Deuil a Bukavu

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From: ANB-BIA Bruxelles
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Deuil à Bukavu  - Un petit témoignage reçu ce 10 octobre 2000


Le corps de Mgr l'Archeveque est arrive a Bukavu ce dimanche 08/10 apres 
l'escale de Butembo. Nous sommes alles, plus de 200 vehicules et des 
milliers des personnes, pour l'accueillir a Kavumu. Tout au long du 
parcours (31 km) jusqu'a Bukavu, des foules des gens, etaient rangees sur 
la route pour s'incliner et pleurer. C'etait tres touchant; nous ne 
pouvions pas retenir nos larmes, nous qui etions dans les vehicules, en 
voyant ces foules des gens (enfants, hommes et femmes) dont la plupart 
n'avaient sans doute pas vu Mgr Kataliko de son vivant, qui pleuraient, se 
jetant a terre ! Nous avons mis 4 heures pour faire les 30 km.

Et comble de colere, le gouverneur Katintima etait dans le cortege funebre 
avec ses militaires rwandais. Pour la circonstance, le Rwanda a deverse 
plus de 2000 soldats APR dans Bukavu. Les foules, le long du parcours, 
maudissaient KAtintima et le RCD.

[. . .]Quand nous sommes arrives a la Place de l'Independance (ex-Place du 
24 novembre), le cortege a ete entoure par une foule immense de gens qui 
peuraient en se tenant la tete. A ce moment-la, decouvrant la voiture du 
Gouverneur Katintima et celui de son vice-gouverneur Mundjo, les jeunes 
(eleves et etudiants) ont commence a leur jeter des pierres, surtout a 
celui de Katintima que les jeunes voulaient a tout prix faire sortir de la 
voiture et l'amener. C'est alors que les soldats rwandais se sont mis a 
tirer avec toutes sortes d'armes, jusqu'aux mitrailleuses. Ils ont tire 
tellement de balles que les gens ont couru dans tous les sens, les autres 
se mettant a plat ventre. Les soldats et policiers congolais ont aussi 
cherche refuge en se couchant car ils avaient ete desarmes des la veille. 
Pendant que les rwandais tiraient, les deux voitures du Gouverneur et du 
vice et une camionnette des soldats qui leur servait de garde se sont 
retire du cortege et ont fui vers leurs residences, tirant le long de la 
route pour frayer passage a ces deux autorites RCD. C'est une deux a trois 
minutes apres leur depart que les tirs se sont arretes. Le cortege s'etait 
arrete et nous sommes tous restes dans les vehicules, terrorises. Quinze 
minutes apres les tirs,les policiers nous ont autorises a poursuivre la 
route; nous sommes passes devant la prison centrale, sur la route des Poids 
Lourds, pour contourner l'Essence (major Vangu) et venir par l'ISP-Nyawera 
et Cathedrale, le cortege etant accompagne par des nombreuses foules des 
gens qui, malgre la pluie, ont suivi a pied en chantant des louanges au 
Seigneur, et en organisant la securite le long du trajet, dans un ordre 
total. En effet, les soldats etaient restes en retrait, et il n'y avait 
plus personne du RCD dans le    cortege.

Nous sommes arrives a l'Archeveche a 18 heures. Et immediatement le corps 
de Mgr l'Archeveque a ete expose dans la Cathedrale que des foules immenses 
ont assailli jusque ce matin, et toute la journee d'aujourd'hui lundi et 
demain.    Les messes et prieres s'y font par quartiers et Shirika toute la 
journee d'aujourd'hui.

Les funerailles auront lieu demain mardi. Mgr Emmanuel Kataliko sera 
enterre a 10 heures (debut de la messe) a cote de son precedesseur, Mgr 
Christophe Munzihirwa, devant la Cathedrale.

Si l'on peut convaincre la population que Mgr Kataliko n'est par mort du 
poison des Rwandais mais d'infractus, et donc de mort naturelle; on ne 
pourra jamais, par contre, nous faire avaler l'innocence des rwamdais et de 
leurs collabos congolais du RCD-Goma qui, en le releguant pendant 7 mois, 
sans motif, en repandant toute sorte de mensonges sur lui, l'auront 
precipite a la mort. Le coeur d'un vieux de 68 ans a qui on fait subir de 
telles injustices, une telle mechancete, et qu'on ramene subitement en 
demandant pardon,... ne peut tenir longtemps. Cela le RCD et les Rwandais 
le savaient tres bien.

Et quoique les USA et les autres allies du Rwanda et du RCD fassent, les 
congolais se sont reconnus en la personne de Mgr Kataliko. Ce dernier 
restera a jamais un symbole de lutte pour la paix, la justice, la liberte, 
la cohabitation. Sa mort va servir davantage dans la lutte des congolais 
contre l'occupation.


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Un homme meurt chaque fois que l'un d'entre nous se tait devant la tyrannie 
(Wole Soyinka, Prix Nobel litterature) *
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Everytime somebody keep silent when faced with tyranny, someone else dies 
(Wole Syinka, Nobel Prize for Literature)     *
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