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Bunia - From Justice-Plus



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WEEKLY NEWS - SPECIAL ISSUE of: 09-03-2002 - BUNIA (Congo RDC)

Nous venons de recevoir de Kinshasa le document suivant, concernant la 
situation à Bunia.
Nous vous l'envoyons tel quel.
Paolo
Bruxelles 09-03-2002
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JUSTICE-PLUS
35, Avenue Ituri, Quartier LUMUMBA, BUNIA (RD. CONGO)
B.P 630 Bunia
Tél. :00 243 98171100
Fax :00 243 8801826
Email :justice_plus@yahoo.fr

GUERRE INTERETHNIQUE EN ITURI :
" Des armes blanches aux armes légères : un nouveau pas franchi!"

Bunia- Kinshasa, 27 février 2002.
L'organisation des droits de l'homme, JUSTICE-PLUS, basée à Bunia exprime 
ses préoccupations quant à la nouvelle tournure que prend la guerre 
interethnique Hema-Lendu en Ituri ces derniers mois. Les armes légères sont 
actuellement utilisées par les belligérants. " Si, hier, les parties ont 
fait usage des blanches pour faire la guerre ; aujourd'hui, elles recourent 
aux armes légères. Les conséquences risquent de devenir beaucoup plus 
désastreuses pour la région " a déclaré un militant des droits de l'homme 
de Bunia.

Ce nouveau pas franchi dans cette guerre ethnique, qui ne cesse d'alourdir 
le bilan de ses victimes depuis juin 1999, causera, sans doute, de graves 
conséquences sur la vie de la population en Ituri. Elles font déplacer, 
jour pour jour, la population en Ituri. L'insécurité, la peur et les 
traumatises causés par cette guerre dureront encore pour longtemps.

De sources crédibles et concordantes montrent les commandants et généraux 
ougandais qui opèrent dans la région. Ils sont accusés d'avoir introduit 
des armes à feu dans ce conflit et d'y prendre part activement au profit de 
tous les deux parties en conflit. Ces armes sont échangées contre les 
produits agricoles ou achetées par les parties auprès de ces généraux.

" L'Ouganda doit cesser de jouer à l'innocent "

Au début de mois de février courant, le chef d'Etat-Major de l'UPDF, Amana 
MBABAZI, a jugé la situation en Ituri de potentiellement explosive et a 
appelé la communauté internationale de déployer rapidement les troupes de 
la MONUC dans la région. Trois jours après, la milice Lendu, fortement 
armée, attaquait les quartiers périphériques de la ville de Bunia. 
(Kolomani, Mudzi-Pela) faisant déplacer près de 15.000 personnes de leurs 
habitations. Une véritable panique.

L'Ouganda a attendu la complication de la situation pour appeler la 
communauté internationale à intervenir. Une situation dramatique dont il 
est le seul vrai catalyseur. La communauté internationale ne devra pas se 
duper de cette manœuvre de l'Ouganda tendant à chercher, plus tard, à 
justifier son innocence ou corresponsabiliser celle -ci.

Certains commandants militaires ougandais sont désignés comme fournisseurs 
d'armes aux Lendu et aux Hema. Le Colonel Peter KARIM, riche militaire avec 
des affaires florissantes à Paidha, ville ougandaise frontalière du Congo 
et près de Mahagi, est soupçonné, depuis août 1999, fournir des armes à la 
milice Lendu. La milice Lendu constituerait actuellement une importante 
force et bien entraînée aux techniques de guérilla sur les collines de 
MBAU, territoire de Djugu. De cette localité seraient partis multiples 
raids de Lendu dans la région(Mbambu, Nizi, Kobu, Bunia…).

En août 2000, une mutinerie au sein de l'APC avait contraint les autorités 
ougandaises à amener 800 à 1000 jeunes congolais à Kiakwanzi(Ouganda) pour 
suivre une formation militaire. Ces jeunes, appelés mutins et en large 
majorité des Hema, ont été, par la suite, intégrés dans le FLC dirigé par 
Jean Pierre BEMBA. (Voir aussi Human Rights watch, Uganda in eastern Congo 
: fueling political and ethnic strife, p.26)

Après la dislocation du FLC, les jeunes Hema, formés comme militaires, sont 
rentrés à Bunia de Gbadolite, sous le commandement de Thomas LUBUNGA, un 
commandant Hema. Cette milice à base tribale ne se reconnaît pas au sein de 
l'APC.

L'Ouganda a formé les deux milices tribales Hema et Lendu qui risquent de 
provoquer un génocide, à l'instar de 1994 au Rwanda, dans la région. 
D'ailleurs, les parties au conflit s'identifient déjà aux groupes ethniques 
du Rwanda : Tutsi et Hutu. Le 16février 2002, la milice Lendu a attaqué la 
localité de Nyakeru(15 Km de Bunia) et plusieurs autres villages, notamment 
Nizi et Kparangadja. L'UPDF a été repoussée par la milice Lendu à Nyakeru 
avant de venir la chasser de ce poste  grâce à un renfort de Bunia. A 
Kparangadja, l'UPDF a avancé le chiffre de 200 morts, sans catégoriser ses 
victimes, et ensuite elle a réduit l'effectif à 100 morts.

Une journée, deux cents morts. Ce chiffre montre suffisamment l'ampleur de 
derniers affrontements de cette guerre.

Kampala maîtrise-elle les activités de ses généraux au Congo ?

Le discours officiel de Kampala est bien loin de réalité sur terrain et 
nous pousse à croire qu'elle ne maîtrise pas les activités de ses généraux 
et autres commandants militaires au Congo. " Des commandants militaires se 
sont détournés de leur mission de sécurité et sont devenues des hommes 
d'affaires "(voir aussi Justice-Plus, RD-CONGO : Nœuds de la Guerre, Bonn 
2001).

Les Généraux militaires ougandais ont crée l'insécurité en Ituri rt au 
Nord-Kivu en soutenant l'un ou l'autre chef rebelle du RCD ou du FLC en 
même temps  et pour le même poste. En octobre 2000, un groupe de généraux 
ougandais, dont notamment le général Brigadier James KAZINI, ont soutenu 
MBUSA NYAMWISI contre WAMBA DIA WAMBA pour la présidence du RCD/ ML Trois 
mois durant, la ville de Bunia fut le théâtre des affrontements sanglants 
entre les militaires partisans de deux chefs rebelles.

Tandis qu'il appuie Mbusa à Beni(Nord-kivu), non loin de là l'Ouganda 
soutienne Roger LUMBALA et Jean Pierre BEMBA, qui font la guerre au RCD-ML 
de Mbusa Nyamwisi. L'Ouganda ne veut des dirigeants congolais forts dans le 
territoire sous leur contrôle et emploie la politique DIVIDE IMPERIO, 
diviser pour régner, pour contrôler la situation. Le soutien à un dirigeant 
par des militaires est aussi fonction de l'impôt qu'il verse.

L'instabilité à l'Est congolais profite à l'Ouganda pour justifier 
l'impérieuse nécessité de maintien des es troupes dans cette partie du 
Pays. Ainsi, l'Ouganda pourra continuer l'exploitation des ressources 
naturelles du Congo sous plusieurs formes. Toute situation permettant de 
créer l'instabilité (l'insécurité) à l'Est est à bien exploiter.

L'Ouganda ignore-t-il qu'en retirant ses troupes de différents villages de 
l'intérieur de l'Ituri pour les concentrer à Bunia(janvier 2002) que les 
milices tribales en profiteront pour reprendre en force leurs activités ?

S'il le savait, pourquoi a-t-il laissé ce vide ? Les camps de la milice 
Hema à SOTA et de Lendu à Bukiringi et à Mbau sont-ils inconnus de l'UPDF ?

Suivant le Droit international Humanitaire, l'Ouganda, force d'occupation, 
est ténu par l'obligation d'assurer la sécurité de civils dans les zones 
sous leur contrôle. Alison des Forges de Human Rights Watch a déclaré 
"L'Ouganda veut se contenter seulement d'exploitation de ressources 
naturelles du Congo, mais ne veut pas assurer la sécurité de personnes et 
de leurs biens dans la région "

Bunia vit aujourd'hui sous le contrôle de trois milices privées et de 
l'armée ougandaise, UPDF. La milice de Mbusa Nyamwisi, la milice de 
Tibasima et de Thomas Lubanga et l'UPDF. Il suffit d'un petit rien pour que 
ces différentes milices s'affrontent. Ce laisser-aller de l'Ouganda est de 
nature à favoriser la confusion entre les leaders rebelles et à les pousser 
aux affrontements.

Que s'est -il réellement passé le lundi, 4 janvier 2002 à Bunia ?

Il n'y a pas eu un véritablement une attaque Lendu dans la ville, a dit un 
militant des droits de l'homme de Bunia.(A préféré de garder l'anonymat)

C'est plutôt les rumeurs et la tension qui ont causé la panique au sein de 
la population. Quelques jours avant, la présence de milices Lendu avait été 
signalée dans les localités envoisinantes de Bunia. (Nyangara, Shari…). De 
fausses alertes faisant étant de la présence de Lendu à Mudzi-pela et à 
Kolomani ont  provoqué le déplacement de la population de ces quartiers 
vers le Centre ville. Les populations ayant vidé lesdits quartiers ont 
laissé champ libre aux miliciens Lendu qui ne sont venus opérer que le 
soir, non pas à Mudzi-Pela, mais plutôt à Kolomani, où ils auraient tué 
deux personnes, selon certaines sources ; et trois, selon d'autres. 
Plusieurs cases ont été aussi incendiées par ces miliciens.

Certaines sources indiquent que les miliciens Lendu sont venus à Bunia à 
l'appel du fils d'un commerçant Bira de Kolomani, qui aurait été arrêté 
puisque soupçonné par les Hema d'avoir chercher à ravitailler en Carburant 
les miliciens Lendu.

Il convient aujourd'hui d'admettre que la problématique de la guerre 
Hema-Lendu n'a pas seulement son caractère foncier, mais une lutte de 
pouvoir pour contrôler l'administration et la vie politique ainsi que 
l'armée est maintenant le principal enjeux. Les Hema sont pour le moment 
majoritaires dans l'armée en Ituri et influents avec des Leaders politiques 
hauts placés dans le RCD/ML et au Gouvernorat. Les Lendu ont une véritable 
milice capable d'attaquer et de déstabiliser la ville de Bunia et environs 
en n'importe quel moment. Il y a une ressemblance avec la situation des 
Tutsi et de Hutu au Burundi.

Les Conséquences de l'attaque sur la ville de la population

Depuis son début en juin 1999, la guerre ethnique en Ituri, à côté de la 
grande guerre du Congo, a sensiblement paralysé nombreux secteurs de vie en 
Ituri, Bunia en particulier. Elle a engendré :

a) L'insécurité
A Bunia, à partir de 17 heures, tout le monde, sauf les militaires, se 
précipite pour rentrer
à la maison. A 18 heures, la circulation est quasiment terminée.
Les vols à main armée sont devenus très fréquents. Les commerçants, les 
magistrats les avocats et fonctionnaires sont les principales victimes de 
vols par les hommes armés extorquant et tuant parfois leurs victimes. 
Certaines routes sont devenues impraticables non seulement à cause de leur 
état de détérioration avancée, mais encore par l'insécurité.

La Crise alimentaire à Bunia et environs.

Les routes d'approvisionnement en vivres sont coupées. "  Bunia est enclavée "

La population a difficile de vaquer à ses occupations champêtres suite à 
l'insécurité. Les familles vivent de l'aide humanitaire. De nombreuses 
familles, bien que démunies, ont accueilli des déplacés à Bunia.

La malnutrition touche non seulement les enfants, mais aussi de personnes 
adultes. Le nombre des enfants kwachokorés ne cesse d'augmenter.

Le manque d'eau potable et l'assainissement de la ville.

La ville de Bunia connaît une pénurie quantitative et qualitative d'eau 
potable. La Ville a accueilli trente mille déplacées entre juin  1999 et 
mars 2000. D'autres petites vagues de déplacés sont venues s'ajouter par la 
suite durant l'année 2001 et début 2002.

Avant l'arrivée de déplacés, le problème d'eau potable s'est posé déjà. Le 
CICR/Genève, qui a essayé d'augmenter la capacité de l'usine de production 
d'eau de la Regideso/Bunia, a fermé ses activités dans la région, suite à 
l'assassinat de ses 6 membres en avril 2001 en territoire de Djugu. L'eau 
n'étant bien traitée par manque de chlore, le retour des maladies hydriques 
est prévisible.(Choléra, typhoïde…) avec des conséquences désastreuses, car 
les deux ONGs Internationales(CICR/Genève et le MSF/Hollande) qui 
avaient  sauvé la population de Bunia lors de Choléra de 1999(+- 200 morts) 
ont fermé leurs activités dans la région. Périodiquement des cas de choléra 
ont été signalés par-ci et par-là.

Education

La guerre a détruit de nombreuses infrastructures scolaires et a plongé de 
milliers d'écoliers et élèves en déplacement. Les écoles de Bunia ont 
accueilli de nombreux élèves déplacés de l'intérieur de Djugu.

Plusieurs écoles sont saturées, d'autres ont refusé de recevoir ces enfants 
pour multiples raisons. Les parents de ces élèves sont démunis et par 
conséquent incapables d'honorer les frais d'études et de manuels pour leurs 
enfants. Beaucoup d'enfants déplacés, tout comme des enfants de Bunia dont 
les parents sont démunis, sont condamnés de garder leurs enfants à la 
maison par manque de manuels scolaires et de frais d'études.

La crainte de recrutement de ces enfants dans l'armée est accrue d'autant 
plus que les parents démunis et désespérés de préparer un avenir pour leurs 
enfants, sont contraints, malgré eux, d'envoyer dans l'armée, seule 
institution qui essaye d'occuper les jeunes au Congo actuellement.

La réhabilitation des écoles et l'approvisionnement des écoles en 
fournitures scolaires est indispensable.

Santé

La guerre n'a pas épargné les infrastructures hospitalières dans 
l'intérieur de l'Ituri et a permis le retour de certaines maladies dites 
éradiquées.

La pauvreté pousse la population à recourir à la médecine traditionnelle. 
Des centres hospitaliers à l'intérieur sont dépourvus de médicaments. Les 
privés organisent la fourniture en médicaments, sans professionnalisation. 
Le risque de mauvaise prescription de médicaments est très grand. L'accès 
aux médicaments appropriés est difficile à la population.

ABBREVIATIONS

CICR : Comité international de Croix Rouge
RCD/ML : Rassemblement Congolais pour la Démocratie/Mouvement de Libération
MLC : Mouvement de Libération du Congo
FLC :Front de Libération du Congo
UPDF : Ugandan People Defence Forces
APC : Armée du Peuple congolais, branche armée du RCD/ML

Pour des informations complémentaires et observations, contacter :

Missak KASONGO
Directeur de Justice-Plus
Tél :0024398171100
Fax :002438801826
E-mail :kasmis@hotmail.com




Note: document reçu de Kinshasa le 7 mars 2002

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x - Un homme meurt chaque fois que l'un d'entre nous se tait devant la 
tyrannie (Wole Soyinka, Prix Nobel litterature) -  Everytime somebody keep 
silent when faced with tyranny, someone else dies (Wole Syinka, Nobel Prize 
for Literature)
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