Communiqué de presse de Kisangani






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source: RESEAU DROITS HUMAINS DE LA PROVINCE ORIENTALE
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 >   RESEAU DROITS HUMAINS DE LA PROVINCE ORIENTALE
 > Avenue des Erables n° 1 bis
       Makiso - Kisangani
 >
 >
 > COMMUNIQUE DE PRESSE DU 15 mai 2002
 >
 > VRAIE OU FAUSSE MUTINERIE DES MILITAIRES CONGOLAIS DU R.C.D. !
 >
 >
 > I. FAITS
 >
 > Un groupe des militaires congolais du R.C.D./Goma a pris d'assaut et
occupé mardi 14 mai 2002 la radio nationale à Kisangani pendant quatre
heures en
 > réclamant le départ des soldats rwandais de cette ville.
 >
 > Cet investissement a été précédé et suivi des tirs à l'arme automatique
qui ont jeté la panique parmi la population.
 >
 > A l'appel des mutins sur les ondes, la population est descendue dans la
rue avec des gourdins et autres armes blanches à la chasse des rwandais. Le
 > bilan indiquait hier cinq personnes tuées dont deux rwandais (civil et
militaire) parmi lequel un a été brûlé.
 >
 > Vers neuf heures, les forces loyalistes du R.C.D. ont annoncé à la radio
avoir repris le contrôle de la ville après avoir libéré la radio sans
 tirer  un seul coup de feu. Elles se sont juste contentées de demander aux
mutins, et cela est passé sur les ondes, de quitter la radio et de se faire
 > prisonniers. La population, quant à elle, a été dispersée par les mêmes
officiers et militaires qui, quelques heures auparavant, avaient incité et
 > même encadré les civils à commettre des crimes contre les rwandais. Pire
encore, le Commandant a.i. de la 7ème Brigade Yvon NGWIZANI circulait
 > allègrement dans son véhicule avec une escorte, et se faisait applaudir
par la population pendant que la radio était occupée par les mutins.
 >
 S'adressant par après à la population sur les ondes, le Gouverneur de
Province, Monsieur Jean-Pierre BILUSA, s'en est pris violemment à la
 Société Civile qu'il a accusée d'avoir fomenté ces troubles. Le Gouverneur
a justifié son accusation par le fait que la Société Civile de la Province
 > Orientale avait signé l'Accord-cadre de Sun City entre le Gouvernement
et le M.L.C.

 > Pour ce faire, le Gouverneur a annoncé la suspension de toutes les
activités de la Société Civile jusqu'à nouvel ordre. Il a aussi annoncé
 l'arrestation des commanditaires de ces troubles. Il est à noter que la
plupart de ces commanditaires sont des responsables de la police et de
l'armée qui
 avaient été arrêtés à Kisangani et transférés à Goma en septembre 2001 au
motif qu' ils avaient incité les troupes à la révolte après l'annonce par
Kinshasa
 de payer les salaires des fonctionnaires et la solde des militaires et des
policiers des territoires occupés par le R.C.D. et le M.L.C.
 >
 > Depuis hier jusqu'aujourd'hui mercredi 15 mai 2002, la commune de
Mangobo est assiégée par les militaires du R.C.D. qui font des représailles
sur la
 > population. En effet, la population de Mangobo avait fourni le grand
contingent des jeunes regroupés dans des associations d'autodéfense qui
 sont descendus dans la rue pour répondre à l'appel des mutins sur la
chasse aux rwandais. Ces représailles ont déjà coûté la vie à presque vingt
 personnes, l'enlèvement du Curé de la Paroisse Christ-Roi, le Père Xavier
ZABALO de nationalité espagnole, et le saccage des biens de la paroisse, l'
 > interpellation par les services de sécurité du Père Guy, vicaire à la
Paroisse Christ-Roi. Les biens de valeur des particuliers et des
 > institutions de l'Eglise catholique notamment, véhicules, motos, postes
téléviseurs, phonie et valise satelitaire, ont été pillés. La plupart des
 > biens pillés sont stockés au cantonnement des militaires du R.C.D. à
Simi Simi.
 >
 >
 > II. ANALYSE
 >
 > Il appert à l'observation que cette mutinerie, telle qu'elle s'est
déroulée, suscite des doutes quant à sa véracité. Les observateurs se basent
sur les
 > éléments ci-après pour justifier leurs doutes. Il s'agit de :
 > - Les mutins sont restés quatre heures à la radio sans aucune
intervention de leurs chefs qui, dans l'entre-temps, roulaient à bord des
véhicules, et
 > se faisaient applaudir par la foule convaincue du sursaut d'orgueil des
militaires congolais de se détacher de l'emprise rwandaise.
 > - Les mutins ont tenu des propos désordonnés et décousus sans
coordination d 'un responsable. Ils ont par exemple demandé, toujours par
les ondes, à la
 > MONUC de contacter Kinshasa pour un renfort alors qu'ils se disaient
répondre du Gouvernement de Kinshasa.
 > - Les militaires qui sont descendus dans la rue avaient à peine un fusil
automatique et un chargeur ; ce qui dénote d'une insuffisance
organisationnelle incompatible avec une mutinerie.
 > - Le Gouverneur de Province a, sans preuve, incriminé la Société Civile
en alléguant la signature par celle-ci de l'Accord de Sun City. Le rapport
 > entre ces deux faits est difficile à établir. On se souviendra que le
même Gouverneur avait fait disperser la restitution des résolutions adoptées
à
 > Sun City dans le cadre des droits de l'homme qu'avait organisée la
MONUC. Il faut aussi dire qu'un Symposium International pour la Paix en
Afrique
 (SIPA) sera organisé par les Eglises et la Société Civile à Kisangani du
23 au 26 mai 2002 sans omettre la restitution de la Société Civile de la
Province
 > Orientale des travaux de Sun City après le retour des délégués de
Kisangani.
 Toutes ces rencontres inquiètent l'autorité du R.C.D. pour la mobilisation
de la population qu'elles vont drainer.
 - Après la signature de l'Accord de Sun City, le R.C.D. se sentant isolé a
intérêt à peaufiner des stratagèmes de nature à le remettre en position de
 > négocier avec la coalition Kinshasa - Gbadolite et de faire pression sur
le Conseil de Sécurité.
 > - Les autorités centrales du R.C.D. ont vite fait de mettre sur le
compte de Kinshasa la mutinerie et ce pour confirmer ce que les mutins
avaient
 annoncé sur les ondes.
 > - Le R.C.D. n'a jamais réellement voulu démilitariser la ville de
Kisangani comme le stipule la résolution 1304 du Conseil de Sécurité. Une
tension du
 > genre de la mutinerie était la bienvenue pour différer l'exécution de
cette résolution et sur-militariser la ville de Kisangani comme elle l'est
 depuis hier.
 >
 >
 > III. RECOMMANDATIONS
 >
 > A la lumière de ce qui précède, le Réseau droits Humains condamne l'
incitation à la haine, à la xénophobie et au meurtre contre les rwandais
 et demande au R.C.D. ce qui suit :
 >
 > - De traduire devant des juridictions responsables tous les mutins
arrêtés et leurs complices pour faire la lumière sur ce qui s'est passé le
14 mai
 > 2002 ;
 - De mettre un terme à toutes les exactions qu'il fait subir aux
populations civiles innocentes de Kisangani et de restituer, sans délai,
tous les
 biens pillés par ses militaires à leurs propriétaires.
 > - De respecter les libertés d'association et des réunions telles que
reprise dans les différents instruments des droits de l'homme. Le R.C.D.
sera
 > responsable de tout ce qui peut arriver aux acteurs de la Société Civile
que le Gouverneur de Province accuse d'avoir ourdi des troubles de
Kisangani.
 > - De continuer à lutter par des voies diplomatiques et politiques pour
amener Kinshasa et Gbadolite à un compromis politique global pour la
 > restauration de la paix et l'intégrité territoriale de la R.D.Congo.
 >

 > Fait à Kisangani, le 15 mai 2002.
 >
 > Pour le Réseau,
 >
 > 1. Amis de Nelson Mandela : Gilbert LOYA
 >
 > 2. Groupe Justice et Libération : François ZOKA
 >
 > 3. Groupe LOTUS  : Dismas KITENGE





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