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Justice et Libération : réflexion sur les accords conclus à Sun City
- Subject: Justice et Libération : réflexion sur les accords conclus à Sun City
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- Date: Mon, 6 May 2002 15:14:09 +0200
==================================================== source: Groupe Justice et Libération - Kisangani ==================================================== Groupe Justice et Libération Association chrétienne de défense des droits de l'homme Av. Major Vangu, N° 9, Commune de la Makiso, Kisangani (RDC) Tél. 00873.762.014.330, Fax 00873.762.014.332 POUR LA POURSUITE DU DIALOGUE INTERCONGOLAIS: REFLEXIONS SUR LES ACCORDS CONCLUS EN MARGE DES TRAVAUXIntroduction
La clôture du Dialogue Inter-Congolais ( DIC) dont les travaux se sont déroulés à Sun City, en Afrique du sud, a donné lieu à des réactions très diverses, les unes proclamant son échec à cause de l'absence d'un compromis politique global et les autres clamant sa réussite au regard de l'accord partiel de la gestion de la transition conclu entre le Gouvernement de Kinshasa et le Mouvement de Libération du Congo (MLC) Le Groupe Justice et Libération, une association chrétienne de défense des droits de l'homme basée à Kisangani, qui milite en faveur de la résolution pacifique de la crise congolaise à travers les négociations politiques prévues par l'Accord de Lusaka, donne, à travers les lignes qui suivent, son point de vue Objectifs du dialogue inter congolais Le Dialogue inter-congolais est le volet politique de l'Accord de Lusaka signé en 1999 par les protagonistes de la crise congolaise. Il figure au chapitre 5 de cet accord qui a longtemps battu de l'aile avant d'être effectif à partir du 25 février dernier. Les objectifs principaux du DIC sont les suivants: - Mettre fin à la guerre ; - Pacifier et sécuriser l'ensemble du territoire national ; - Rétablir l'autorité de l'État sur l'ensemble du territoire national ; - Mettre sur pied, de manière consensuelle, des nouvelles institutions et les doter de nouveaux animateurs pendant la période de transition devant conduire le pays à des élections libres, démocratiques et transparentes ;- S'accorder sur le retrait ordonné de toutes les troupes étrangères.
C'est en fonction de ces objectifs que l'on peut raisonnablement émettre un point de vue sur l'issue du DIC tout en sachant que le mode de prise des décisions convenu pour ces négociations est le consensus. Clôture du dialogue Après 52 jours de travaux, les participants au DIC n'ont pas abouti à un accord politique qui aurait permis de gérer, de manière collégiale, la transition en vue de préparer les conditions des élections libres, démocratiques et transparentes pour les nouvelles institutions de latroisième République.
Les discussions ont achoppé sur le nouvel ordre institutionnel et ses différents animateurs. Comme pour sauver le dialogue, le Président Thabo Mbeki, hôte de ces assises, a présenté deux schémas des institutions de la transition. Le premier scénario prévoyait une présidence, cinq vices présidences, l'assemblée nationale et les cours et tribunaux. Ces postes étaient confiés respectivement au gouvernement, aux belligérants et aux partis politiques non armés. Ce schéma a été rejeté par toutes les composantes à cause de la non clarification des attributions de chaque vice-présidence. Ainsi, sur base des amendements des participants, le Président Thabo Mbeki a proposé la deuxième mouture qui prévoyait la présidence à confier au Gouvernement, la première vice-présidence à occuper par le Rassemblement congolais pour la Démocratie (RCD) avec les charges de la défense, de l'intérieur et de la sécurité ainsi que de l'organisation des élections, la deuxième vice-présidence reviendrait au <I>Mouvement de Libération du Congo (MLC) avec les portefeuilles de l'économie, des finances et de la reconstruction. Jusqu'au denier jour, un consensus n'a pas pu être dégagé sur ce deuxième plan. L'accord-cadre entre le Gouvernement et le MlC Cependant, lors de la dernière plénière, le Gouvernement et le MLC ont annoncé qu'ils ont signé un accord-cadre pour la gestion de la transition en invitant les autres composantes à se joindre à eux sans avoir préalablement soumis cet accord à la discussion de la plénière. Cet accord , qui a été signé, en dehors de la plénière, par toutes les composantes sauf le RCD et certains partis politique non armés dont l'UDPS, le PALU et le FONUS, confiait la Présidence au Gouvernement avec Monsieur Joseph Kabila comme Président, réservait la primature au MLC avec Monsieur Jean Pierre Bemba comme Premier Ministre, donnait l'Assemblée Nationale au RCD, le Sénat aux partis politiques non armés tandis que la Société Civile devrait diriger les institutions citoyennes d'appui et d'accompagnement de la démocratie. Il y a lieu de noter que le dialogue, en sa plénière du 19 avril, avait décidé par consensus, de constituer un comité de suivi chargé de poursuivre les concertations pour parachever le travail commencé. Chaque composante devrait designer 5 personnes pour la formation de ce comité. Le Gouvernement et le MLC ont boudé cette decision L'alliance pour la sauvegarde du Dialogue inter-congolais La clôture du DIC par la signature d'un compromis politique entre le Gouvernement de Kinshasa et le Mouvement de Libération du Congo MLC a suscité des réactions très diverses au sein de la population congolaise. Si les uns s'en prévalent puisque signé par " la majorité des composantes " et jouissant de l'appui de la population, les autres le dénoncent comme étant contraire à la lettre et à l'esprit des l'Accord de Lusaka et du consensus, mode déterminé pour la prise des décisions de ces négociations politiques. Et ainsi, comme pour contrer cet accord-cadre entre le Gouvernement et le MLC, il vient d'être créé une alliance pour la sauvegarde du dialogue (ASD) dont les membres sont le RCD, l'UDPS et quatre autres partis politiques. La présidence de cette alliance dont le siège projeté est la ville de Kisangani est confiée à Monsieur Etienne Tshisekedi, épaulé par deux vices présidents, le premier chargé des ressources matérielles (Monsieur Katebe Katoto) et le second ayant la charge des ressources humaines ( Monsieur Adolphe Onusumba du RCD). La coordination, avec des secrétaires nationaux, ayant en charge chacun, un portefeuille de responsabilité, est confiée à Maître Azarias Ruberwa du RCD. Analyse L'accord-cadre entre Kinshasa et Gbadolite est à la fois une chance et un risque. La chance réside dans la bipolarisation de la discussion politique entre deux centres, ce qui réduit le champ de divergence et évite l'éparpillement de nombreuses revendications et ambitions. Il se dessine donc, en perspective, une nouvelle configuration des alliances dont la survie est fonction de la sincérité des uns et des autres Comme tout le monde est acquis à l'idée de poursuivre les contacts pour résorber les divergences non encore aplanies sur le nouvel ordre politique, le texte de cet accord peut servir d'instrument de travail pourvu que les uns et les autres jouent franchement le jeu en se remémorant que la gestion de la transition doit être consensuelle et aider à préparer les élections libres pour la démocratisation du pays Il est également avancé que cet accord s'inscrit dans les efforts de vrais patriotes pour sauver la nation en péril. Cet argument ne peut convaincre que dans la mesure où se matérialise la volonté annoncée par Kinshasa et Gbadolite de rapprocher les non-signataires de ce compromis que tout le monde a qualifié à juste titre de partiel. En d'autres termes, toutes les parties reconnaissent qu'un accord global n'est pas encore conclu. Donc des mécanismes plus souples et plus réalistes devraient être mis en place pour parachever les négociations. D'autre part, il est à craindre la radicalisation des positions des deux centres d'impulsion politique qui, à défaut de patience, relanceraient la guerre qui, cette fois, fera encore plus de victimes aussi bien directes qu'indirectes. En effet, la recomposition du territoire national occupé par la coalition Gouvernement - MLC est telle que les affrontements risquent de mettre en étau certaines parties de la République telle que Kisangani et Goma, condamnant ainsi les populations à une situation humanitaire de plus précaire. Ce risque n'est pas à négliger étant donné l'agenda caché des troupes étrangères qui opèrent au Congo et la vénalité des politiciens congolais. En tout état de cause, l'on ne peut s'empêcher de dénoncer cet accord, qui non seulement n'a pas été soumis à la plénière pour obtenir son consensus mais aussi ne répond pas aux objectifs du dialogue. Il est aussi allégué que cet accord a été signé par la majorité des composantes. Les composantes et les entités assimilées qui ont pris part au DIC sont au nombre de huit. Chaque composante et entité était représentée par une personne habilitée à l'engager juridiquement. En termes clairs, un document accepté par tous devrait revêtir huit signatures. Or, l'accord-cadre a recueilli plus de quatrevingt signatures. Si, dans l'hypothèse du respect de l'alliance Kinshasa - Gbadolite, la paix peut régner dans les territoires que contrôlent ces deux forces, pourquoi les Congolais des autres territoires n'ont pas droit de vivre aussi à l'abri des armes ? L'alliance pour la sauvegarde du dialogue comme plate-forme devant servir aux signataires de faire pression pour la poursuite du dialogue pour en atteindre les objectifs est une alternative qui ne devrait pas inquiéter outre mesure. Néanmoins, la forme qu'elle a prise avec des postes ministériels risque de confirmer et de conforter ceux qui caressent le projet mirobolant de balkaniser le pays. Or de cette balkanisation, le peuple congolais dans son ensemble n'en veut pas. Que cette alliance, faute de patience, recourt aux armes pour obtenir ce qu'elle cherche, installera, dans notre pays, la conviction que le pouvoir est au bout du canon. Ceci éloignera davantage les populations à exercer leur libre choix des personnes et des institutions pour la gestion démocratique du pays. L'UDPS, qui a été longtemps le chantre de la non violence, en sortira très amoindrie. L'ASD, en s'installant à Kisangani, y- a-t-il lieu de parler de dédoublement des institutions ? Le Gouvernement de Kinshasa, tout en ayant une reconnaissance internationale, n'est pas légitime. ==================================================== Servizio informazioni CongosolLe materiel contenu dans ce communique' ne reflet pas forcement les points de vue du Service. Devant la necessite' de vous offrir rapidement ces informations, le Service prend le parti de n'etre pas toujours en mesure de les verifier, et ne saurait etre tenu responsable de la precision des sources originales.
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