[Date Prev][Date Next][Thread Prev][Thread Next][Date Index][Thread Index]

Et si la reponse n'etait pas dans les represailles?






Chers correspondants de Congosol,
nous avons recu cette piece par un ami congolais a' l'etranger, qui 
m'a prie' de le diffuser chez vous.

Nous le faisons bien volontier.

====================================================




ET SI LA REPONSE
N'ETAIT PAS DANS LES REPRESAILLES?...


Soyons clair.
RIEN ne peut justifier les attentats terriblement meurtriers du 11 
septembre contre les Etats-Unis.
Mais ces attentats ont eu lieu.
Et parmi bien des questions pressantes, la plus importante demeure: 
quelle sera notre reponse?

La reaction spontanee fait deja' appel a' la force.
On parle d'"acte de guerre", de "nouveau Pearl Harbour", de 
represailles musclees, de vengeance pour ces milliers de vies 
innocentes, de lutte sans merci entre le Bien et le Mal, etc.

Est-il possible, malgre' l'horreur du carnage et l'immense tristesse 
ressentie presque partout, de garder la "tete froide", de faire la 
difference entre la colere et la haine, pour reprendre la distinction 
d'Elie Wiesel, et de choisir le juste plutot que le facile? Peut-on 
esperer de nos autorites qu'elles choisissent la sagesse plutot que 
la poudre aux yeux? N'est-ce pas la' le sens du veritable leadership 
que l'on attend de nos responsables politiques?

Lancer une ou des attaques devastatrices contre des cibles 
terroristes reelles ou supposees est la solution de facilite', 
surtout si elle est realisee par de la quincaillerie militaire comme 
des missiles plutot que par des soldats en chair et en os: c'est 
rapide, c'est spectaculaire, ca fait beaucoup de dommages, et c'est 
peu couteux en vies humaines (pour "nous").
Donc, cela impressionne et satisfait notre opinion publique.

Malheureusement, cela a deux petits defauts: ca ne regle rien et ca 
aggrave la situation! Le Moyen-Orient nous en donne chaque jour la 
plus belle et triste preuve! On ne guerit jamais une maladie en 
s'attaquant a' ses effets mais a' ses causes.
Et l'escalade de la violence, que chaque adversaire considere comme 
parfaitement justifiee, est une spirale de mort sans fin.

Les attaques terroristes contre New-York et Washington sont 
totalement injustifiables.
Mais elles ne sont pas sans causes.
La haine fanatique que plusieurs vouent aux Etats-Unis d'Amerique, et 
a' l'Occident en general, n'est pas nee de rien ni de nulle part.
Et sans vouloir refaire ici l'histoire des colonisations politiques, 
des exploitations economiques, des hegemonies culturelles, des 
dominations militaires, des promesses trahies, des gouvernements 
renverses ou imposes, des "doubles standards" appliques, etc., force 
est de constater que bien des peuples du monde ont accumule' des 
griefs legitimes a' notre egard.
Et on semble oublier, un peu vite et commodement, que nos ennemis 
jures d'aujourd'hui sont nos allies d'hier, que nous avons souvent 
nous-memes "crees", entraines et armes, dans le cas d'Oussama Ben 
Laden comme dans celui de Saddam Hussein, de Manuel Noriega, etc.

Oui, il faut lutter sans merci contre le terrorisme.
Contre TOUS les terrorismes, celui des pauvres, souvent spectaculaire 
et aveugle, comme celui des puissants, plus sophistique' ou cible', 
celui des organisations apatrides comme celui des Etats, ennemis ou 
allies.
Il faut lutter contre tous les terrorismes car la terreur est 
TOUJOURS injustifiable, tout comme la vengeance.

C'est pourquoi la reponse juste aux horreurs du 11 septembre n'est 
pas, et ne peut pas etre, dans les represailles.
Aucune "frappe militaire", quelles qu'en soient la taille, 
l'intensite' ou la cible, ne pourra atteindre les deux objectifs que 
devrait poursuivre toute decision politique ou militaire: etre 
efficace quant aux objectifs poursuivis, et contribuer a' ameliorer 
la situation plutot qu'a' la deteriorer.
Les "frappes militaires" pourront peut-etre conforter notre "ego" 
national ou occidental, rassurer notre population quant a' notre 
superiorite' militaire, assouvir nos instincts de vengeance.
*********Mais elles ne pourront rendre la vie a' aucun de nos 
milliers d'etres chers disparus, elles ne reduiront en rien les 
"causes" du terrorisme et fourniront, au contraire, des raisons 
additionnelles aux nouvelles generations d'ennemis de l'Occident en 
faisant encore monter d'un ou plusieurs crans la spirale infernale de 
la violence.

Que faut-il donc faire?

Affirmer collectivement, haut et fort, notre engagement ferme a' 
lutter sans relache contre la violence et la terreur, d'ou' qu'elles 
viennent.
Ce qui implique, de la part de nos voisins americains, de renoncer a' 
l'unilateralisme qu'a jusqu'ici privilegie' la nouvelle 
administration Bush, pour s'engager resolument dans une approche 
multilaterale, non seulement quand cela fait son affaire comme dans 
le dossier du terrorisme, mais dans l'ensemble de sa politique 
internationale.

Etre coherents dans nos interventions politiques et cesser 
d'appliquer la politique des "deux poids, deux mesures" (en 
particulier a' l'egard du respect des droits humains, du regime de 
droit ou des resolutions des Nations Unies, comme a' l'egard 
d'Israel, de la Chine, de l'Afrique, etc.).

Prioriser la lutte contre les causes profondes du terrorisme: tout ce 
qui contribue a' diminuer les injustices politiques, economiques ou 
sociales, contribue directement a' faire baisser la pression 
terroriste et appauvrit le "terreau" ou' germe la culture terroriste.
Ca ne reglera pas tout, mais la prevention est toujours le meilleur 
remede a' la maladie.

Privilegier au maximum l'eradication du terrorisme et la mise hors 
d'etat de nuire des individus terroristes par la repression 
judiciaire et la regle de droit: application severe des moyens, 
actuels et a' venir, du droit criminel national et international, 
restriction eventuelle de certains de nos droits et libertes actuels 
au service d'une meilleure protection collective, etc.
Comme envers tous les crimes, il faut apprendre a' reprimer 
efficacement les comportements dangereux ou inacceptables sans pour 
autant "demoniser" les personnes qui agissent ainsi: car nous n'y 
gagnons rien, et cela nous detourne des vraies causes et sources de 
ces comportements.

Commencer a' sortir de notre suffisance et de notre "bon 
droit hereditaire" pour nous ouvrir aux realites differentes de 
l'Autre.
Nous autres, Occidentaux, avons l'habitude de nous considerer 
spontanement comme le "centre du monde".
Il est urgent d'apprendre a' voir le monde "avec les yeux de 
l'autre", d'apprendre a' marcher, ne fut-ce que pour un instant, 
"dans les souliers de l'autre".
Cela est une condition essentielle pour comprendre des mentalites ou 
des cultures differentes, pour developper une tolerance authentique 
et pour creer les conditions d'une coexistence et d'une paix 
possibles.

Renoncer a' la logique de force et de violence pour redresser les 
torts et imposer "notre" justice.
La force et la violence n'ont jamais corrige' durablement les 
problemes et n'ont toujours, au mieux, procure' que des "victoires" 
apparentes ou temporaires, quand elles ne se sont pas revelees un 
remede pire que le mal.
Les guerres du XXe siecle l'ont abondamment demontre', la Guerre du 
Golfe n'en etant que l'une des plus recentes illustrations.
Il est grand temps, comme nous y invitent les Nations Unies a' 
l'occasion de ce debut de troisieme millenaire, de developper une 
"culture de la non-violence" comme une des meilleures garanties de la 
paix.

Contribuer, par chacun de nos gestes, paroles ou attitudes, a' 
construire un peu plus de paix, de justice et d'esperance.
Chacun et chacune de nous contribue, mille fois par jour, a' 
ameliorer le monde ou a' le deteriorer, a' le rendre plus ouvert, 
plus tolerant et plus vivable, ou au contraire plus individualiste, 
plus competitif et plus menacant.
La lutte necessaire contre le terrorisme passe bien sur par les 
Etats, mais elle s'enracine tout autant en chacun de nous, a' travers 
nos innombrables choix quotidiens.
Puissions-nous etre chaque jour de ceux et celles qui contribuent 
davantage a' la dynamique de vie qu'a' la logique de mort!

Le moment peut sembler mal choisi pour de telles propositions plus 
exigeantes que populaires, et qui visent plus le moyen que le court 
terme.
Et pourtant, c'est MAINTENANT plus que jamais qu'il faut faire appel 
a' la raison plutot qu'aux emotions, qu'il faut faire preuve de 
courage, de leadership et de creativite' plutot que de succomber aux 
"reflexes conditionnes" de la vengeance et des represailles.

Dans tout conflit, meme d'un point de vue strictement militaire, la 
victoire depend souvent de la capacite' de prendre l'initiative en 
surprenant l'adversaire la' ou' il nous attend le moins.
C'est une raison de plus pour rompre avec les vieux schemas 
millenaires du "oeil pour oeil, dent pour dent".
Tout le monde attend presentement, comme une "evidence inevitable", 
la riposte militaire americaine ou internationale, meme si l'ennemi, 
cette fois-ci, est beaucoup moins identifiable et que les risques de 
nombreuses victimes innocentes de nos represailles sont d'autant plus 
considerables.
C'est precisement pour cela qu'il faut surprendre l'adversaire en 
deplacant le lieu de l'affrontement.

Faire pleuvoir les missiles sur l'Afghanistan ou sur tout autre pays 
du monde ne fera qu'ajouter des morts aux morts, et nourrir davantage 
la haine, sans prouver ni regler quoi que ce soit.
Nous savons deja' que les Etats-Unis sont la plus grande puissance 
militaire au monde, qu'ils ont des bombes et qu'ils n'ont pas peur de 
s'en servir.
Nous savons aussi que ca n'a pas empeche' les horribles attentats du 
11 septembre, et que ca a plutot alimente' la haine qui les a rendus 
possibles.
Ne serait-il pas temps d'apprendre du passe' et de modifier nos strategies?

Briser la spirale de la violence est une urgente necessite'.
Et c'est aussi la responsabilite' de chacun, la' ou' il est.

Dominique Boisvert
domfeldi@internet.uqam.ca

le 13 septembre 2001




====================================================
Servizio informazioni Congosol
http://www.neomedia.it/personal/Congosol/1.html

Le materiel contenu dans ce communique' ne reflet pas forcement les 
points de vue du Service.
Devant la necessite' de vous offrir rapidement ces informations, le 
Service prend le parti de n'etre pas toujours en mesure de les 
verifier, et ne saurait etre tenu responsable de la precision des 
sources originales.
Veuillez nous excuser si vous avez deja' recu ce texte.
====================================================