[Date Prev][Date Next][Thread Prev][Thread Next][Date Index][Thread Index]
Parlement belge: intervention du ministre Louis Michel
Veuillez trouver ci-dessous l'intervention faite au Parlement belge par le
ministre Louis Michel à l'égard de la région des Grands Lacs.
Par ailleurs, nous vous signalons que vous pouvez trouver le texte intégral
"Construction de la paix dans la Région des Grands Lacs: Un plan d'action
belge, 27 juin 2001"
à l'adresse suivante:
http://www.diplobel.org/news/rt/keytexts/f/010627plancongo.htm
Nos remerciements à la liste "Africa Infodoc".
Paolo
===================================
Intervention du Ministre Louis Michel
Débat au Parlement sur la politique du gouvernement à l'égard de la région
des Grands Lacs: Intervention du Ministre Louis Michel, 27 juin 2001
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs et Députés,
Je me réjouis que le Parlement ait voulu organiser, à la veille du voyage
d’une délégation gouvernementale en RDC, un débat sur la politique du
gouvernement à l’égard de la région des Grands Lacs. Ceci donne aussi
l’occasion au gouvernement de présenter son document de politique
«Construction de la paix dans la région des Grands Lacs : un plan d’action
belge ».
Je voudrais vous mener au coeur de ce débat en abordant trois questions:
Quels sont les lignes de force de notre politique dans la région des Grands
Lacs ?
Pourquoi faut-il à cet instant même un plan d’action ?
Et enfin, quel est le contenu de ce plan d’action en ce qui concerne la RDC ?
Les lignes de force
D’abord un mot sur les lignes de force de la politique du gouvernement
concernant la région des Grands Lacs et plus spécifiquement la République
Démocratique du Congo.
A cet égard, je voudrais mettre en avant six principes de base :
- Le premier principe est que toutes les actions dans la région des Grands
Lacs doivent se faire au profit direct de la population locale.
Ce principe est la pierre angulaire de notre entière politique. Ceci veut
dire que notre plan d’action est destiné à l’ensemble des hommes et des
femmes, quelle que soit leur origine ou leur région de résidence. C’est en
effet cette population qui, durant les décennies passées, a été la victime
première des conflits, la proie de la pauvreté et de drames humanitaires.
Il est donc logique que notre action ait pour but d’aider et de soulager la
population locale.
- Le deuxième principe est celui de « l’Afrique aux Africains » (African
ownership). Il appartient aux Africains de trouver des solutions aux
problèmes de leur continent. Le gouvernement souhaite respecter
scrupuleusement ce principe. Notre plan n’a donc pas pour but d’imposer une
solution, mais veut faire en sorte que les Africains eux-mêmes trouvent
cette solution. Notre tache est donc supplétive, mais peut néanmoins être
d’une grande importance.
- Le troisième principe est que tous les Congolais qui peuvent, veulent et
doivent contribuer à plus de paix, de stabilité et de prospérité, sont nos
interlocuteurs.
Il n’existe pour ce gouvernement pas d’exclusives. Sur base de ce principe,
le Premier Ministre, le Secrétaire d’Etat Boutmans et moi-même aurons à
Kinshasa des entretiens avec le président Kabila et son équipe, mais aussi
avec les représentants de l’opposition et de la société civile. A cela, je
veux ajouter que nous entretenons aussi des contacts avec les représentants
de l’opposition armée. Le but de ces contacts avec les différentes
composantes de la société congolaise est clair: mieux comprendre leurs
points de vue respectifs, les encourager à trouver ensemble des solutions
aux problèmes du pays, en particulier dans le cadre du dialogue
intercongolais, et montrer notre disponibilité à les aider dans cette
tâche. Nous entretenons ces contacts avec toutes les parties dans un esprit
d’impartialité et de traitement équivalent. Dans le même esprit, il est
important pour le gouvernement que son aide soit équitablement répartie sur
tout le territoire congolais, de sorte que tous les Congolais puissent en
bénéficier, qu’ils habitent dans les zones controlées par Kinshasa ou non.
Pour le gouvernement, les accords de Lusaka et d’Arusha forment sans
conteste le cadre politique de résolution des problèmes.
A cet égard, il ne peut y avoir le moindre doute. Lors de tous nos
contacts, nous l’avons souligné explicitement. Je voudrais rappeler que
l’accord de Lusaka met fortement l’accent sur le dialogue intercongolais et
la nécessité de démobiliser et de désarmer les troupes dans l’est de la
RDC. Lusaka et Arusha sont donc le quatrième principe de notre politique.
- Le cinquième principe est celui de la vigilance.
Le gouvernement estime que certains développements intervenus depuis le
début de cette année méritent un signal positif de notre part envers la
population congolaise. Au niveau économique et politique, les Congolais ont
déjà fait des pas qui ne peuvent rester sans réponse. La communauté
internationale a pu aussi engager de façon plus active depuis le début de
l’année. Alors qu’il y a un an, le pays était encore dans une logique de
guerre, apparaissent à présent quelques signes de stabilisation. Je pense
en premier lieu au déploiement des observateurs de l’ONU et à la trêve
fragile qui est respectée par toutes les parties en présence. J’y
reviendrai plus tard en détail. Le gouvernement continue évidemment à
suivre de près la situation en RDC. Cette situation reste volatile et les
développements que je viens de mentionner sont encore réversibles. Il faut
donc rester vigilant. Nous continuons à insister sur les progrès
substantiels que doit faire le dialogue intercongolais, qui, en principe,
doit être poursuivi ce 16 juillet. Nous serons particulièrement attentifs à
la reconnaissance de la liberté de mouvement des partis politiques et au
respect de la trêve dans l’est du pays.
- Enfin, le gouvernement veut insérer sa politique à l’égard de la région
des Grands Lacs dans une stratégie de la communauté internationale, et plus
particulièrement de l’Union Européenne.
Quel que soit le volume de notre aide, notre pays seul ne pourra jamais
faire la différence. Les problèmes des pays de cette région sont par trop
gigantesques. Notre pays peut, par contre, jouer le rôle de catalyseur et
déclencher au sein de la communauté internationale un plus grand intérêt
pour la situation dramatique que connaît cette région, et rechercher des
solutions.
Voilà donc les lignes de force de notre politique.
Pourquoi un plan d’action maintenant ? Telle était ma deuxième question.
Le gouvernement estime qu’il se présente une occasion de réagir de façon
positive à certains développements observés en RDC. Il se présente une «
window of opportunity » qui justifie un espoir modéré et un optimisme prudent.
Quels sont ces développements positifs ? En premier lieu, le lancement du
dialogue intercongolais lors de la première rencontre qui s’est tenue début
mai à Lusaka. En principe, celle-ci sera suivie d’une deuxième rencontre le
16 juillet. Le gouvernement espère que ce fait nouveau mettra en marche le
processus qui devrait aboutir à des élections libres et transparentes.
L’annonce selon laquelle les partis politiques pourront à nouveau exercer
librement leurs activités est un autre développement positif, même si son
application se fait encore attendre. Nous continuerons à insister
là-dessus. Une série de mesures, comme la libéralisation du taux de change,
l’assainissement des prix du pétrole et des actions visant à contrôler plus
étroitement le trafic illégal de diamants, sont des preuves de courage,
bien qu’elles puissent provoquer des remous sociaux. Autre élément positif
est le déploiement d’observateurs ONU (MONUC), qui devrait stabiliser le
région. Les parties belligérantes ont retiré entre temps leurs troupes
derrière des lignes de démarcation contrôlables.
Le Gouvernement veut réagir à ces signaux en renforçant sa coopération avec
la République Démocratique du Congo. Ceci se fera progressivement et ira de
pair avec les efforts entrepris par le gouvernement congolais en matière de
réformes politiques et économiques. Dans ce domaine, notre pays se base sur
deux principes: d’une part, la poursuite et l’approfondissement du dialogue
intercongolais et du processus démocratisation et du respect des droits de
l’Homme, et d’autre part, la mise en oeuvre stricte d’un programme de
reconstruction économique, de transparence et de bonne gestion. Afin de
mettre en oeuvre cette politique d’intensification et d’approfondissement,
notre pays tient à collaborer étroitement avec ses partenaires
internationaux et les institutions internationales comme le FMI et la
Banque Mondiale. Notre propre politique sera donc inscrite dans une
stratégie internationale de construction de la paix et de l’économie en
RDC. Il est clair que ces efforts n’aboutiront que s’ils sont déployés dans
un contexte régional imprégné par une volonté commune de paix, partagée par
toutes les parties.
Quel est le contenu concret du plan d’action du gouvernement pour la
République Démocratique du Congo ?
Notre pays désire intensifier et approfondir sa coopération avec la RDC
dans trois domaines : la coopération au développement, la coopération
financière et l’action diplomatique en faveur de la paix et de la stabilité.
* Au cours des dernières années, notre coopération au développement a été
sensiblement augmentée: de 860 Mio de FB en 1999 à 1.7 Mia FB cette année.
Au cours de la visite qu’effectuera la délégation gouvernementale en RDC,
quatre nouveaux accords seront signés pour un montant total de près de 800
millions de FB. Ces projets ont des traits communs: ils ont tous une forte
orientation sociale et bénéficieront directement aux couches les plus
démunies de la population. Ils toucheront l’entièreté du territoire
congolais et profiteront donc aussi à la population vivant dans des régions
qui ne sont pas contrôlées par le gouvernement de Kinshasa. Notre pays
poursuivra naturellement son aide humanitaire et alimentaire. En outre, les
projets visant à renforcer la société et à soutenir la prévention des
conflits continueront à retenir notre attention.
* Notre coopération financière bilatérale peut être intensifiée en libérant
les reliquats des prêts d’Etat qui avaient été accordés au Zaïre mais qui
avaient été bloqués en 1990, suite aux événements survenus sur le campus de
Lubumbashi. Le gouvernement est prêt à considérer un tel déblocage. Le
gouvernement pense également que l’annulation de la dette publique de la
RDC contractée auprès de notre pays peut, en temps opportun, constituer un
geste important. Cette problématique sera étudiée à la lumière de nos
engagements internationaux en la matière.
* Notre pays veut aussi contribuer à la recherche d’une solution pour les
énormes arriérés que la RDC doit aux institutions financières
internationales. Dans ce cadre, il faudra immanquablement envisager la
question de crédits intermédiaires durant une phase transitoire. La Banque
nationale mène à cet égard des entretiens exploratoires et notre pays est
également prêt à considérer l’octroi d’un montant supplémentaire au Fonds
fiduciaire de la Banque Mondiale, afin de financer des projets sociaux, en
sus du montant de 60 Mio Bef déjà alloué.
* Au niveau diplomatique, le gouvernement poursuivra son intervention
active. Tant les visites sur place que les contacts diplomatiques avec tous
les pays de la région nous donnent une image correcte de la situation sur
le terrain et des efforts diplomatiques africains déployés. Notre pays est
un interlocuteur apprécié dans le cadre de la problématique des Grands
Lacs. Dans mon département, j’ai nommé un représentant spécial pour cette
région du monde. Le Dr.Moreels a été chargé de rédiger un inventaire des
besoins humanitaires et de réhabilitation de celle-ci. Ces idées ont
contribué utilement au plan d’action du gouvernement. Notre pays soutient
financièrement et diplomatiquement le facilitateur Masire, qui contribue à
mettre sur les rails le dialogue intercongolais en RDC, de même que le
Président Mandela, qui a accepté au Burundi une mission de médiation. Nous
mettons cinq officiers de liaison à la disposition de la mission
d’observation ONU en RDC.
Notre pays a été et reste particulièrement actif en vue d’obtenir des
accords internationaux destinés à contrôler le trafic illégal de diamants.
Nous jouons un rôle de pionnier en ce domaine. Le Rapport du panel
d’experts de l’ONU, relatif à l’exploitation illégale des ressources
naturelles de la RDC, a été étudié par un groupe de travail
interdépartements qui a remis ses premières conclusions au gouvernement. Ce
dernier est déterminé à intervenir vigoureusement vis-à-vis des entreprises
s’il devait apparaître qu’elles ont transgressé des règles belges ou
internationales. Il est aussi prêt à renforcer les mécanismes de contrôle
existants et se réjouit de l’initiative prise par le monde des entreprises
visant à mettre sur pied un code de conduite.
Enfin, je voudrais m’attarder sur les projets de la future présidence belge
de l’Union européenne. Je l’ai déjà dit : notre pays usera de son siège
présidentiel afin de jouer le rôle d’un catalyseur au sein de l’Union.
Durant les six prochains mois, il sensibilisera ses partenaires européens à
la nécessité de répondre à la situation dramatique que connaît la région
des Grands Lacs. Nous avons d’ailleurs reçu de nos partenaires un mandat
explicite, celui de contribuer à créer une stratégie commune européenne
pour cette région du monde. Notre pays prendra évidemment cette mission à
coeur. Ce que nous voulons obtenir est évident mais ardu : davantage de
coordination et de cohérence dans les actions des Etats membres et de la
Commission européenne. Une dizaine de points concrets rédigés à l’attention
de nos partenaires européens sont repris dans le plan d’action du gouvernement.
***************************************
Veuillez nous excuser si vous avez deja recu ces textes - We apologise for
any cross-posting
x - Le materiel contenu dans ce document ne reflet pas forcement les points
de vue de l'expediteur. Celui-ci n'accepte aucune responsabilite' sur la
precision des sources originales. - The material contained in this
document may not be taken always to reflect the views of the sender. He
accepts no responsibility as to the accuracy of the original sources.
************************************
x - Un homme meurt chaque fois que l'un d'entre nous se tait devant la
tyrannie (Wole Soyinka, Prix Nobel litterature) - Everytime somebody keep
silent when faced with tyranny, someone else dies (Wole Syinka, Nobel Prize
for Literature)
*****************************************
* Greeting from:
ANB-BIA - Av. Ch.Woeste 184 - 1090 Bruxelles - Belgique
Tel (32.2)420.34.36-Fax 420.05.49 - E-Mail anb-bia@village.uunet.be
WWW:
<http://www.peacelink.it/anb-bia/anb-bia.html>http://www.peacelink.it/anb-bia/anb-bia.html
************************************************************