répondre de leurs crimes. Toute
impunité doit également être refusée aux dirigeants d'Afrique
centrale et à leurs bandes de supplétifs responsables de crimes de
guerre et d'autres violations du droit international humanitaire en
RDC ", a conclu Amnesty International.
Complément d'information
En juin 2000, jusqu'à 1 200 personnes, des civils pour la
plupart, avaient été tuées illégalement et un grand nombre
d'habitations et de bâtiments publics, notamment des églises et
des centres de soins, avaient été détruits ou gravement
endommagés. Des escadrons de la mort du Rwanda, de la RDC et
d'autres pays de la région ont tué illégalement jusqu'à 200
000 personnes, des réfugiés rwandais pour la plupart, en RDC entre
octobre 1996 et mai 1997. On estime que jusqu'à 2,5 millions de
personnes ont été tuées ou ont perdu la vie en raison de la
guerre menée depuis août 1998 en vue de renverser le gouvernement
de la RDC.
l
Pour
obtenir de plus amples informations, veuillez contacter le Service de
presse d'Amnesty International, à Londres, au +44 20 7413 5566 ou
consulter notre site web :
http://www.amnesty.org
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