Marthe Moumié a été assassinée



 

Marthe Moumié, la veuve du leader nationaliste de l'Upc Félix Moumié, empoisonné par les services secrets francais en 1960 à Genève en Suisse, vient d'être assassinée dans son domicile à l'âge de 78 ans.

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Le corps de la veuve du nationaliste a été retrouvé dans sa chambre jeudi soir par des policiers.

Le crime a eu lieu selon les témoignages, dans la nuit du mercredi 07 au jeudi 08 janvier 2009 au quartier Angalé à quelques pas de l'hôtel de ville d'Ebolowa. " Nous avions passé la soirée du mercredi 07 janvier ensemble jusqu'à l'heure du coucher. Avant d'entrer chez elle, elle a longuement appélé Pauline la fillette de huit ans avec qui elle vivait pour lui ouvrir la porte. C'est la dernière fois que je l'ai entendu parler", raconte Zeh Mvondo Marceline épouse Otye la voisine de la disparue qui fondait en larmes ce vendredi matin devant la foule consternée par l'onde de choc qui venait de mettre la ville d'Ebolowa dans la désolation.

Cette septuagénaire, de son nom de jeune fille Ekemeyong Marthe, née vers 1931 à Ebom, village situé à 60 km d'Ebolowa dans le canton Ngonebock-Abo'o Ntomba jouissait d'une popularité rare chez les personnes de son âge de part son statut. Sa disparition annoncée a donc drainé une impressionnante foule de visiteurs à son domicile ce 08 janvier 2009. Une journée difficile pour sa voisine qui aura passé tout son temps à raconter la même histoire sans se lasser : "Après notre séparation mercredi, alors que je venais de me réveiller hier jeudi, le présumé coupable Eboutou Minla'a, fils de notre ancien voisin, originaire de Nkoutou dans la même contrée que le village de la défunte débarque chez moi. Il m'annonce qu'il a été appelé d'urgence la nuit par Marthe pour l'accompagner à l'hôpital d'Ekombité où elle serait assez malade", confie Marceline Zeh qui s'est dite surprise par la nouvelle en ce sens que sa voisine l'aurait appelée elle aussi si elle avait effectivement eu un malaise la nuit.



Chose curieuse encore, avant de se diriger vers l'appartement de l'infortunée, le jeune homme ajoutera que "sa malade a besoin de son téléviseur à l'hôpital pour se détendre". C'est, poursuit la même source," à ce moment que j'ai vraiment commencé à sentir quelque chose de louche dans ses déclarations. " Interrogée à son tour, la petite Pauline Minsili Mbozo'o, la protégée de la victime qu'elle a adoptée pour ne pas rester seule, son unique fille étant en Europe, raconte : " il m'a menacée de sortir de la maison car, il voulait fermer les portes pour se rendre à l'hôpital. Il a pris toutes les clefs et avant de sortir, il est entré dans la chambre de maman Marthe qu'il a refermé à clef. Au salon, il a mis le VCD et plusieurs autres objets dans un sac et dans l'autre, il a mis quelques documents appartenant à ma grand-mère. Arrivés en route, il m'a demandé d'aller à l'école et il a emprunté une moto pour je ne sais quelle destination"




Crime

Derrière eux, après avoir fait le tour des hôpitaux de la ville, Marceline Zeh alerte le commissariat central dont les éléments engagent les recherches sans tarder. Ce n'est qu'à 21 heures aprèe avoir défoncé les portes, qu'on retrouvera le corps raide de la victime dans son lit le nez sanglant, quelques légères blessures entre les cuisses, et le reste de la chambre en sens dessus dessous. les sources policières assimilent le crime à un étranglement accompagné de viol. Informés, les éléments des équipes spéciales d'intervention rapide (Esir) entament une chasse à l'homme vers Bikoka le village maternel du suspect près de Lolodorf. D'autres sources policières rapportent que le même Eboutou Minla'a repoussé dans sa famille pour ses nombreux forfaits aurait tenté il y a deux ans, d'éliminer par étranglement sa tante Ruth Minla'a âgée de 73 ans au quartier Nko'ovos.



La vieille qui a eu la vie sauve grâce à l'intervention des voisins déclare "être persuadée que l'ignominie serait commis par son neveu" car, ajoute -t elle, " il allait souvent chez Marthe et par le passé, il me souvient avoir appris qu'il lui a même volé un téléphone portable". Pour le moment, les enquêtes se poursuivent, le corps quant à lui a été placé à la morgue de l'hôpital régional d'Ebolowa tandis que le garçon reste introuvable. Même si on signale le passage du gouverneur Bernard Wongolo et du préfet Bernard Marie Mba au domicile de la défunte ce vendredi à minuit, il est à noter que cet assassinat pose encore une fois un problème d'insécurité dans la ville d'Ebolowa, où la présence massive des unités de police et de gendarmerie ne rassure plus les citoyens.


Marthe Moumié n'était pas une vieille femme ordinaire. A titre d'illustration, avant sa mort, elle venait de lancer la fondation qui porte le nom de son mari; et en 2006 elle a publié un bouquin intitulé : "victime du colonialisme français mon mari Félix Moumié" paru aux éditions Duboris où elle raconte les circonstances dans lesquelles le leader indépendantiste son regrété épouse a été tué. Sa réputation à elle seule suffisait à attirer l'attention des autorités surtout qu'il se raconte dans les coulisses, qu'elle détenait les vrais secrets de ce pays dont les dirigeants ont fini par la laisser mourir comme une simple clocharde..




Le présumé assassin interpellé



En date du 08 janvier, aux environs de 21 heures, la direction régionale de la police judiciaire a été saisie d'un cas de découverte de cadavre de madame Moumié née Ekemeyong Marthe. Les indices visibles trouvés sur le corps montrent qu'il s'agissait d'une main criminelle. Les ecchyymoses trouvées à plusieurs endroits y compris la racine des cuisses et une bouche complètement traumatisée ont donné l'hypothèse d'un meurtre ou assassinat. En plus de ces signes, a été prélevé au niveau de ses parties génitales par le médecin légiste tandis q'un autre liquide dégoulinait de sa bouche laissant croire qu'il y a eu strangulation. Sur instruction du délégué général à la sûreté nationale qui a demandé que le crime soit élucidé en 48 heures, la PJ a procédé à une panoplie d'auditions allant d'une enquête environnementale à une enquête de personnalité.

Il ressort qu'un individu dont l'identité revenait tout le temps dans les déclarations avait emporté au domicile de la victime un téléviseur, un Vcd et plusieurs autres objets de valeur. Les contours de la personnalité de cet individu ont rapidement été cernés. Il s'agit du nommé Eboutou Minla'a Franck né le 07 avril 1990 à Yaoundé originaire du village Nkoutou dans le nouvel arrondissement d'Efoulan. Avec l'aval du délégué régional à la sûreté nationale du sud, une descente de nuit des forces de police et des Esir a été organisée à Bikoka, le village de la famille maternelle du mis en cause où il a été reconnu comme un garçon de très mauvaise réputation. Les individus plus ou moins proches de la famille ont été conduits à la PJ pour exploitation. D'autres connexions ont permis de répertorier un ensemble de lieux de refuges éventuels du suspect.

Après avoir recensé les endroits utiles, la ville d'Ebolowa a été bouclée. Pendant l'opération, un des multiples réseaux de la PJ le repère chez sa copine à Tom, à quelques km de Mfou dans le centre. C'est là qu'il a été interpellé. Il a transité par le commissariat central n3 de Yaoundé avant d'être ramené à Ebolowa. Son exploitation ne fait l'objet d'aucun doute car il est passé aux aveux complets. Sans reconnaître l'hypothèse du viol, il attribue le mobile de son crime au profit, car, la victime selon lui, avait de fortes sommes d'argent envoyées par sa fille qui vit en Espagne et il a décidé de lui en soustraire un peu. Il s'est introduit à son domicile le 07 janvier à 15 heures et s'est dissimulé dans une des chambres jusqu'au petit matin après l'avoir assassinée. Tout laisse croire cependant que l'ampleur de l'altercation dont fait état le suspect part du fait que, en tentant de la violer, la victime s'est défendue. Une reconstitution formelle des faits coordonnée par le procureur avec les autorités et associée aux médias aura lieu dans les prochains jours.
Après quoi, il sera définitivement remis à la justice.