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Lettre ouverte ecrite par la Societe' Civile du Sud-Kivu a' M.Ilunga, president du RCD-Goma.
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- Subject: Lettre ouverte ecrite par la Societe' Civile du Sud-Kivu a' M.Ilunga, president du RCD-Goma.
- From: "serv. informazioni Congosol" <congosol@neomedia.it>
- Date: Sat, 9 Sep 2000 20:09:39 +0200
diffusion: maximale/largest
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source: ANB-BIA
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LETTRE OUVERTE ADRESSEE A M. Emile ILUNGA, PRESIDENT DU RASSEMBLEMENT
CONGOLAIS POUR LA DEMOCRATIE A GOMA
Monsieur le President du R.C.D.,
Lors des echanges que nous avons eus au siege de la Banque du Congo a'
Bukavu, le 22 juillet 2000, nous, membres de la Societe' Civile du Sud-Kivu
avons eu l'honneur de porter a' votre connaissance de nombreux problemes
qui rendent la vie encore plus difficile chez nous du fait de la guerre.
Nous esperions obtenir de votre part, si pas des reponses definitives a'
nos questions, du moins des pistes de solutions, mais contrairement a'
toute attente, le mouvement que vous dirigez a choisi la voie de la
violence en arretant les animateurs de notre Societe' Civile.
Aussi, ne pouvons-nous plus attendre les reponses que vous nous aviez
promises car le contexte ne s'y prete plus.
Le plan de morcellement de notre pays maintes fois denonce' est arrive'
actuellement a' sa phase de decapitation des instances et des structures
pouvant mobiliser les populations.
Hier, c'etait le tour de l'Eglise catholique avec la relegation loin de son
diocese de Son E. Mgr l'Archeveque de Bukavu Emmanuel KATALIKO.
Celui-ci avait succede' a' son E. Mgr MUNZIHIRWA qui fut abattu dans cette
meme logique de decapitation de structures...
Aujourd'hui, c'est le tour de la Societe' Civile du Sud-Kivu.
Pour preuve, toutes les menaces et intimidations dont ses acteurs sont l'objet.
Depuis le 2 Aout 1998, l'Est de notre pays, la Republique Democratique du
Congo est sous une occupation etrangere qui se cache sous des visages
multiples.
CAS DE LA REBELLION DE L'EST DU CONGO
Les protagonistes de notre crise ont eu beau jouer a' la rebellion pour
couvrir et faire perdurer l'agression, aujourd'hui, tout est heureusement
etale' au grand jour.
Que les Congolais du RCD militent plus pour la securite' du Rwanda que pour
celle de leur propre patrie mise en mal par des armees regulieres du
Rwanda, du Burundi et de l'Ouganda, montre bien que la rebellion ne sert
que de pretexte.
Nos compatriotes congolais, membres du R.C.D., sont pourtant temoins
directs des massacres et des violations dont leurs freres sont victimes.
Nous avons encore frais a' la memoire le cas des 1050 tues de Kasika, les
quinze femmes enterrees vivantes a' Mwenga, les 804 tues de Makobola et
plus de 700 autres a' Kisangani.
D'autres milliers de compatriotes ont perdu la vie dans l'anonymat de la
foret equatoriale dans l'indifference generale de la Communaute'
internationale.
DE LA POURSUITE DES INTERAHAMWE
Six ans apres le genocide rwandais, le concept "Interahamwe" sert encore de
pretexte a' toutes les incursions sur notre territoire national.
En effet, les allies du R.C.D. (Rwanda, Ouganda et Burundi) ont eu depuis
octobre 1996 toutes les libertes de manoeuvre pour securiser leurs
frontieres.
Mais malgre' cela, nos populations, surtout en milieu rural, continuent a'
connaitre des incursions meurtrieres des hommes en armes que le R.C.D.
appelle Interahamwe.
Les populations congolaises se demandent si les allies du R.C.D. veulent
vraiment en finir avec ces milices, auquel cas ils emploieraient tous les
moyens a' leur disposition pour les aneantir, ou s'ils les menagent pour
avoir toujours le pretexte de droit de poursuite justifiant aux yeux de la
Communaute' internationale leur presence en R.D.C.
Plus, plusieurs temoignages concordants affirment que des refugies rwandais
bien rapatrie' dans leur pays sous les auspices du H.C.R. ont ete' reconnus
par les populations congolaises dans les bandes des pillards qui ravagent
notre territoire.
De deux choses l'une:
ou il s'agit des Rwandais qui sont chez nous parce que le controle aux
frontieres de leur pays n'a pas ete' assez efficace pour les empecher de
venir semer la desolation chez nous ou il s'agit des personnes ramenees
deliberement chez nous pour semer la confusion et justifier pour de longues
annees encore la these du droit de poursuite.
Et dans les deux cas, la responsabilite' incombe aux allies du R.C.D.
Profitant de cette confusion, le R.C.D. se debarrasse facilement de tous
ceux qui ne pensent pas comme lui car le motif est tout trouve':
ils sont, soit des allies de KABILA, soit ceux des interahamwe.
DE LA "LOCAL DEFENSE"
L'exemple du Rwanda devrait mettre en garde le R.C.D. contre la creation
des milices, quelle que soit la noblesse de raisons evoquees pour cette fin.
Le genocide rwandais n'aurait peut-etre pas ete' possible si le pouvoir
d'Habyarimana n'avait pas cru bien faire un jour en creant la milice
Interahamwe.
Sans etre des prophetes de malheur, nous pouvons neanmoins affirmer que les
risques de derapages sont enormes quand le R.C.D. met des armes entre les
mains des civils apres un entrainement expeditif.
Que de vieux sages de Kabare et de Walungu, se soit opposes a' cette
initiative montre que nos craintes sont justifiees et partagees.
En creant la "local defense", le R.C.D. prend devant l'histoire une grave
decision dont il assumera seul les consequences.
DU FEDERALISME
On ne decrete pas une organisation de la cite'.
On consulte le peuple qui seul choisit la forme de l'Etat dans lequel il
veut vivre.
Que la Conference Nationale Souveraine et la Consultation Nationale se
soient prononcees clairement pour le federalisme, n'autorise en aucun cas
que l'etape fondamentale que constitue le referendum soit occultee.
Le decret 026/2000 signe' par le President du R.C.D. au mois d'aout dernier
instaurant le federalisme comme forme d'Etat est donc sans base
constitutionnelle.
La precipitation avec laquelle le R.C.D. veut regler une question aussi
capitale que celle-la' conforte la these de plus en plus repandue selon
laquelle ce federalisme n'est qu'une couverture pour cacher la secession
qui ne veut pas dire son nom.
DE LA RECHERCHE EFFREINEE DE L'ARGENT
1.
Le R.C.D. vient de creer deux taxes a' cote' de la traditionnelle taxe de
voirie.
Il s'agit du "peage route" et de "la taxe de rehabilitation de la voirie".
Grand donc a ete' notre etonnement de voir le R.C.D. proceder en meme temps
a' la liquidation, au benefice des pays voisins, des engins del'Office des
routes et de l'AMSAR/SEAZA, outils susceptibles de l'aider a' realiser les
travaux pour lesquels il a ete' cree' les nouvelles sources de revenus.
Cette liquidation va-t-elle seulement s'arreter a' ces deux entreprises
d'ailleurs?
2.
Bukavu-la belle a ete' horriblement mutilee par le morcellement des
parcelles de l'Etat dans ce qui est communement appele' ici "ville".
En memetemps, le R.C.D. procedait a' un nouveau lotissement a' Hongo, dans
le Territoire de Kabare et a' Panzi, dans la Commune d'Ibanda.
Etait-il donc necessaire d'enlaidir notre ville quand il y avait encore
tant de terrainsdisponibles ailleurs?
3.
La surtaxation du secteur informel en une periode de basse conjoncture
economique asphyxie les plus petits et de ce fait les pauperise davantage.
L'indexation de factures d'eau et d'electricite' au dollar americain, quand
le RCD faillit lamentablement a' sa mission de payer les fonctionnaires
leur salaire, obeit a' la meme logique.
DES ARRESTATIONS ARBITRAIRES
Madame Regine MUTIJIMA, Mr.s Gervais CHIRHALWIRA, Paulin BAPOLISI et Aloys
MUZALIA ont ete' arretes apres deux longs mois de persecution depuis que
les services de securite' du R.C.D. ont eu vent de leur nomination a'
l'Assemblee Constituante.
En effet, ces quatre personnes ont subi plusieurs interrogatoires serres
enregistres a' leur insu et utilises contre eux lors des emissions
radiodiffusees.
En dehors de ces tortures morales, ces quatre personnes ont ete' meurtries
dans leur chair parce qu'elles ont ete' battues lors de leur arrestation au
Camp militaire Saio de Bukavu le 28 aout 2000.
Si leur arrestation arbitraire constitue deja' une violation grave de leur
droit a' la liberte', si la bastonnade qu'ils ont subie est une injure a'
leur dignite' d'hommes et a' leurs statuts de formateurs de la jeunesse, le
fait qu'on ait change' a' plusieurs reprises leur lieu de detention
demontre manifestement que les autorites du R.C.D.
cherchent a' brouiller toutes les pistes permettant de les localiser.
Et quand les medias etrangers affirment que les quatre personnes seraient
detenues a' Osio, dans le Territoire d'Opala, en Province Orientale, tous
ceux qui connaissent bien la geographie de la Republique Democratique du
Congo et les limites actuelles des fronts, se rendent vite compte que ces
civils se trouvent places dangereusement sur le terrain des operations
militaires.
De la' a' ce qu'on apprenne demain qu'ils ont peri lors des affrontements
entre les forces en conflit, le pas pourrait vite etre franchi.
Le drame vecu par Paulin BAPOLISI Bahuga, Gervais CHIRHALWIRWA, Aloys
MUZALIA Wakyebwa et Madame Regine MUTIJIMA Bazalake, risque de s'etendre
tres bientot a' d'autres membres de la Societe' Civile du Sud-Kivu.
Une liste des animateurs de la Societe' Civile deja' identifies existerait
au Service de Renseignements du R.C.D.
Elle ne serait d'ailleurs pas exhaustive.
La chasse a' l'homme est donc ouverte.
DE L'ATTENTAT DU SAMEDI 26 AOUT 2000 A LA KERMESSE.
La Societe' Civile du Sud-Kivu pleure encore aujourd'hui les huit personnes
qui ont perdu leur vie au cours de l'attentat meurtrier de la nuit du 26
aout 2000.
Des dizaines d'autres ont ete' blessees, certaines grievement, et des biens
ont ete' emportes lors du pillage qui a suivi l'attentat.
Pourtant, a' voir le nombre d'agents de l'ordre deployes sur le site de la
kermesse, personne ne se serait attendu a' une telle catastrophe.
Enreagissant a' chaud sur le drame, le Gouverneur de Province du Sud-Kivu
avait declare':
"... ces actes ignobles ne sont pas dans les habitudes d'ici chez nous
(...); ce sont ces gens qui ont importe' la culture de violence".
Qui sont-ils ces gens qui ne sont pas d'ici et qui nous ont apporte' la
culture de violence?
Quelques jours apres, ce fait crapuleux a ete' attribue' aux animateurs de
la Societe' Civile.
POURTANT LE R.C.D. SAIT TRES BIEN QUE LE CHOIX PRIS PAR LA SOCIETE' CIVILE
DU SUD-KIVU A TOUJOURS ETE' CELUI DE LA LUTTE NON-VIOLENTE.
Compte tenu de ce qui precede, la Societe' Civile du Sud-Kivu:
1.
Exige au sujet de l'attentant du 26 aout 2000
- la liberation immediate et sans condition de ses quatre membres et le
retour immediat au sein de leurs familles respectives;
- l'ouverture d'une enquete independante qui devrait partir des equipes des
agents de securite' affectes a' la kermesse ce soir-la', des agents de la
Societe' Nationale d'electricite' charges de la maintenance, des locataires
des stands touches par l'explosion;
2.
Deplore
- Le fait que le lieu de l'attentat n'ait pas ete' quadrille' par les
forces de l'ordre juste apres l'explosion afin de uper la voie a' des
suspects qui tenteraient de echapper.
- La precipitation avec laquelle ont ete' demontes les stands de la
kermesse avant qu'une enquete serieuse n'ait ete' menee sur le lieu.
- L'amalgame opere' par le R.C.D. entre l'attentat et la nomination de
quatre membres de la Societe' Civile du Sud- Kivu a' l'Assemblee
Constituante.
- L'arrestation puis l'eloignement qui ont suivi temoignent a' suffisance
le caractere arbitraire des poursuites dont les 4 infortunes sont victimes.
3.
Condamne:
- L'attentat meurtrier du samedi 26 aout 2000 contre des populations
civiles et le recours a' la violence aveugle.
- L'habitude du R.C.D. consistant a' chercher des boucs emissaires au sein
de Societe' Civile chaque fois qu'il est confronte' a' des difficultes.
S'agissant de la Rebellion:
La Societe' Civile du Sud-Kivu se felicite du fait que le Conseil de
Securite' des Nations Unies de part ses resolutions 1234, 1291, et 1304 ait
enfin reconnu avec elle l'agression dont la Republique Democratique du
Congo est victime de la part de ses voisins.
Elle en appelle a' la conscience patriotique de nos freres congolais encore
membres du R.C.D., a' se desolidariser avec les troupes etrangeres
d'occupation, afin de permettre a' l'ONU d'appliquer les resolutions deja'
votees et de permettre a' la population de recouvrer la paix tant
recherchee.
S'agissant de la poursuite des Interahamwe:
La Societe' Civile deplore le fait que la poursuite des Interahamwe sur le
territoire congolais occasionne les massacres de la population civile
congolaise.
Elle demande la presence des forces de la Monuc dans les territoires sous
occupation etrangere (a' defaut d'une force d'imposition de la paix) pour
la securite' des populations civiles.
S'agissant de la "local defense":
La Societe' Civile condamne le choix du R.C.D. consistant a' armer des
civils ar l'experience vecue ailleurs a montre' que cette pratique a
compromis davantage la paix au lieu de la construire.
Elle exige par consequent la suppression pure et simple de cette "local
defense".
S'agissant du federalisme:
La Societe' Civile invite le R.C.D. a' surseoir son projet de federalisme
en attendant que notre pays retrouve son integrite' territoriale et sa
souverainete'; aller outre serait proclamer solennellement la secession.
S'agissant de la recherche effrenee de l'argent:
"Trop de taxes tuent la taxe", c'est pourquoi la Societe' Civile condamne:
- l'ambition du R.C.D. de vouloir maximiser ses recettes dans une economie
paralysee par la guerre;
- le bradage du patrimoine de l'Etat et des societes privees.
Elle exige l'arret de la taxe de peage route et la taxe de la
rehabilitation de la voirie car les sommes ainsi percues ne servent pas aux
causes avouees, au contraire, elles ont un effet d'entrainement pervers,
entre autres sur les prix des denrees alimentaires.
La Societe' Civile du Sud-Kivu vous prie d'agreer, Monsieur le President du
Rassemblement Congolais pour la Democratie, l'expression de sa
consideration distinguee.
Fait a' Bukavu le 2 septembre 2000
Pour la Societe' Civile du Sud-Kivu
(suivent 13 noms et signatures)
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Servizio informazioni Congosol
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